Rien ne va plus entre le milliardaire franco-israélien Beny Steinmetz et le président guinéen Alpha Condé. Accusé par ce dernier d’avoir acquis frauduleusement des permis miniers au mont Simandou, le magnat du diamant est décidé à se battre jusqu’au bout. Une enquête digne d’un vrai roman policier où tous les coups sont permis.
“À quelques jours d’un scrutin législatif à risque pour le parti du président, […] le scénario décrit […] pourrait servir à la répression violente de l’opposition guinéenne, étant rappelé que plusieurs centaines de Guinéens ont, dans un passé récent, été tués par les forces de l’ordre du président Alpha Condé lors de manifestations pourtant pacifiques.” Résumé d’un rapport de Human Rights Watch ? Communiqué d’Amnesty International ? Non : extrait de la mise au point diffusée le 26 septembre par la société minière Beny Steinmetz Group Resources (BSGR), sise dans le paradis fiscal de Guernesey, en réponse aux accusations, fin septembre, de l’hebdomadaire français satirique Le Canard enchaîné sur le prétendu financement d’un coup d’État à Conakry. Ce subit prurit droit de l’hommiste de la part d’un groupe qui, jusqu’à la fin de 2010, entretenait les meilleures relations avec les juntes kleptocrates, gabegistes et souvent criminelles au pouvoir en Guinée peut certes faire sourire. Mais il illustre, à l’instar du discours de N’Zérékoré, le ton, la tournure et la violence qu’a pris l’affrontement entre deux hommes, Alpha Condé et le magnat franco-israélien du diamant Beny Steinmetz, fondateur de BSGR, autour du plus grand gisement de fer inexploité au monde, celui du mont Simandou, dans le “Far East” guinéen. Un jackpot dont la mise en valeur pourrait rapporter à l’un des pays les plus pauvres du monde quelque 140 milliards de dollars (104,5 milliards d’euros) au cours des vingt-cinq années à venir.
Infos ou intox ?
En juin 2012, le journal anglais The Sunday Times dévoilait un accord signé en 2011 organisant, en cas de non-remboursement d’un prêt de 25 millions de dollars à la Guinée, un transfert de titres miniers de la Société guinéenne du patrimoine minier d’une valeur de plusieurs centaines de millions de dollars vers l’homme d’affaires sud-africain Walter Hennig. Dix jours après parution, Nina Mitz, PDG de FTI Consulting France dont Steinmetz est le client, ancienne conseillère de Dominique Strauss-Kahn et de Laurent Fabius, souhaite remettre à Jeune Afrique deux documents. Le premier est présenté comme la copie de la convention de prêt évoquée par le Sunday Times ; le second est un schéma complexe, censé illustrer un complot visant à s’accaparer les mines guinéennes alliant notamment Walter Hennig, le milliardaire américain George Soros, l’ancien ministre sud-africain Tokyo Sexwale, ou encore l’intermédiaire Jean-Yves Ollivier. L’examen de ces pièces par J.A. et par un avocat minier, l’incapacité de Nina Mitz à expliquer le schéma, nous ont conduit à douter de l’authenticité et de la véracité du dossier. Le choix a donc été fait de ne pas les publier.
Jeuneafrique