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Aïd El kébir : SOLIDARITE DE FEMME

Les épouses ne manquent pas de stratégie pour atténuer les dépenses et passer une bonne fête

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La communauté musulmane malienne célébrera la fête de Tabaski ou l’Aïd El Kebir dimanche prochain. Parmi les charges incontournables relatives à cette fête figurent l’achat du mouton, des habits neufs pour les enfants, les condiments du repas de fête. Cette année, la grande fête communément appelée fête de mouton survient dans un contexte particulier que vit notre pays depuis trois ans. Nul besoin de rappeler encore les conséquences de la crise multidimensionnelle qui a secoué le Mali et a donné un coup de frein à l’économie nationale. Le pouvoir d’achat des Maliens est réduit. Les choses sont plus compliquées cette année pour des milliers de musulmans qui doivent faire face aux dépenses de la rentrée scolaire. Pour ne rien arranger on assiste impuissant à une flambée des prix des denrées de première nécessité et des condiments. Que dire du « mouton roi » de la fête. L’animal fétiche suscite toutes sortes de spéculations. Du coup, entre la hantise de faire face aux deux dépenses obligatoires de la rentrée scolaire et de la tabaski, rares sont les chefs de famille dont le sommeil n’est pas perturbé en cette période de vaches maigres. La solidarité du couple réussit des prouesses dans les périodes difficiles. Les épouses ne manquent pas de stratégie pour atténuer les dépenses et passer une bonne fête sans heurt et dans des bonnes conditions. Elles ont été nombreuses à proposer par avance que la solution serait de préparer l’avènement du ramadan. Elles ont convaincu leurs époux à épargner pendant des mois pour faire face aux charges du mois sacré. Ces femmes stratèges aident toujours leurs conjoints à franchir l’esprit serein et le cœur paisible, la barrière des dépenses de la fête de tabaski et de la rentrée scolaire. Cette année contrairement aux autres années l’approvisionnement des marchés, l’embonpoint des bêtes séduit la clientèle et les prix de vente sont relativement abordables. (Voir l’Essor du mardi 30 septembre 2014). Malgré cette tendance favorable les chefs de famille ne se bousculent pas sur les aires de vente pour se procurer le précieux symbole de la fête : le mouton. Bravo aux épouses ingénieuses qui trouvent la solution au casse-tête des époux. Les approches sont différentes, mais les imaginatives conjointes ont allégé les dépenses familiales par rapport à la fête et à la rentrée des classes. Certaines maîtresses de maison ont accepté de nous parler de leur expérience. Des épouses exemplaires. En épouses averties de nombreuses bamakoises aident les conjoints à faire face aux dépenses de la fête et de la rentrée scolaireMme Oumou Berthé a porté assistance à son mari en cette période de fête et de grandes dépenses. Elle est mère de quatre enfants, tous inscrits à l’école. Consciente des autres dépenses liées à la fête, elle a décidé de prêter main forte à son époux. En épouse modèle elle savait qu’elle devait trouver une bonne approche pour ne pas frustrer son conjoint. Ainsi notre interlocutrice a pris en charge tous les frais de la scolarité de sa progéniture. Elle se rappelle des bénédictions que son époux a égrenées quand elle lui a annoncé la bonne nouvelle. Le soulagement de l’homme se lisait sur son visage qui passa de la mine sombre au sourire épanoui. Ne dit-on pas dans nos familles que la baraka se mérite ? La Malienne bien éduquée avait attendu le soir après le dîner pour présenter les reçus et les fournitures scolaires de leurs quatre enfants. « Il m’a longuement regardé et a lancé un grand « merci ! ». Je me souviens encore de cette phrase qu’il a lâché : tu ne sais pas à quel point tu m’as apaisé. Dieu est mon témoin», explique Oumou. Comme cette épouse exemplaire, Mme Coulibaly Fanta est allée plus loin. Elle a donné l’argent du mouton de la fête à son époux. Contrairement aux autres années son mari tardait à rentrer à la maison. Il se glissait sans bruit dans la concession sans le mouton malgré les sollicitations accrues des enfants. « Je savais que ce n’était pas dans son habitude d’attendre la dernière minute pour acheter le mouton de la fête. Je le sentais un peu distant et préoccupé », se rappelle Fanta. En bonne musulmane elle a tendu une nuit une enveloppe à son époux. Le pli contenait le prix du mouton. « Je lui ai fait comprendre que les temps sont durs et qu’il faut s’entraider entre époux. Cette somme que j’ai volontairement mise à sa disposition lui permettra de s’acquitter de son devoir religieux. Ma famille allait fêter dans la gaité et la joie » souligne-t-elle. Surpris par le geste de sa femme, le mari avait proposé à Fanta d’aller elle même acheter le mouton. En épouse avertie elle déclina cette offre en prétextant que c’est le devoir du chef de famille de revenir à la maison en traînant le mouton. « Je lui ai expliqué que l’argent que je viens de lui remettre est ma contribution pour faire face aux dépenses de la fête et de la rentrée scolaire. En aucun cas il ne devait se sentir gêné. Je suis dans mon rôle d’épouse et de mère » a conclu Fanta souriante. Mme Sanogo Awa Djiteye, fait des petits commerces. Son époux est un enseignant du premier cycle. Le couple a cinq enfants en âge d’aller à l’école. Chaque année le mari de notre commerçante s’endette pour pouvoir offrir le mouton de la fête à sa famille. Cette année les syndicalistes de leur école ont dérogé à la règle de fournir à crédit le mouton. Du coup notre enseignant devait trouver une autre stratégie en cette période de temps dur. Contrarié et ne sachant pas à quel saint se vouer, l’enseignant a expliqué la nouvelle donne à sa femme. Awa dans un premier temps avait conseillé de se concentrer sur les dépenses de la rentrée scolaire. « J’avais ma petite idée pour avoir le mouton de la fête » dit-elle. Notre commerçante avait mis de côté ses bénéfices. Elle les remettra à son mari pour acheter le mouton de la fête. En plus Awa a demandé à son mari de ne pas acheter les habits neufs de fête que pour leurs deux plus jeunes enfants. La religion autorise-t-elle la femme à acheter le mouton de la fête de tabaski? Le prêcheur Boubacar Keïta répond sans équivoque par l’affirmative. Selon lui il n’ y a rien de mal si une épouse décide d’aider son mari en achetant le mouton deTabaski. L’érudit explique que l’islam régule la société pour une bonne entente dans les familles. La religion musulmane est facteur d’union, de cohésion, d’entraide, de solidarité et de fraternité. Cependant, avertit le leader religieux, l’épouse en question doit agir en toute discrétion. Même les enfants du couple ne doivent pas savoir que leur maman a acheté le mouton de tabaski.

M. A. Traoré

 

BON À SAVOIR

La fête du sacrifice, appelée aussi Aïd El-Kebir ou la grande fête est une des plus importantes chez les musulmans du monde entier. La fête du mouton n’est pas un simple événement religieux. C’est l’occasion hautement symbolique de se rencontrer et de maintenir les liens familiaux et sociaux. Cette journée faste est un moment de partage et de générosité envers les pauvres et les nécessiteux. La viande rouge détachée des carcasses de mouton est consommée à toutes sortes de recettes de grillades et de sauces. Les médecins conseillent de consommer avec modération et raisonnablement. Le lendemain de fête de tabaski les structures sanitaires sont débordées. Elles font face aux malaises et maladies liées à la consommation abusive de la viande du mouton de fête. Le nutritionniste Dr. Aliou Bary explique que la viande de mouton contient une forte proportion d’acides gras saturés. La consommation de ces gras en grande quantité a des effets néfastes et peut nuire malheureusement à la santé de l’être humain en général et du diabétique en particulier, lorsqu’il est pris en excès. Ce spécialiste appelle les populations à plus de modération. La tabaski est un moment important, mais il faut savoir raison garder. Rester raisonnable, c’est profiter de la fête, mais aussi c’est se souvenir qu’il faut toujours rester équilibré en matière d’alimentation. Pour dissuader les uns et les autres à prendre leurs dispositions par rapport à la consommation de la viande le jour de la fête, le toubib Bary révèle que la viande rouge de mouton comporte de la mauvaise graisse. Elle peut exposer à l’excès de graisse, à l’excès de poids et aux maladies cardiovasculaires. Ces excès, à leur tour, peuvent entraîner des problèmes digestifs, mais ils peuvent aussi déséquilibrer. Les personnes dont la santé est fragile peuvent se retrouver hospitalisées. Il est recensé de nombreux cas de maladies dans nos services d’urgence les lendemains de Tabaski. Le nutritionniste conseille d’associer la viande à autre chose, comme le riz et les légumes. La pensée collective stipule de ne pas manger les fruits et les légumes le jour de la fête. En principe c’est une très bonne mesure que les fruits et les légumes accompagnent la fête. Les personnes qui souffrent des maladies vasculaires dont le diabète, l’hypertension artérielle et les hyperlipidémies (excès de lipide dans le sang, notamment le cholestérol) et triglycérides, qui favorisent la formation de dépôts à l’intérieur de la parois artérielle, doivent éviter l’excès le jour de la tabaski. Ce conseil est valable pour les personnes en bonne santé, qui ne souffrent d’aucune maladie chronique. Tout abus est nocif pour la santé. Il est bon pour les amateurs de viande rouge de ne pas en abuser et de manger de façon modérée. La vigilance doit être de rigueur pour sauvegarder notre santé. Bonne fête de Tabaski à tous et à toutes !

M. A. T.

source : essor

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