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Affaire Kaarta Sokora: théatralisation d’un scandale

Un buzz a occupé les réseaux sociaux toute la semaine.
Un jeune homme de 22 ans originaire du village de Sokora (Kaarta) du nom de Siaka Coulibaly s’est enfui avec la nouvelle épouse du Chef de village. Quelques jours après la malle, Siaka réapparait avec la petite femme du chef de village au grand soulagement du conseil de village dans le brouhaha des commentaires et des suggestions quant aux sanctions.


En effet, le patronyme du jeune homme, Coulibaly, a suscité un élan de plaisanterie sociale, de cousinage. Chacun s’en donnant à cœur joie, oubliant le côté tragique d’un scandale qu’on laisse théâtraliser sur les réseaux sociaux.
Pourtant, l’affaire est bien réelle et traduit une réalité tragique que vivent encore nombreuses de nos localités : le mariage osé des octogénaires au bord de leur tombe avec des filles ‘’mineurs’’ à peine pubères souvent.
Survivance d’une tradition ou défiance envers une loi, le Code de la famille et des personnes, dont nul n’est censé ignorer, et nul n’est et ne devrait être en dessus, même des chefs de village.

Sur les conditions de l’union, entre un homme et une femme, le Code de la famille et des personnes est sans équivoque : ‘‘l’âge minimum pour contracter mariage est fixé à dix-huit ans pour l’homme et seize ans pour la femme’’ (article 281). Seul le juge civil peut accorder une dispense d’âge pour des motifs graves.
Et la loi dit que ‘‘cette autorisation ne peut être délivrée que pour les futurs conjoints âgés d’au moins quinze ans’’.
Nous espérons de tout cœur, qu’en tant que membre éminent du corps des Autorités et Légitimités traditionnelles consacré par l’article 179 de notre Constitution, gardiennes des valeurs de la société, contribuant au renforcement du vivre-ensemble et de la cohésion sociale, à la prévention et à la gestion des conflits, le vieux chef de village de 90 ans de Sokora s’est entouré de garantie légale.
Sinon, dans un pays où les imams et même le chef de prison vont en prison, il n’est pas sûr qu’un chef de village épousant une fille ‘’mineur’’ puisse rester à l’air libre.
Mais bon, dans cette tragédie au quotidien, où la population vivote entre crise sécuritaire, conjoncture économique et crise énergétique, même les drames les plus poignants sont détournés pour faire le spectacle.

Où est Mme la Ministre de la Promotion de la Femme de l’Enfant et de la Famille qui a tiré l’épée de vengeresse contre Idrissa Martinez Konipo pour avoir dénigrer les femmes. A cette occasion, son département avait exprimé sa plus grande fermeté son indignation à la suite des propos graves et inacceptables tenus par Idrissa Martinez Konipo, lors d’une émission diffusée le 11 mai 2025 sur un plateau télévisé de grande audience.
Dans sa sortie guerrière le département avait estimé que les propos de Martinez relevaient de l’apologie manifeste du viol, constituaient une offense intolérable à la mémoire des victimes, une banalisation révoltante de la violence faites aux femmes et aux filles et une atteinte directe aux valeurs fondamentales de notre société.
Interviennent dans un contexte douloureux, marqué par le viol suivi du meurtre d’une fillette de quatre ans dans le quartier de Missabougou, le ministère de la promotion (et non de la défense) des femmes avait condamné sans réserve tout discours qui banalise ou justifie les violences sexuelles faites aux femmes et filles du Mali. ‘‘Face à la gravité de la situation, le Ministère demande l’ouverture immédiate d’une procédure judiciaire contre l’auteur de ces propos, pour apologie de crime et incitation à la violence sexuelle et s’érige en partie civile’’. Tout le monde avait applaudi. Mais aujourd’hui, le silence du même département face cette tragédie qu’on théâtralise sur les mêmes réseaux sociaux interpelle, et inquiète sur le double standard qui profile. Est-ce les violences contre les femmes et les filles de nos brousses doivent faire l’objet de moqueries sur les réseaux sociaux ?

Les autorités judiciaires et administratives, et celles de la transition n’ont-ils pas vu, sur les réseaux sociaux, qu’une ‘’mineure’’ se préparait à épouser un octogénaire, et ce sans son consentement ?
Où sont passées les féministes qui ont si vertement condamné l’influenceur Idrissa Martinez Konipo ?
Si celui-ci a eu tort d’imputer au vêtement la responsabilité des violences, le Chef de village de Sokora Kaarta de quatre-vingts dix ans, lui, s’est donné toutes les libertés et pris toutes ses distances avec la loi malienne qui semble ne pas s’appliquer dans son village. L’incohérence règne en toute impunité, splendide et accablante, dans notre chère Mali, où les filles mineures sont toujours offertes en cadeau aux vieux de 80.

Pour rappel, Sakora (Kaarta) est un village de la commune de Guemoukouraba, située dans le chef-lieu du cercle de Séféto dans la région de Kita.
Fondé vers le 17e siècle par Karounga Fofana, un chasseur venu de Hangouné, Sakora est héritier du grand royaume Massassi de Kaarta, qui a fait bloc aux guerriers toucouleurs d’El hadj Oumar Tall d’où son nom Dandougou. Ceci explique-t-il cela ?
Affaire à suivre

Par Amina Sissoko

Source : Info Matin
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