Plusieurs marches organisées à l’appel d’un collectif de catholiques congolais pour protester contre le maintien au pouvoir de Joseph Kabila ont été dispersées par des tirs à balles réelles. Un homme a été tué à Kinshasa, la capitale.
Un homme d’une trentaine d’années a été tué par balle, dimanche 25 février, à Kinshasa par la police en marge des marches des catholiques contre le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila en République démocratique (RDC), a appris l’AFP de source hospitalière.
“Depuis 7h00, nous avons reçu trois blessés liés à la marche des catholiques dont deux blessés graves par armes à feu. Le troisième qui a reçu une balle à la poitrine est décédé”, a déclaré le docteur François Kajingulu, médecin directeur de l’hôpital Saint-Joseph-de-Limete, dans le centre de Kinshasa.
Un collectif d’intellectuels proche de l’Église, qui a le soutien de l’épiscopat congolais, avait invité les fidèles à sortir dans la rue contre la “dictature” et le maintien au pouvoir de Joseph Kabila, malgré deux précédentes marches réprimées dans le sang. Les autorités ont de nouveau interdit ces manifestations.
Internet pas coupé
Pour cette troisième initiative du Comité laïc de coordination (CLC), les dispositifs sécuritaires étaient nettement plus légers par rapport aux précédentes, a constaté une équipe de l’AFP à Kinshasa : pas de présence policière aux abords des églises alors que le nombre de barrières avait aussi diminué et les contrôles étaient moins sévères.
Les Congolais redoutaient également une nouvelle coupure internet lors de cette journée de mobilisation, comme ce fut le cas les 31 décembre et 21 janvier. À la grande surprise de tous, la connexion était normale au petit matin.
Les deux précédentes marches à l’appel de ce “comité laïc de coordination” avaient été réprimées à balles réelles. Bilan : une quinzaine de morts d’après l’Église et les Nations unies, deux selon les autorités.
“Objectif zéro mort”
Les forces de sécurité se sont fixé cette fois-ci “l’objectif zéro mort”, selon le chef de la police de Kinshasa, le général Sylvano Kasongo. “J’ai dit aux policiers de ne pas tirer sur la population civile”, a déclaré cet officier, visé par une plainte pour “assassinat” par les proches d’une victime de la répression du 21 janvier. “J’espère seulement qu’il n’y aura pas des mort cette fois”, disait dès vendredi à l’AFP un haut magistrat militaire congolais.
La RDC interdit toute manifestation politique de l’opposition depuis les journées sanglantes de septembre 2016, quand les manifestants ont commencé à demander le départ du président Kabila à la fin de son deuxième et dernier mandat le 20 décembre 2016.
Depuis, Joseph Kabila, 46 ans, est toujours en place. Des élections initialement prévues fin 2017 ont été reportées au 23 décembre 2018. L’opposition accuse le président Kabila de tout faire pour rester au pouvoir.