Ce dimanche 22 décembre 2024, l’Alliance des États du Sahel (AES), représentée par le Général Assimi Goïta, a diffusé un communiqué ferme sur la télévision nationale malienne. Le bloc, constitué par le Mali, le Niger et le Burkina Faso, rejette la proposition de la CEDEAO de prolonger de six mois la mise en œuvre de leur retrait. Cette décision, perçue comme une tentative de déstabilisation orchestrée par des puissances étrangères, notamment la France, s’inscrit dans un contexte de relations déjà tendues entre les deux entités.
La CEDEAO, lors de son sommet extraordinaire du 15 décembre 2024 à Abuja, avait proposé une période de transition allant jusqu’en juillet 2025. Cette prolongation visait à finaliser les aspects techniques du retrait des trois pays tout en maintenant les possibilités de dialogue pour une éventuelle réintégration. Cependant, l’AES considère cette démarche comme une manœuvre dilatoire permettant à des puissances étrangères de s’ingérer dans ses affaires internes.
« Cette décision unilatérale ne saurait lier les pays de l’AES », souligne le communiqué signé par Assimi Goïta. Le texte dénonce également des « manœuvres de déstabilisation » de certains membres de la CEDEAO et accuse la France de dissimuler ses ambitions néocoloniales derrière des actions de retrait apparentes.
Sécurité renforcée
En réponse à ce qu’elle qualifie de menaces internes et externes, l’AES a décrété une alerte maximale au sein de ses forces armées. Un théâtre unique d’opérations militaires a été mis en place pour une coordination accrue entre les trois pays. Parallèlement, les populations sont appelées à redoubler de vigilance et à collaborer activement avec les forces de sécurité.
L’AES accuse également Paris d’appuyer financièrement et logistiquement des groupes armés opérant dans des zones frontalières sensibles, compromettant ainsi les efforts de stabilisation dans la région.
Le retrait des trois pays de la CEDEAO, effectif depuis janvier 2024, modifie considérablement les équilibres régionaux. Sur le plan commercial, le Fonds Monétaire International (FMI) estime que cette décision augmentera les coûts de transaction pour ces nations enclavées. Cependant, l’AES affirme vouloir renforcer la libre circulation des biens et des personnes dans l’espace ouest-africain, tout en poursuivant ses ambitions de sortie du franc CFA.
Le bras de fer entre la CEDEAO et l’AES reflète une opposition de visions sur la gouvernance régionale et la souveraineté. Alors que la CEDEAO cherche à préserver son influence, l’AES s’émancipe en nouant des alliances stratégiques, notamment avec la Russie. À l’approche de janvier 2025, les tensions continuent de s’intensifier, laissant peu de marge pour un compromis.
Madiassa Kaba Diakité
Source : Le Républicain