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Al Mourabitoune : les princes trafiquants-jihadistes vénèrent le dieu de l’argent

Enracinés au nord du Mali, les leaders de l’organisation islamiste Al Mourabitoune utilisent des sociétés fictives pour renflouer leurs caisses, tout en exploitant leurs membres et les honnêtes commerçants. Ils contraignent aussi des sociétés commerciales et immobilières à leur reverser tous les bénéfices. Au nom du jihad, quelques patrons d’entreprises s’y soumettent volontiers, mais tous les autres obéissent sous la menace.

 

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Vers Gao, Ansongo et Ménaka, des témoignages confirment que les terroristes ont réussi à infiltrer des ONG et des associations caritives, œuvrant dans les domaines de l’éducation, de la santé, des télécommunications et du bâtiment. A la tête du blanchiment d’argent des réseaux mafieux, Adnan Abou Walid Sahraoui, le responsable financier du mouvement islamiste, créé par le défunt émir Abou Bakhr Al Misri. Près de 10% des fonds ainsi récoltés alimentent les projets de nouvelles actions terroristes, entretiennent les combattants, assurent les besoins logistiques (armes, véhicules et moyens de communication) et remplissent les poches des chefs.

Abou Walid met son intelligence au profit du mal et de la destruction du Mali. Profitant des imperfections des moyens de contrôle de l’Etat pour immatriculer les entreprises, il fragilise davantage les affaires des honnêtes commerçants maliens. Comment récupère-t-il les bénéfices des entreprises ? Il les obtient à partir de marchandises sous-facturées, revendues à des prix gonflés, soit localement soit  en les exportant vers un pays tiers. Les acteurs de la combine sont des membres du groupe islamiste, installés sur tout le territoire malien, dans  les pays voisins ou à l’étranger, en particulier au Moyen-Orient. Des arrestations par les services de sécurité aux frontières montrent que les transferts d’argent se font en liquide, quand les montants sont trop suspicieux. Les interrogatoires de jihadistes arrêtés confirment l’implication d’entreprises de télécommunication. En plus des bénéfices reversés pour soutenir les activités criminelles, des patrons leur fournissent des cartes SIM pré-enregistrées et des téléphones mobiles, pour qu’ils échappent à toute détection ou arrestation.

Les sociétés immobilières servent à blanchir l’argent du trafic des stupéfiants. Un grand changement s’est opéré ces dernières années : plus de la majorité de la drogue, qui transite au Sahel et en particulier au Mali, n’appartient plus aux trafiquants sud-américains. Les islamistes se chargent eux-mêmes de la sécurité des convois dans leur intégralité, devenant ainsi des donneurs d’ordres. Leur autonomie provient d’un combat « déloyal » : AQMI et le MUJAO se sont rapidement alliés pour se débarrasser de leurs anciens associés. Dès 2010, ils ont notamment fait tomber le chef de bande du « Consortium espagnol d’investissement », le PDG Miguel Angel Devesa. Ce prétendu acteur de développement et investisseur dans des logements sociaux alimentés par l’énergie solaire, faisait transiter la drogue depuis l’Amérique du sud vers Bamako, puis de Bamako vers l’Europe.

Les temps changent. La période dorée des chefs « mafioso-terroristes » est sur le point de se terminer. Ils tombent les uns après les autres et ce crépuscule annoncé préfigure peut-être une aube nouvelle pour la région.

 

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