Filiale du Groupe FAMIB, Africa Virtual Hospital (AVH) est un hôpital 100 % en ligne qui offre des solutions à distance. Il a été mis en place par un jeune Malien (37 ans) informaticien et ingénieur de commerce international. Dans l’entretien qui suit avec le fondateur, Mamadou Diawara explique que l’AVH traite également toutes les questions liées à la criminalité, à la drogue et aux violences faites aux femmes et aux enfants. Au siège de FAMID, sis à Djicoroni Para sur la route de Sébénikoro, Mali Tribune est allé à la rencontre de Mamadou Diawara pour en savoir davantage sur cette plateforme. Entretien.
Mali Tribune: Comment l’idée de la création d’Africa Virtual Hospital est venue en vous ?
Mamadou Diawara: Déjà nous sommes dans la digitalisation. C’est notre Centre de recherche technologique d’innovations et d’industrie créative qu’est le Groupe FAMIB qui regroupe AVH. Après avoir mis en place une Université virtuelle (Université Virtuelle du Mali) et le Complexe Virtuel Kingui (du préscolaire jusqu’au Bac) qui ont été une belle réussite, ce projet est ainsi né avec d’autres volets qui font de nous une référence en Afrique puisqu’on l’a fait à titre privé alors que dans certains pays, c’est l’Etat qui le fait. Le Groupe FAMIB a donc lancé aussi une plateforme virtuelle pour faire des Concerts, des sketchs en live, et aussi les Kingui Viso qui est une plateforme de visioconférence gratuite avec environ 1000 participants. Après tout cela, nous on s’est encore posé la question de savoir quelle réponse on peut donner en cette période de Covid-19 pour que le Mali soit respecté sur le plan international sans oublier les autres maladies tel que le paludisme qui tue plus de monde que le Coronavirus. C’est dire que nous allons travailler sur la durée.
C’est cette réflexion qui nous amené à donner le nom “Africa Virtual Hospital”. L’idée était que ça soit d’abord un produit africain et pour les femmes et enfants. Vu le contexte socio-politique et sécuritaire du Mali, les femmes et les enfants méritent un regard particulier. De ce fait, on est allé chercher des médecins bénévoles qui ont accepté de nous aider. Aujourd’hui, 7 médecins travaillent avec nous ici. Au-delà de ces 7 médecins de chez nous, nous sommes allés chercher des médecins européens très expérimentés et très bien équipés pour faire de la télémédecine. Aussi, nous bénéficions d’un accord d’accompagnement d’un pionnier de la médecine malienne en la personne de Dr. Ousmane Ly. L’initiative a beaucoup émerveillé la Banque Mondiale qui nous a envoyé un e-mail très favorable. Mieux, nous avons même eu la chance de recevoir la visite du ministre de la Santé (NDLR Michel Hamala Sidibé) dans nos locaux. Il a été très content de notre plateforme et on espère qu’il demandera à l’Etat de s’y intéresser. La raison est que cette plateforme est la meilleure que le Mali puisse avoir en termes de santé car elle va donner à tous les hôpitaux du Mali et même les CSCOM la possibilité d’inter-réagir et voir en temps réel les différents cas de maladies et de les prendre en charge.
Mali Tribune: Comment la plateforme Africa Virtual Hospital fonctionne?
M. D. : Tout est en ligne. Par exemple quand les gens sont victimes des violences, ils peuvent venir faire leur déclaration de façon anonyme et on a des psychologues qui vont les prendre en charge. Pour le cas de la drogue, on a aussi des experts dans ce domaine pour les aider à sortir de cette situation en leur apportant le soutien psychologique.
En ce qui concerne la santé, les clients prennent les tickets et les médecins sont là sur rendez-vous en fonction des cas. Ensuite la plateforme envoie directement un lien pour la visioconférence. Alors le médecin vous diagnostique après avoir échangé avec vous et il vous envoie l’ordonnance de façon électronique, si nécessaire. Il est à noter que la visioconférence est possible même avec le téléphone portable. En tout cas, c’est une prise en charge rapide des cas de maladie. Au-delà de tout cela, il y a aussi des vidéos de sensibilisation en plusieurs langues (Bambara, Français, Anglais, Soninké, Fulfuldé, Tamashek etc.)
Mali Tribune: Quels sont vos liens avec les autres hôpitaux du Mali ?
M.D. : Pour le moment, on ne travaille pas avec les hôpitaux du Mali car pour cela il nous faut un partenariat, un mandant de l’Etat. Donc nous attendons que l’Etat nous sollicite, puisque nous avons déjà écrit, exprimé notre souhait d’accompagner le pays d’autant plus que nous avons la chance que le Mali soit l’un des meilleurs pays en termes de médecine. Pour preuve, plusieurs pays envoient leurs étudiants étudier chez nous. Aussi, Africa Virtual Hospital a mis en place une bibliothèque en ligne à la disposition des jeunes médecins qui leur permet d’avoir tout le contenu sur la santé. Là on est en partenariat avec l’école de médecine de Toulouse qui nous donne tous les contenus pour nos universitaires. Donc avec ces contenus, ils peuvent se documenter et se former pour devenir des bons médecins. L’un des objectifs pour Africa Virtual Hospital c’est aussi d’enrôler chaque médecin Malien en l’inscrivant sur notre plateforme. Sur la plateforme, on a mis aussi un modèle économique appelé “Revolutionnering” qui permet à chacun des trois parties à savoir le médecin consultant, l’ordre des médecins et Africa Virtual Hospital de gagner quelque chose sur chaque consultation.
Mali Tribune: Quels sont vos objectifs à court, moyen et long terme avec Africa Virtual Hospital ?
M. D. : Avec cette initiative, on veut que chaque Malien parvienne à se soigner peu importe où il se trouve, à moindres coûts. A long terme, on veut que chaque médecin Malien soit aussi un médecin du monde en parvenant à donner son coup de main partout où le besoin se fera sentir.
Mali Tribune: Qui est le Groupe FAMID auquel appartient Africa Virtual Hospital ?
M. D. : Comme je l’avais dit, FAMID est un Centre de recherche technologique d’innovations et d’industrie créative. Nous ne sommes que dans la recherche de solutions innovantes pour répondre aux Objectifs du Développement Durable (ODD). Ainsi, on veut que le Mali soit le centre de notre Groupe puisqu’on est déjà présent au Rwanda, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Niger, etc. Pour le moment, 90 % de nos revenus viennent de la France et du Maroc. Nous avons aussi un bureau à Toulouse, à New York et à Londres. A mon avis, le Mali doit être fier de FAMID puisque c’est la seule entreprise qui arrive à être présente à New-York, en France, au Rwanda, etc. avec la vente des solutions alors qu’elles sont développées ici au Mali. Donc compte tenu de cela, nous invitons les autorités du Mali à s’intéresser à ce que l’on fait car le Groupe s’agrandit à l’international mais tout ce que l’on gagne en termes de compétence et d’argent on essaye de l’investir au Mali.
Interview réalisée par
Alassane Cissouma
Mali Tribune