Les mairies des six communes du district de Bamako et celles de ses communes environnantes sont en grève depuis lundi dernier pour soi-disant dénoncer l’arrestation de Adama Sangaré, maire du District et d’autres maires dont ceux de Baguinéda, de Mountougoula et des deux élus de la commune I. Au lieu d’évaluer les conséquences des montants reprochés à leurs collègues sur l’économie malienne, ces syndicalistes se donnent en spectacle en disant que l’incarcération d’Adama et autres a plus « d’inconvénients que d’avantages ». Quelle incohérence ! Quelle honte !
Aller en grève d’une semaine pour réclamer la libération de ceux qui sont des présumés auteurs de détournement de deniers publics. C’est au Mali qu’on voit cela. Oui, dans ce pays où le ridicule a cessé de tuer. Pendant que la majorité des Maliens se réjouissent du travail de titan en cours de la justice malienne : l’arrestation des présumés auteurs et complices d’atteintes aux deniers publics, d’autres Maliens, des élus de surcroit, se lèvent pour « réclamer la libération » de certains de ces détenus avec des arguments non convaincants. C’est en tout cas, le cas du syndicat mixte de l’inter collectivité « Grand Bamako ». Ce syndicat dit vouloir « exiger » la libération provisoire du maire du District de Bamako, Adama Sangaré, ainsi que les maires de Baguinéda, de Mountougoula et deux élus de la Commune I. « Nous Syndicat mixte de l’Inter collectivité du « Grand Bamako », constatons avec amertume, les interpellations et la mise sous mandat de dépôt à la Maison centrale d’arrêt de Bamako des maires du District, de Baguinéda, de Mountougoula et deux élus de la commune I », a-t-on lu dans leur communiqué.
Mme Karembé Rokia Diarra et ses éléments, en panne d’arguments, cherchaient désespérément à défendre l’indéfendable. Sans mesurer la gravité de l’infraction qui est reprochée à leurs collègues détenus à la MCA de Bamako-Coura, ces syndicalistes soutenaient que « la privation de la liberté de mouvement qui leur (Adama Sangaré et autre) est imposée présente plus d’inconvénients que d’avantages ». Quelle comédie ! Oui, la détention de Adama Sangaré et des autres maires, présente plus « d’inconvénients que d’avantages », mais pas pour les Maliens victimes de la mauvaise gouvernance, de la gabegie, des prédateurs fonciers…Leur arrestation présente plus d’inconvénients pour, peut-être, leurs soutiens, surtout ceux qui les défendent bec et ongles sans mesurer la gravité des faits qui leur sont reprochés. Ces maires syndicalistes, sans avoir honte, estiment que « l’incarcération du maire Adama Sangaré représente en termes de création d’emplois et de retombées financières une perte considérable pour la collectivité ». En entendant ces propos, on a envie de se demander si ces syndicats sont aux sérieux. Ont-ils pensé combien d’emplois peuvent créer les montants reprochés aux différents maires ? « C’est pourquoi, nous estimons que la mise en liberté des maires du District de Bamako, de Baguinéba et de Mountougoula qui n’entrave en rien la manifestation de la vérité des affaires pendantes devant la justice de notre pays, rapporterait plus à leurs collectivités que leur détention », ont-ils laissé entendre lors de leur point de presse. Il reste à leur demander que ferait la justice si les partisans de tous les détenus réclament leur mise en liberté provisoire avant la manifestation de la vérité.
Dans un pays mis à genou par la mauvaise gouvernance, le détournement des deniers publics, ce sont des élus locaux qui réclament la libération de ceux qui sont arrêtés pour présomption de détournement. Si c’est pour défendre les maires en difficultés, l’ancien maire de la commune VI, Alou Diallo, a été suspendu et révoqué devant tout le monde. Que s’est-il passé ? Où étaient ces syndicalistes à l’époque ?
Ni Adama Sangaré ni les autres maires ne sont au-dessus de la loi. Certes, ils ne sont pas pour le moment jugés coupables, mais les maires grévistes devraient avoir honte d’aller en grève pour défendre des personnes présumées être en infraction. Que prime l’intérêt général des Maliens !
Boureima Guindo
Source : LE PAYS