La raison du plus fort est toujours la meilleure, dit-on. Cette maxime sied bien au rejet de la grosse du 11 mars 2013 suivant bordereau N° 344 (affaire du collectif des revendeurs du PMU-Mali contre le PMU-Mali pour réclamation de droits et dommages intérêts). Mécontente de la décision rendue par la Cour d’appel (tribunal du travail de Bamako), la Direction du PMU-MALI a fait appel à la Cour suprême. Elle a rendu le 10 mai 2016 son verdict. La Cour suprême a définitivement tranché la question considérant les revendeurs de PMU-Mali comme des travailleurs mais plutôt comme des prestataires de service, qu’il y a lieu de rejeter la demande du Collectif des revendeurs de PMU-Mali enregistré à Bamako le 27 mai 2016 suivant bordereau 1126 ). Ce jour-là, la Cour suprême était présidée par le président de la section judiciaire de la Chambre sociale ( Sambala Traoré, et de Mme Keïta Lallé Mériem Zouboye, Bougary Sissoko , Alfisséni Diop). Ce rejet par la Cour suprême sent l’argent. Dès lors, on comprend aisément pourquoi cette institution qu’est la Cour suprême est au cœur des préoccupations des Maliens. Vivement le procès de la justice !
POINT DE MIRE
Les défis du Mali
Entre les rêves et les menaces, il y a les défis à relever, c’est-à-dire ce que les Maliens peuvent faire si elle s’en donne ou si on lui donne les moyens. Le Mali est confronté aujourd’hui à trois défis majeurs : la démographie et l’urbanisation galopante, la paupérisation de sa population, la force de sa jeunesse insolente et consommatrice. La population malienne est très jeune. 60% a moins de vingt ans. Elle n’a vécu ni la colonisation ni les soubresauts des indépendances. Elle a perdu en partie le respect des traditions, de la famille, des pouvoirs. Elle est immergée dans le bouillonnement des cultures urbaines faites de rencontres, de passions, de défonces. Elle voit et entend tous les jours comment d’autres jeunes en Occident profiter des bienfaits de la consommation et des ressources de la technologie. Elle veut sa part et ne reculera devant rien pour l’obtenir, comme le font sous ses yeux des dirigeants avides, des fonctionnaires corrompus, des privés inventifs et des golden boy mafieux. D’où le développement au Mali, à rebours des traditions de l’hospitalité africaine, du banditisme et la criminalisation d’une partie de cette population qui décourage à la fois les touristes, les investisseurs. Mais si la contestation sociale n’est pas seulement protestataire, cette jeunesse peut être aussi le ferment d’un renouveau de la politique et de la culture, d’avancées vers la modernité, d’intérêt pour les problèmes de l’environnement, de l’eau, de la santé, du désir d’exploiter la technologie et de faire connaître ses savoir-faire au reste de la planète en bousculant les institutions fatiguées laissées par un 20e siècle improductif.
ELLE A DIT A PROPOS DES JEUNES DU MALI
«Ayez la conviction, levez-vous pour le Mali. Demain il n’y aura plus de Mali. Les dirigeants ont tout détruit avec l’argent. Coffre fort ne suit pas corbillard», Mme Bindé Fanta Sidibé Paris de passage à Bamako.
SAGESSE BAMBARA
«Tu es avec les voleurs, tu es avec les dénonciateurs, tu es le petit chien de deux maisons. Tu n’as pas de caractère, tu tournes à tout vent comme une girouette.»
COMPRENDRE
Le RDA
Ce RDA (Rassemblement démocratique africain) est un creuset pour les futurs dirigeants africains des indépendances : Félix Houphouët Boigny, Sourou Migan Apithy, Léon M’Ba, Hamani Diori, Jean-Félix Tchikaya, Emile Derlin Zinsou, Gabriel Lisette, François Tombalbaye, Abdoulaye Wade… Son objectif est clairement exprimé: émancipation des pays africains du joug colonial par l’affirmation de leur personnalité politique, économique, sociale et culturelle, et adhésion libre à l’Union française sur la base de l’égalité des droits et des devoirs.
Le RDA, dans ses discours et son manifeste, dénonce sempiternellement le gouvernement français réactionnaire, colonialiste et impérialiste. Les revendications sont maximales : revalorisation des prix des produits et réduction des profits des trusts coloniaux sans répercussion sur les prix à la consommation, abolition des impôts de capitation, développement et modernisation de l’Afrique, éducation pour tous, application du principe « à travail égal, salaire égal », semaine de 40 heures…
La première cassure se produit lors de l’apparentement du RDA au groupe communiste. Tout en revendiquant l’indépendance du RDA, une « organisation africaine adaptée aux conditions africaines, dirigée par des Africains au service de l’Afrique noire «ses dirigeants, par souci d’efficacité, décident de s’allier avec l’Union républicaine et résistante (URR), un satellite du parti communiste, dominée par la figure de Pierre Cot, tout en proclamant que « le RDA n’est à aucun titre une section du parti communiste français ».Cette alliance fait traiter dans une partie de la presse les élus RDA de communistes et provoque une scission, certains de ses membres (Apithy, docteur Aku) rejoignant un nouveau groupe, les Indépendants d’Outre- mer (IOM). Affirmant la victoire du camp anti- impérialiste, « de la Chine démocratique aux vaillants peuples d’Europe, des progressistes américains à la glorieuse Union soviétique », le RDA a fait son choix dans un monde qu’il divise en deux, colonisateurs/colonisés, oppresseurs/oppressés, même si dans la réalité son action, pilotée par Houphouët- Boigny, est beaucoup plus marquée par l’opportunisme et le sens des réalités.
La répression
Dans les textes du RDA, une part importante est accordée à la « répression » contre les militants du RDA. Pour les dirigeants, il n’y a jamais eu de faute des militants et les incidents ne sont dûs qu’à des « meetings de provocation » des adversaires (incidents de Treichville du 6 février 1949), ou à des massacres perpétrés par des Européens armés (tuerie de Dimbokro du 29 janvier 1950). Ces évènements sont minutieusement consignés dans l’ouvrage de Gabriel Lisette. Il énumère ainsi une vingtaine d’incidents en Côte d’Ivoire dans les années 1949-1950, et une tentative d’arrestation d’Houphouët -Boigny qui échoue. Au bilan, plusieurs morts et 3000 militants en prison, alors qu’aucun militaire africain ou métropolitain n’a été « égratigné».
Les troubles ont également touché d’autres régions de l’Afrique noire. Au Gabon, ce sont les affaires Ilongo, Monga, Port Gentil de 1948 à1953, et l’inculpation de Léon M’Ba, acquitté en 1950. En Haute –Volta, l’interdiction du congrès du RDA en 1948, les incidents de Ouhabou de 1949 et de Koukaen en 1950. En Oubangui-Chari, l’affaire Kete de 1952. Au Tchad, les révoltes d’Abéché, de Bongor, de Fort-Archambault, de Doba et la rébellion de Moundou de 1950 à 1952. En Guinée, l’arrestation de Sékou Touré, secrétaire général de l’Union des syndicats CGT en juin 1950, suite à la grève générale. Au Soudan, les affaires Ouani et Fonkolo de 1950. Au Dahomey, les incidents de Porto-Novo d’avril 1951. Au Togo, l’affaire Vogan de 1951. Au Cameroun, la traque de l’UPC, et à Madagascar les troubles sanglants depuis la manifestation du 19 mai 1946 jusqu’à la rébellion de 1947 -1948 et à la répression qui, selon les estimations, ont fait entre 10 000 et 90 000 victimes. Certains incidents ne sont pas d’origine politique. A Niangologo, il s’agit d’une affaire d’adultère qui a mal tourné. D’autres s’appuient sur des faits mineurs (une quête au Niger pour le journal Le Réveil entraîne la comparution de toute la section du parti) où concernent des incidents entre Africains, comme la campagne électorale de 1952 au Sénégal. Il reste que, du délit de participation à une manifestation interdite, jusqu’à celui d’incitation à l’émeute, toute une gamme de sanctions, mutations, condamnations, accompagnées parfois de coups et blessures ou de tortures, a été employée contre les adversaires du gouvernement français.
L’action contre la répression Elle est d’abord juridique. Des avocats communistes (Blanche Poirier-Matarasso, Gerty Archimède), progressistes (Pierre Stibbe) ou apolitiques prennent la défense des inculpés, organisent des manifestations de soutien comme le « Comité de défense des libertés démocratiques en Afrique noire » pour mettre en exergue la lutte de ces militants contre le colonialisme.
L’action est aussi politique : demande de création de commissions d’enquête parlementaire sur les incidents de Madagascar, sur les troubles antifrançais dans les territoires d’Outre-mer, et sur les incidents de Côte d’Ivoire ; refus de la confiance à un gouvernement « qui se donne toutes les apparences d’être le fidèle exécutant des volontés colonialistes de la Banque de Madagascar et de la Banque d’Indochine » et surtout combat pour la loi d’amnistie du 27 mars 1956, qui s’applique à la quasi-totalité des délits politiques commis en Afrique noire
Elle est enfin médiatique par la création dune presse où les militants du RDA jouent un rôle de direction et d’animation : Le Réveil AEF nouvelle, Le Démocrate.
Source: «La France en
L’Inter de Bamako