«De tous les pays qui sont engagés à nos côtés dans la lutte contre le terrorisme, la France est le pays qui consent le plus de sacrifices. Ce sont 53 jeunes Français qui sont morts au Mali. Moi, je suis sûr que le jour où les Français plieront bagage à Gao, ce sera le chaos ! Les gens de Gao le savent de toute façon. Je suis totalement désolé de la campagne qui est menée contre eux. Je veux que les Français soient forts, parce qu’ils ont, avec cet espace du Sahel, une histoire singulière… ». Ces propos irrespectueux et irresponsables contre les Etats du Sahel, en l’occurrence le Mali, sont encore du chef d’Etat nigérien.
Mais point de surprise ! Notamment, lorsque Mohamed Bazoum, ne compte que la cinquantaine de soldats tués au Mali, en faisant exprès d’ignorer que ce sont aussi et surtout des milliers de soldats maliens et de populations civiles innocentes qui sont morts dans cette guerre sans fin contre le terrorisme au Sahel. Que sont des dizaines de villages maliens du centre du pays, en dépit de la présence de Barkhane avec des moyens logistiques de dernière génération, qui sont aujourd’hui rayés de la carte. Qu’au centre du Mali que ce sont des milliers d’enfants qui ne peuvent plus aller à l’école, etc. Il manquerait d’honnêteté. Mais le chef d’Etat nigérien n’est-il pas dans son mauvais rôle ?
Depuis sa prise de fonction, sa position sur les questions sahéliennes est calquée sur celle de l’Elysée. En raison de cela, il n’a de cesse de démontrer par son allégeance à la France qu’il est un laquais de l’Elysée. Mais désormais, par ses propos irrespectueux et paternalistes sur le Mali, il n’y a plus de doute que Bazoum est aussi le Judas de la cause sahélienne. D’autant que, au lieu de défendre les intérêts des Etats sahéliens, il a délibérément choisi de se mettre au service de son maître de l’Elysée : pour vanter les mérites de l’armée française au Mali. Pour vilipender l’armée malienne. Pour ignorer la triste réalité que vivent les populations maliennes, en l’occurrence celles du centre ! Pour faire fi de l’échec de l’opération Barkhane au Mali !
Mais fort heureusement les populations maliennes, en seules maîtresses de leur destin, sont plus que jamais convaincues que la présence de Barkhane dans leur pays a montré toutes ses limites. D’autant qu’elle n’est pas arrivée à lutter efficacement contre le terrorisme. Lequel a, au contraire, pris plus d’ampleur pour s’appuyer sur des communautés ethniques nationales (vivant naguère en bonne intelligence) afin de les mettre en conflit. D’où la survenue de nombreuses attaques et représailles meurtrières entre elles. Ainsi, à Bamako comme dans les autres pays du Sahel, notamment au Niger, se tiennent constamment des manifestations pour dénoncer la présence militaire française.
Bazoum a donc intérêt à se raviser sur sa position au Mali. Sa prophétie de malheur ne verra certainement pas le jour au Mali. Car, si jamais l’armée française se retirait du Mali, Gao ne serait pas dans un chaos. D’autant que les autorités maliennes sont certainement plus responsables que lui. Elles savent, mieux que quiconque, ce qui est bien pour leur pays. Que le chef d’Etat nigérien s’occupe donc de son pays, le Niger, où beaucoup l’attendent !
Gaoussou Madani Traoré
Source : Le Challenger