L’inculpation et la mise sous mandat de dépôt du Général Amadou Haya Sanogo révèlent une volonté de mettre fin à l’impunité mais elle peut éclabousser des pans de l’Etat convalescent du Mali
Le Mali sort à peine de la plus profonde crise de son existence. Le pays de Soundiata Kéita aurait aimé relever la tête rapidement pour regarder les yeux dans les yeux ceux qui ont tenté de l’asservir et ceux qui se sont rendus complices de cet asservissement. Hélas, on peut craindre que la procédure judiciaire ouverte contre celui qui a renversé le régime démocratique d’Amadou Toumani Touré ne donne encore du fil à retordre.
D’abord, elle est bien connue la maxime selon laquelle » l’accessoire suit le sort du principal « . Le général Amadou Haya Sanogo devant le juge pourrait entraîner un déballage qui n’épargnera pas certains de ses proches qui sont aux affaires. Le Général Yamoussa Camara, le chef d’Etat-major particulier du président IBK, le Général Moussa Sinko Coulibaly, l’actuel ministre de l’Administration territoriale, non moins ancien Directeur de Cabinet du chef putschiste, pour ne citer que ces deux, pourraient dormir d’un seul œil sachant leur bienfaiteur sous les verrous.
Par ailleurs, l’affaire Sanogo a dû obliger les plus hautes autorités à mettre certaines unités de l’armée en état de vigilance pour parer à toute éventualité de mutinerie des éléments acquis à l’ex-homme fort de Kati. La résidence du ministre de la Défense, Soumeylou Boubèye Maïga, est d’ores et déjà sous très haute protection. Idem pour le juge instructeur, le ministre de la Justice… Sans compter la résidence du chef de l’Etat, le palais de la présidence, la résidence du Général quatre étoiles, elle-même devenue une forteresse infranchissable.
Cela fait une impressionnante débauche d’énergie en hommes aguerris pouvant mettre en fuite les bandits du MNLA. Ceux-là mêmes qui narguent la République allant jusqu’à empêcher le Premier ministre de visiter Kidal.
Toute cette débauche d’énergie est imposée par cette volonté de mettre fin à l’impunité. Sauf que l’impunité de ces deux dernières années de crise a commencé depuis janvier 2012 et passe par Aguel Hoc. En clair, pour faire baisser la tension dans le camp des mécontents soutiens de Sanogo, IBK doit se rattraper par rapport à la levée des mandats d’arrêts des rebelles devenus députés de son parti en les faisant livrer à la guillotine. Le ministre de la Justice Mohamed Aly Bathily doit prouver que nul n’est vraiment au-dessus de la loi. Même si c’est par un mal nécessaire
Bruno Djito SEGBEDJI