Cette menace sur l’Accord d’Alger, paraphé le 20 juin à Bamako, fait suite à une succession d’attentats terroristes contre des convois et des positions de la Minusma. Il y a eu également des accrochages très violents entre les éléments de la CMA et ceux du Gatia qui se sont soldés à Kidal et à Gao par près d’une vingtaine de morts. Le chef de la mission onusienne, le Tunisien Monji Hamdi, s’était alors dépêché la semaine dernière à Alger pour examiner cet inquiétant rebondissement avec Ramtane Lamamra. Il avait dénoncé ceux qui veulent bloquer l’application de l’accord. Mais sur le terrain, les mises en garde du chef de la Minusma n’ont eu aucun effet puisque le blocage persiste à Bamako et la tension est maîtresse des lieux au Nord.
Travail de sape
En sa qualité de chef de file de la médiation internationale, l’Algérie se devait donc de faire en sorte de sauver l’accord. C’est dans cette perspective que le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, est arrivé hier en Algérie à l’invitation de son homologue Abdelaziz Bouteflika. Derrière la formule protocolaire de «visite de travail et d’amitié de trois jours», l’enjeu en réalité de trouver illico presto une issue à la nouvelle impasse au Mali née des guéguerres entre groupes rivaux. Il suffit en effet d’une courte baisse de vigilance pour que l’Accord d’Alger, laborieusement signé, parte en vrille.
Profondeur stratégique
Plus qu’aucun autre partenaire de la région et d’ailleurs, l’Algérie est la mieux placée pour réconcilier les frères ennemis et remettre l’Accord sur les rails. Aussi, et compte tenu du fait que le nord du Mali soit sa profondeur stratégique, l’Algérie est tenue de jouer et de réussir les bons offices. C’est donc naturellement que la France via Laurent Fabius se fende d’une déclaration aussi reconnaissante. «Nous avons soutenu les efforts de paix entre le gouvernement et les groupes du Nord, qui ont abouti, avec l’appui talentueux de la médiation algérienne, à l’Accord de juin 2015», a-t-il affirmé hier dans un discours prononcé à la clôture de la semaine des ambassadeurs.
Concrètement, l’Algérie devra donc réussir une deuxième fois à ramener la CMA à de meilleurs sentiments après l’avoir emmenée une première fois à signer l’accord le 20 juin. Une mission aussi difficile que délicate compte tenu du travail de sape auquel se livrent certains groupes armés au Nord liés au gouvernement de Bamako. Mais ce soutien franc, engagé, réitéré par la France est de nature à l’aider dans sa mission, connaissant la sensibilité de certains milieux au Mali à tout ce qui vient de l’ancienne puissance coloniale et désormais de l’armée qui a empêché les terroristes du Mujao et d’Ansar Dine de foncer vers le Sud grâce à l’opération Serval. L’Algérie va aussi charger le président Keita d’user de son influence pour calmer ses troupes et ses auxiliaires…
Hassan Moali
Source : letempsdz