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Algérie : la situation politique en six questions

Dans un discours face aux députés de son parti, le secrétaire général du FLN Djamel Ould Abbès a affirmé dimanche 28 octobre qu’Abdelaziz Bouteflika serait le candidat du FLN lors de la prochaine élection présidentielle d’avril 2019. À six mois de cette échéance, RFI dresse un panorama de la situation politique en Algérie.

► Que signifie une nouvelle candidature de Bouteflika ?

Le président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, a le droit de se présenter une nouvelle fois, selon la Constitution qui a été révisée en 2016. Le texte avait déjà été modifié en 2008, ce qui avait permis à Abdelaziz Bouteflika de briguer un 3e et un 4e mandat. Cette annonce montre tout d’abord que la question de sa succession n’a toujours pas été réglée. Faute de candidat, les proches du président soulignent régulièrement que son bilan et très positif et préparent l’opinion à l’éventualité d’un cinquième mandat.

► Pourquoi n’a-t-il pas annoncé sa candidature lui-même ?

Le président algérien n’a pris la parole en public qu’une fois depuis son accident vasculaire cérébral en 2013. C’était lors de la prestation de serment après sa réélection en 2014. Comme en 2014, l’annonce a été faite par ceux qui le soutiennent, car ce sont eux qui vont animer la campagne électorale si le président officialise sa candidature.

Djamel Ould Abbès, le secrétaire général du FLN, le parti historique et majoritaire, a toujours exprimé son soutien au président. Il affirme régulièrement que l’état de santé du président est bon, il s’attache à répéter que le bilan d’Abdelaziz Bouteflika est positif pour le pays et il avait déclaré notamment que le président dirigeait le pays « comme un maestro ». Ces déclarations vont de pair avec d’autres déclarations de soutien d’organisations proches du pouvoir comme la centrale syndicale l’UGTA ou les patrons du FCE avec à leur tête Ali Haddad.

► L’opposition est-elle unie et a-t-elle des figures fortes pour avoir un candidat ?

L’opposition est affaiblie. D’abord, les partis politiques traditionnels d’opposition, le FFS et le RCD font face à de profondes divisions internes. Ensuite, l’alliance qui s’était mise en place pour s’opposer au quatrième mandat rassemblant, entre autres, des partis islamistes, dont celui de Abderrazak Makri, l’ancien chef de gouvernement Ali Benflis et des universitaires semble avoir implosé.

Aujourd’hui, Ali Benflis, bien que président du jeune parti Talaie el Hourriat, n’a que très peu d’audience. Il en est de même pour Soufiane Djilali, président de Jil Jadid, qui a pourtant intégré la coalition Mouwatana, seule organisation qui a dénoncé publiquement l’éventualité d’un cinquième mandat, lors de rassemblements publics.

► On parle de « guerre des clans », qu’est ce que cela veut dire ?

Traditionnellement, dans l’Algérie indépendante, plusieurs groupes d’intérêts différents se sont opposés lorsqu’il s’agissait de choisir qui obtiendrait le pouvoir. On distingue habituellement trois groupes : l’armée, les services de sécurité et la présidence. Mais ces limites ont été bouleversées par une série de décisions prises ces dernières années. Les services de sécurité sont, selon les textes, désormais sous le contrôle de la présidence.

En revanche, l’opposition entre différents groupes a été rendue visible par deux événements principaux. D’abord, à l’été 2017, le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune est démis de ses fonctions à peine trois mois après son arrivée : il avait annoncé une série de mesures visant de grands patrons. « La vision du Premier ministre ne cadrait pas avec la vision du président », avait alors expliqué à l’AFP une source gouvernementale. Le deuxième épisode a lieu à l’été 2018, lors de la découverte de sept tonnes de cocaïne dans un navire au large d’Oran. Dans les semaines qui ont suivi, de hauts responsables militaires et sécuritaires ont été démis de leurs fonctions, sur fond de lutte contre la corruption.

Aujourd’hui, selon le journaliste et écrivain Hocine Belalloufi, il existe une division qui peut donner lieu à cette lutte entre groupes d’intérêts différents : « il y a ceux qui veulent se diriger vers plus de libéralisme économique, et ceci rapidement, et ceux qui veulent plus de libéralisme, mais souhaitent le mettre en place plus lentement ».

► Quel est le rôle de l’armée ?

Dans l’histoire de l’Algérie, l’armée a toujours eu un rôle important. L’armée d’aujourd’hui est l’héritière de l’organisation armée qui a combattu l’armée française lors de la guerre d’indépendance. En janvier 1992, l’interruption du processus électoral a été décidée après une réunion des officiers de l’armée. Aujourd’hui, le président de la République assume les responsabilités de ministre de la Défense et le général-major Ahmed Gaïd Salah est réputé proche du président Abdelaziz Bouteflika.

Mais, après plusieurs appels publics pour que l’armée joue un rôle dans la situation politique actuelle, Ahmed Gaïd Salah a répondu au mois de juillet dernier qu’il n’en était pas question : « l’Armée nationale et populaire est une armée qui agit dans le cadre de ses prérogatives constitutionnelles et qui ne peut en aucun être entraînée dans des luttes partisanes et politiques et s’impliquer dans des conflits stériles ».

► Que pensent les Algériens d’un cinquième mandat ?

Il existe en Algérie un soutien populaire important pour le président Abdelaziz Bouteflika, qui représente un retour à la sécurité et une amélioration des conditions de vie, notamment grâce au développement des infrastructures et des logements. Il y a également de nombreux Algériens qui s’opposaient au quatrième mandat et qui déplorent l’appel à un cinquième mandat.

Cependant, contrairement aux partisans du président qui peuvent très impliqués dans différentes organisations, ses détracteurs, eux, s’éloignent des partis politiques. Les institutions politiques, le Parlement ou les partis sont illégitimes aux yeux d’une partie de la population. S’il existe une opposition populaire, la défiance vis-à-vis du « politique » et la fragilité de la société civile la rendent moins audible.

RFI

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