Pep Guardiola et Aliou Cissé possèdent bien un point commun : Tous les deux ne font pas de la fonction de sélectionneur une affaire d’argent. En 2012, l’actuel entraîneur du Bayern Munich était prêt à prendre en charge gratuitement la sélection du Brésil. La Fédération avait décliné la généreuse proposition, refusant de confier la Seleçao entre les mains d’un étranger. Pour son pays, Aliou Cissé consent à peu près au même sacrifice, malgré ce que stipule son contrat.
Plus de quatre mois après sa nomination au poste de sélectionneur du Sénégal, le technicien n’a toujours pas perçu le moindre salaire. Alors que cette situation fait les choux gras de la presse locale, l’ancien capitaine des Lions de la Teranga n’entend pas entrer dans une logique de conflit et préfère jouer la carte de l’apaisement. « Le débat sur le salaire n’est pas ma priorité« , fait-il savoir depuis un post sur sa page Facebook.
Ibenge, l’exemplaire
« J’ai des défis plus importants à relever. Donner au peuple le plaisir de croire en son équipe nationale. Je n’ai jamais rien réclamé et je ne réclame rien« , assure l’ancien Parisien. « Contrairement à ce qu’on peut laisser croire, je suis concentré sur les prochaines échéances. Pour le moment c’est cela mon combat aux côtés de la Fédération et avec le public. Vive le Sénégal mon très cher pays. » Interpellée sur cette question, la Fédération sénégalaise botte en touche, renvoyant l’affaire du paiement à l’échelon supérieur, à savoir au niveau du ministère des Sports.
Il semble que les fédérations africaines (et les gouvernements) se permettent bien des écarts lorsqu’un technicien local est en poste. Demandez à Florent Ibenge. A la tête de la RD Congo depuis près d’un an, celui qui est également entraîneur de l’AS Vita Club a dû patienter jusqu’à février 2015 et une médaille de bronze décrochée à la CAN pour que le gouvernement consente à lui verser ses premiers salaires. Pourtant, malgré les promesses du ministère des Sports, le sélectionneur des Léopards a toujours des arriérés de paiement.
Le précédent Giresse
« On sait qu’il n’a pas reçu tous ses salaires. Ce n’est pas normal« , a grondé le capitaine Youssuf Mulumbu en début de mois. « La Fédération congolaise et le gouvernement doivent prendre leurs responsabilités. Patrice Neveu ou Claude Le Roy, qui ont entraîné la RDC, avaient des salaires plus importants que celui d’Ibenge, et je n’ai jamais entendu dire qu’ils avaient plusieurs mois de retard dans le versement des salaires. Pourquoi se comporte-t-on ainsi avec lui ? »
Si les sélectionneurs venus d’Europe sont moins touchés que leurs collègues locaux, ils n’en sont pas moins victimes du manque de sérieux des autorités locales. Bien avant le parcours étoilé des Eléphants à la CAN 2015, Hervé Renard avait publiquement taclé la Fédération ivoirienne pour un « manque de confiance » à son égard. L’ancien sélectionneur de la Selefanto s’étonnait notamment que le logement de fonctions qui lui avait été promis ne soittoujours pas mis à sa disposition quatre mois après sa nomination.
Aliou Cissé n’est peut-être pas au bout de ses peines. En 2013, Alain Giresse, son prédécesseur, avait dû attendre plus de six mois avant de toucher ses premiers salaires. Les mauvaises habitudes ont la vie dure…
Source: Afrik