Entre collusion ministérielle inopportune, des atermoiements fondés sur des appuis occultes, Mama Lah n’avait pu éviter la case prison pour fraude à l’exonération d’importation de plus de 19 millions de litres d’hydrocarbures, avec un préjudice de plusieurs dizaines de milliards Fcfa. EDM-SA n’avait pas peu contribué à contrer les manœuvres dilatoires du jeune importateur diawando, conduisant à la judiciarisation du dossier. En dépit des fausses accusations orchestrées par Bintou Camara, la Ministre de l’Energie.
C’est le lundi 22 janvier 2024, que la Cour suprême avait décerné plusieurs mandats de dépôt à l’encontre de responsables de EDM-SA et même l’ancien Ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau, ainsi que des fournisseurs d’hydrocarbures et agent des douanes. Différentes affaires concernaient les mis en cause, mais parmi la brochette d’importateurs d’hydrocarbures épinglée, le cas de Mamadou dit Mama Lah était des plus emblématiques. Car, contrairement aux affirmations triomphalistes du Ministre Kassogué de la Justice qui avait tenté de mettre ce succès à son actif, en plastronnant sur les antennes nationales, le grappin avait été mis sur le PDG du Groupe Lah & Fils, à la suite des actions menées bel et bien en amont par EDM-SA.
EDM-SA contre la fraude d’hydrocarbures
Les efforts de manipulation de l’opinion, auxquels se livrait le Garde des Sceaux pour couvrir sa collègue de l’Energie engagée dans une campagne de dénigrements et de forfaitures, consistaient surtout à faire croire à l’opinion que la crise énergétique était due aux pratiques de vols de carburant et autres crapuleries des agents de EDM-SA. Pourtant, dans les faits, nous apprenons qu’en réalité, les cas de fraudes à l’exonération avaient été révélés par la Direction générale de EDM-SA, en dépit des accusations et des campagnes en cours contre l’entreprise et ses travailleurs.
Et pour cause, l’affaire Mama Lah a été justement déclenchée à la suite d’une lettre de la Direction Générale d’EDM-SA, en date de décembre 2023. Dans cette correspondance, le Directeur Général de EDM-SA sommait Mama Lah, le DG de de la société Lah & Fils « de bien vouloir … fournir l’état détaillé des livraisons » relatives « à la fourniture de gasoil pour les centrales thermiques d’EDM-SA » pour lesquelles la Société Lah & Fils avait « reçu le titre d’exonération N°2023/977, en date du 3 mars 2023 ».
Ainsi donc, comme le révèle ce document, neuf (9) mois après avoir bénéficié d’un titre d’exonération, la Société Lah & Fils n’avait pas encore livré la quantité d’hydrocarbures convenue à EDM-SA. Pourtant, il ressort du dossier d’enquêtes judiciaires ayant conduit Mama Lah en prison dans cette affaire, que la société avait bien usé du titre d’exonération en important du gasoil, mais sans le livrer comme convenu à EDM-SA. En effet, le rapport d’enquête souligne clairement que dans le « rapprochement des données fournies par la Douane… il ressort des écarts en quantité de combustibles non livrés », notamment pour « la société Lah & Fils, avec un écart de 19,989 millions litres de gasoil… ».
Mama Lah joue au dilatoire
A la suite de cette mise en demeure, la société Lah & Fils, visiblement prise la main dans le sac, s’empressera de fourguer… 6,183 millions de litres déversés dans les cives de EDM-SA, en expliquant qu’il y avait eu à son niveau « une erreur de suivi par rapport à la quantité de l’exonération… ». Neuf (9) mois pour se rendre compte… d’une erreur de suivi (???), et encore à la suite d’une injonction de EDM-SA ! Mais qu’à cela ne tienne, le Directeur général de société épinglée n’en poursuivra pas moins dans le dilatoire, en promettant de « régulariser la situation (en livrant la différence des) 13,805 millions restants en hors taxe… ». Car en effet, ce qui ne ressort pas de cette correspondance du 20 décembre suivant de Mama Lah, le Directeur général de la société Lah & Fils, c’est que la livraison de la différence de 13 millions de litre de gasoil devait faire l’objet d’un nouveau contrat de livraison, comme nous le rapportent plusieurs sources sûres.
Comme on le constate, il ne ressort nulle part dans l’engagement de Mama Lah envers EDM-SA des réponses claires et précises à la demande du Directeur général de EDM-SA qui exigeait « l’état détaillé des livraisons imputées au titre des déclarations (douanières) afférentes… au titre d’exonération N°2023/977 » qui lui a été accordé neuf mois plus tôt.
Mais en réalité, la proposition du patron de Lah & Fils était cousue de fil blanc, car on ne voit pas la raison de mentionner qu’il livrerait les 13 millions de litres restants en hors taxe, dès lors que cette quantité n’était autre que le reliquat des 19 millions de litres déjà exonérés par la disposition et l’usage du titre d’exonération N°2023/977. En précisant qu’il voulait livrer la différence de quantité en hors taxe, Mama Lah faisait passer sa défaillance de livraison en une offre généreuse certes, mais nouvelle. En somme, faire passer une quantité non livrée, dont il avait déjà engrangé les avantages douaniers, comme une nouvelle livraison.
Mais EDM-SA, qu’on affuble des 7 pêchés capitaux, ne tombera pas dans le piège, comme il ressort de la réponse du berger à la bergère de la société d’énergie. Répondant donc à Mama Lah, EDM-SA lui rétorquera que sa correspondance, demandant l’état détaillé des livraisons, demeurait toujours sans suite. L’entreprise d’énergie insistait pour une réponse diligente de sons instance toujours en souffrance.
Soutien inopportun de Bintou Camara
Il faut dire que Mama Lah se sentait en position de force pour vouloir imposer à EDM-SA un nouveau contrat sur une livraison dont il avait pourtant déjà tiré tous les bénéfices, ayant déjà usé des avantages douaniers du titre d’exonération, comme il ressort des enquêtes judiciaires. Tenter d’imposer un nouveau contrat à EDM-SA ne manquait pas d’un certain toupet. L’outrecuidance de Mama Lah s’appuyait en fait sur le choix que, deux mois plus tôt le 30 octobre 2023, Bintou Camara venait de porter sur lui, ainsi que trois autres homologues importateurs d’hydrocarbures, comme partenaires privilégiés pour assurer l’approvisionnement correct et ininterrompu de EDM-SA en combustibles. La décision de la Ministre de l’Energie excluait tous les autres importateurs d’hydrocarbures qui ne se reprochaient rien et étaient même en règle vis-à-vis des exigences de l’Etat, pour la plupart d’entre eux à l’exception d’une minorité. Dont justement Mama Lah, comme le prouvent les enquêtes judiciaires. Persister dans ces conditions à entretenir des relations dans la même matière, avec un individu pourtant convaincu d’indélicatesse envers les droits financiers de l’État, a nourri de forts soupçons de délit d’initié, voire de concussion à l’encontre de Bintou Camara.
Des sources nous assurent que la Ministre de l’Energie aurait même tenté d’appuyer la proposition de Mama Lah, devenu son partenaire privilégié, d’un nouveau contrat de livraison sur une quantité déjà exonérée, mais dont les droits ne semblaient pas avoir été apurés auprès de l’Etat.
Ce à quoi EDM-SA opposera une fin de non-recevoir ferme et définitive, ouvrant ainsi la porte à la judiciarisation de l’affaire qui a fini par conduite Mama Lah en prison. D’où il ne sortira que trois mois plus tard, le 7 mars 2024, après avoir versé une caution que l’on dit substantielle. Fin d l’histoire ?
Jean-Baptiste Satono
Source : La revelation