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Affaire Diogou Sidibé : 18 personnes interpellées, dont le chef de village

Au village de Lany Mody, une localité située dans la commune de Sony, région de Kayes, la  dame répondant à l’identité de Diogou Sidibé a été retrouvée morte dans son champ. Aussi, le corps de la défunte était dépiécé, emballé dans un sac puis jeté courant samedi 30 juillet 2022.De nos jours, 18 personnes dont le chef du village ont été  arrêtées.

Née en 1952, la défunte Diogou Sidibé semble avoir eu « tort » en refusant tout statut d’esclave à Lany Mody, le village qu’elle habitait depuis plus de 60 ans. Elle figurait parmi  les dames considérées comme « esclaves du village ». Mais elle avait, selon les informations, toujours rejeté ce statut. D’où tout son malheur et le pêché de la vieille dame. Avant d’être cruellement assassinée, Diogou a d’abord été victime des menaces venant des femmes « nobles », selon notre source. « 18 personnes ont été arrêtées après l’assassinat de Diogou Sidibé. « Vendredi dernier, la justice a arrêté trois personnes. Dès le lendemain samedi 6 août 2022, 15 autres personnes ont été mises aux arrêts par les juges », confie une source. Il y a une femme parmi les 18 personnes. Le chef du village a également été arrêté dans cette affaire. Il se nomme Boubou Soumaré. Malgré tous les efforts et l’interdiction du fléau par les textes nationaux et internationaux, c’est dommage que le problème lié à l’esclavage par ascendance refasse surface dans la région de Kayes. Contrairement à ce qu’on avait l’habitude de voir, le  pire est ainsi arrivé à l’une des femmes qui disent ne plus vouloir accepter  de se soumettre aux personnes appelées  « maitres ou nobles ». Avec leur statut, ces personnes (nobles) semblent avoir droit à tout, même  les terres de leurs soi-disant « esclaves ». Pour le même problème, beaucoup de familles ont été contraintes de quitter leurs villages. Nous avons reçu des images où les jeunes et les chefs de famille étaient ligotés avant d’être soumis à toutes sortes de tortures par les soi-disant « maitres » du village, dans la région de Kayes. Ainsi, ce crime odieux et barbare dont nous vous rapportons est le résultat du refus d’une dame de reconnaitre la suprématie d’autres individus. Diogou Sidibé et ses détracteurs « maitres » ont été, en 2021, devant le tribunal de Kayes. Le litige opposant la vieille à ses détracteurs  tirait son origine de l’esclavage. « L’année dernière, Diogou a été devant la  justice contre certains villageois. Ceux-ci voulaient lui retirer son champ par le fait qu’elle a refusé d’être considérée comme esclave. La sentence du tribunal a été en faveur de la vieille. La décision de justice a autorisé Diogou Sidibé de rester dans son champ », révèle notre source.

Cette dame travaillait dans son champ depuis plus de 60 ans. La justice s’était déjà prononcée sur l’affaire, mais les mêmes personnes ont fait fi de la décision de justice. « Tout récemment, Diogou a été menacée, puis frappée jusque dans son champ par quatre (4) femmes du village. Avant tout cela, la gendarmerie avait, en juin 2000, convoqué beaucoup de villageois concernant l’affaire de la vieille. Les personnes citées à cette époque sont connues », confie la source. Il nous revient que la dame vivait sous une forte intimidation depuis longtemps. C’est sous cette peur et la menace que Diogou  a été finalement retrouvée morte dans une condition lamentable et inhumaine en fin juillet dernier. Les premières nouvelles avaient d’abord fait cas de la disparition de la victime. « Les gens partis à sa recherche ont ensuite découvert le corps sans vie de la dame. Ses bourreaux l’avaient assassinée en ligotant ses mains dans son dos. Ils avaient dépiécé  son corps qu’ils avaient emballé dans un sac blanc. Ils avaient tenté de brûler le corps pour dissimuler toutes les traces. Comme ce plan ne semble pas avoir marché, ils l’ont jeté dans la brousse », signale-t-on. La justice réussira-t-elle ce combat contre l’esclavage dans la zone de Kayes ? Si elle joue pleinement son rôle, on se demande quel va être désormais le sort  de ceux et celles qui s’adonneront  à ces pratiques ignobles ? N’est-il pas temps d’interpeller et de punir ceux qui encouragent les mêmes pratiques, même s’ils ne participent pas à la consommation de l’infraction ? Sur la base d’un audio qui nous est parvenu, il demeure évident que certaines personnes encouragent, à visage découvert, l’esclavage par ascendance dans la région de Kayes.

Mamadou Diarra

Source: LE PAYS

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