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Aliou Badra Nanacassé sur la grève des magistrats : « La grève des magistrats est suspendue jusqu’à nouvel ordre »

Suite à l’assemblée générale des magistrats tenue le jeudi dernier, les magistrats ont levé leur mot d’ordre grève. Pour en savoir, nous avons approché le président du Syndicat autonome de la magistrature, Aliou Badra Nanacasse. Il nous parle de l’accord. Voici sa réaction.

Monsieur le président, vous étiez en assemblée générale tout à l’heure, est-ce qu’on peut savoir ce qui ressorti de cette rencontre?

Aujourd’hui on a convoqué l’ensemble des magistrats de la République pour faire l’évaluation de notre mouvement de grève que nous avons commencé il y a aujourd’hui 100 jours et on a fait le point de nos démarches, on a fait le point de ce qu’on a obtenu et ce qu’on a pas obtenu et on leurs (magistrats) a invité à se prononcer à la suspension éventuelle du mot d’ordre de grève. Les magistrats ont donc décidé à l’unanimité de suspendre le mot d’ordre de grève à compter de ce jour jusqu’à nouvel ordre.

Et qu’est-ce que vous avez obtenu et qu’est-ce que vous n’avez pas obtenu?

Sur les deux points de revendication, le premier point, c’était les mesures sécuritaires et le second point était la relecture du statut de la magistrature avec une nouvelle grille salariale. Donc sur le premier point, nous sommes d’accord avec le gouvernement, nous avons fait des propositions  du déploiement des forces de sécurité, le gouvernement après examen a donné son accord de principe. On a finalisé le tout dans un document qui sera signé par les deux parties aujourd’hui ou demain (Jeudi ou Vendredi dernier). Donc, il y a accord total sur ce premier point.

Sur le second point, on ne peut pas dire qu’il y a eu d’accord mais, c’est vrai qu’on n’a pas donné suite à notre demande conformément à l’accord qui existe déjà entre nous mais il y a  un engagement du président de la République à  se pencher sur la question salariale des magistrats lors d’un dialogue qui sera organisé par le Premier ministre et là il nous a demandé de lui faire confiance et qu’il aura une attention particulière pour la magistrature. Donc, c’est une main tendue qu’on n’a pas refusé, donc on a dit qu’on va faire confiance au président de la République, car nous estimons que l’engagement d’un président de la République vaut mieux qu’un accord signé même avec le gouvernement. Donc c’est sur ces bases, certes, on ne peut pas parler d’un chèque mais c’est un demi-succès pour nous. On va attendre jusqu’à ce que le président soit dans des bonnes dispositions pour nous satisfaire, dans l’ensemble nous, nous sommes moralement satisfaits car nous avons pu résister à toutes les tentatives de sabotage de notre mouvement et nous avons su donner le message qu’il faut au peuple malien pour que chacun se rende compte de la place d’un juge dans une république. Tout le monde a compris que sans la justice, tout s’arrête. Tout est lié à ça, la liberté des droits de l’Homme, la quiétude etc… car le juge est régulateur de tout. Les opérateurs économiques ont compris et que sans la justice les bailleurs de fonds n’envoient pas un rond à l’Etat parce tout simplement on n’a pas confiance à un État sans justice.

Vous aviez un malentendu avec la Cour Suprême, où en sommes-nous aujourd’hui?

Nous n’avions pas un malentendu avec la Cour Suprême mais avec le président de la Cour Suprême, qui avait été consulté par le Premier ministre sur la légalité de la grève. La loi portant création de la Cour Suprême et les règles de fonctionnement interdisent au Premier ministre de recourir à des telles consultations. Si le Premier ministre veut consulter la Cour Suprême, c’est uniquement pour des projets de loi ou des décrets, pas plus.  En allant demander l’avis de la Cour Suprême sur la grève, le président de cette institution devrait tout simplement dire au Premier ministre que sa demande est irrecevable et c’est ce qu’il n’a pas pu faire, il a failli sur ce point, donc il a fait plaisir à un homme au détriment de sa procuration. Pour nous, il est donc responsable de l’ensemble des désagréments occasionnés au sein de la justice malienne ces derniers temps.

Vous demandez toujours sa démission?

Nous, on l’a dit et on ne revient pas là-dessus, c’est à lui de prendre la mesure de l’acte qu’il a posé, certes, on ne revient pas sur ce qu’on a dit, vous savez que dans le temps on avait même demandé la démission du Premier ministre mais aujourd’hui on le reçoit, on est avec lui, de même avec le ministre de la Justice. Nous, on a du respect pour l’ensemble des chefs des institutions, et nous même nous les appelons au respect de toutes les institutions et de leurs agents. Lui, il a violé la loi c’est de ça il s’agit pas pour sa personne mais pour la faute commise.

Quel est votre dernier message M. le président?

Le message c’est de vous féliciter, vous les journalistes qui sont toujours là pour véhiculer le bon message. Mais aussi j’ai un message particulier à l’endroit de la population qui a dû souffrir du fait de cette grève, mais ce n’est pas pour rien que nous sommes en grève depuis plus de 100 jours. C’est parce que de l’autre côté, on n’avait pas  une oreille attentive pour nous écouter. Aujourd’hui, Dieu merci, le gouvernement a fini par nous comprendre et a pris la bonne décision qui est le dialogue.

AK

La Sirène

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