L’ancien premier ministre du Mali et actuel président de la Coalition Citoyenne de la Société civile pour la Paix et la Réconciliation Nationale ( CCSC/PURN), Monsieur Ahmed Mohamed AG Hamani, s’est exprimé sur la situation sociopolitique en cours dans notre pays. C’était le 11 décembre dernier à l’hôtel Radisson Blue de Bamako à l’occasion de la présentation du 2e rapport Alternatif Ciyoyen sur la mise en œuvre de l’accord pour la paix issu du processus d’Alger.
<< L’objectif recherché par un tel exercice est de permettre l’information et la sensibilisation des citoyens sur l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali>> a-t-il lancé à l’entame de ses propos comme pour planter le décor. Selon l’ancien premier ministre du Mali, l’accord d’Algersouffre dans son application. << Cette phase est difficile en raison de l’interprétation souvent divergente des termes de l’accord par des parties, confrontées elles-mêmes à des contradictions internes et du fait des réalités complexes du terrain>> a-t-il signifié. En effet, à entendre le président de la CCSC/ PURN, M. Hamani, l’une des raisons de ce blocage est dû au fait que << l’esprit de l’accord est parfois sacrifié au profil de sa lettre>>. Et en guise d’illustration, AG Hamani a évoqué les autorités intérimaires, qui, selon lui, sont conformes à l’esprit de l’accord mais butent à se faire accepter << parce que non formellement prévues dans le texte dudit accord>> affirme t-il.
Outre ce constat regrettable, l’ancien premier ministre, M. Ahmed Mohamed AG Hamani, a souligné un autre manquement. Il s’agit en effet, de la non prise en compte, par l‘accord, de la constitution du Mali du 25 février 1992. A ce sujet, s’interroge-t-il : << pouvait-on ne pas imaginer que les réformes politiques et institutionnelles prônées dans l’accord heurteraient violemment la constitution de 1992? >>.
À cet égard, Son excellence Hamani , a dénoncé la mauvaise foi d’une communauté dite internationale, qui pourtant était bien consciente de tous ces manquements et qui s’entête toujours à ce que l’accord d’Alger soit intégralement appliqué , << sachant bien que le gouvernement malien fait face à de multiples résistances contre les réformes et les procédures envisagées>> a-t-il indiqué.
Cette mauvaise foi de cette communauté dite internationale, est encore décriée par l’ancien premier ministre lorsqu’il affirme, dans sondiscours, que celle-ci ( communauté internationale) a pris le risque mal calculé de se substituer à l’État du Mali à travers un Pact pour la Paix , << lequel n’est rien d’autre qu’une gifle à la souveraineté du Mali>> a-t-il martelé. Et de s’indigner : << cette décision improductive, inappropriée et contraire auprincipe de la souveraineté du peuple, a fait l’objetde la Résolution 2423/2018 du Conseil de Sécurité des Nations-Unies>>.
À cet égard, le président de la CCSC/ PURN, estime que c’est le peuple et la souverainetédu Mali quisont foulés au pied par la communauté internationale, car, dit-il, << le respect dû à la Constitution est égal au respect dû au peuple>>. Et de prévenir que toutes violations de la norme suprême, au lieu d’aider << contribueront inexorablement à l’enlisement du processus engagé>>.
Parlant de la crise sociopolitique actuelle dans notre pays, l’ancien premier ministre affirme qu’elle( crise), constitue un sérieux obstacle supplémentaire à la mise en oeuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali. A cet effet, il exhorte la classe politique à plus de responsabilité et de discernement. Car, à ses dires, la recherche de la paix doit être analysée et comprise en dehors de la conquête du pouvoir. << Elle ( paix) requiert un certain nombre de comportements basés sur le dialogue, la confiance, la solidarité et le patriotisme>> a-t-il conclu.
Boubacar Kanouté.
Source: Le Sursaut