L’affaire du jeune Adama Traoré, mort dans des conditions encore floues lors d’une arrestation en France, continue de défrayer la chronique avec son lot d’indignations. Alors que sa famille demande l’implication « personnelle du président de la République » pour avoir justice, le gouvernement malien a indiqué, mercredi 10 août, que « cet Adama » n’a pas la nationalité.
« J’ai trouvé déshonorant, inutile et infondé le communiqué du gouvernement ». Samba Gassama n’en revient toujours pas après l’annonce des autorités « refusant » la nationalité malienne à feu Adama Traoré. « Non seulement elles ne connaissent pas la loi, mais en plus elles traitent avec mépris la descendance d’une diaspora qui a tant apporté à son pays avec des termes insultant comme “cet Adama TRAORE ” », s’indigne M. Gassama qui vit en France depuis 27 ans.
Dans le communiqué, le gouvernement a affirmé « qu’aucune base juridique » ne prouve qu’Adama est de nationalité malienne. « Même si sa mère est détentrice d’un passeport malien périmé », indique toujours le même communiqué. Pourtant selon le Code de nationalité, être né d’une mère malienne est suffisant pour avoir la nationalité malienne.
« Donc au Mali, un passeport périmé t’enlève automatiquement la nationalité…» ?, s’interroge Alassane, un autre malien vivant en France. Cette question taraude également les esprits dans les rues de Bamako. Adama, ancien aventurier, trouve l’attitude du gouvernement malien « tout simplement scandaleuse ».
La goutte de trop ?
L’affaire Adama Traoré vient s’ajouter à d’autres formes « d’injustice » dont la diaspora malienne, notamment en France, affirme être victime. Dans leurs pays respectifs, ils dénoncent une « indifférence du Mali » à leur égard.
« L’état malien est incapable de fournir ne serait-ce que des papiers officiels a ses citoyens. On obtient plus facilement des nationalités étrangères qu’un passeport malien », affirme Samba. Il se demande ce que les ressortissants maliens peuvent bien « attendre de cet Etat ». « Il n’est pas capable de nous défendre à l’extérieur…On s’entraide mais les autorités consulaires ou diplomatique sont inexistantes », renchéri-t-il.
Pour la plupart d’entre eux, ils n’intéressent que pour des « assistances financières ou des besoins électoraux », mais jamais pour « bénéficier de protection » de la part de leur pays.