Débouté par la justice le mois dernier, le gouvernement sud-africain a officiellement annoncé, le 7 mars, surseoir à son retrait de la Cour pénale internationale (CPI ).
Le commentateur du Daily Maverick souligne que cette volte-face intervient après un revers juridique subi par le gouvernement, mais aussi au moment où un groupe réunissant les juristes les plus réputés du pays s’est prononcé pour le maintien du pays dans la CPI . Ce groupe de juristes “soutient que l’Afrique du Sud a besoin de la CPI ” et rejette l’argument de la souveraineté brandie par le gouvernement car “la majorité des cas impliquant des États africains ont été renvoyés à la Cour par les États africains eux-mêmes” . Ces juristes soulignent également que, “bien que le gouvernement sud-africain ait suggéré que des crimes internationaux graves puissent être poursuivis par des tribunaux régionaux, il n’existe actuellement aucun tribunal régional en Afrique qui puisse traiter de telles affaires, et la perspective d’une telle Cour n’est pas réelle, ni à court ni à moyen terme”.
L’Afrique du Sud est convoquée le 7 avril prochain devant la CPI pour une audience qui doit examiner sa décision de ne pas arrêter le président soudanais El-Béchir en séjour sur son territoire en juin 2015, en dépit d’un mandat d’arrêt de la CPI à son encontre. Depuis, le gouvernement du président Jacob Zuma n’a cessé d’œuvrer pour un retrait du continent africain de cette Cour.
Les juristes sud-africains estiment que “la CPI fonctionne dans un cadre imparfait” mais ils s’empressent d’ajouter : “Cependant, des pays comme l’Afrique du Sud et ses parlementaires devraient mener des initiatives pour améliorer cette justice. C’est quelque chose qui ne peut être fait qu’à partir du système.”
L’Afrique du Sud annonce son départ de l’institution en septembre dernier. Le 19 octobre, son ministre des Affaires étrangères dépose un avis de retrait formel aux Nations unies. Mais le processus est contesté par l’opposition, qui introduit un recours. Le 22 février, la Haute Cour du pays juge la procédure de retrait anticonstitutionnelle. Les juges sud-africains reprochent au gouvernement de ne pas avoir consulté le Parlement.
Outre l’Afrique du Sud, le Burundi a déjà annoncé sa décision de quitter la CPI en octobre. En novembre 2016, la Gambie avait également annoncé son retrait, mais la chute du président Yahya Jammeh deux mois plus tard a changé la donne. Les nouvelles autorités gambiennes ont saisi l’ONU le mois dernier pour l’informer que leur pays restait membre de la Cour.
Source: courrierinternational