De la majorité à l’opposition, de l’opposition à la majorité. Voilà la caractéristique de la troisième force politique malienne. Une position hybride sur la scène politique, inspirée du président actuel, son excellence Ibrahim Boubacar Keïta. En tout cas, c’est sur lui que les responsables du parti prennent exemple pour argumenter leur entrée dans la majorité, tout en se déclarant toujours de l’opposition.
L’alliance démocratique pour la paix ADP-Maliba est une formation politique hybride. Ses actes ne riment du tout pas avec ses paroles.
En effet, l’accord politique de gouvernance signé le 02 mai 2019 qui a conduit à la formation du gouvernement de mission avait été rejeté par le parti ADP-Maliba. Mais ce même accord vient d’être signé par le même parti le 30 décembre 2019.
Conscients de leur incohérence, les responsables du parti tentent d’expliquer l’inexplicable. « L’accord de gouvernance qui nous a été soumis le 26 juin 2019, nous avons dit que ça ne répondait pas aux préoccupations du parti, qui veut qu’il y ait un consensus, un débat national », a laissé entendre le président Youba Ba face à la presse, le 02 janvier 2020, au siège du parti. Une préoccupation qui figure à l’article 2 de l’accord politique.
Aux dires du président de l’ADP-Maliba, le moment idéal pour eux de signer l’accord politique, c’est après le dialogue national inclusif. Or, le contenu de cet accord politique n’a pas changé. Il y a lieu de s’interroger alors de quelles préoccupations parlaient-ils ?
En ce qui concerne le dialogue national inclusif, l’ADP-Maliba ne s’était-il pas exclu de fait du dialogue ? Car dans l’article 18 de l’accord politique, il est expressément mentionné que « la signature du présent accord est l’expression de l’adhésion au principe du dialogue politique inclusif dans l’intérêt supérieur de la Nation malienne et la recherche, dans une démarche participative, des solutions de sortie de crise ».
Cet honneur d’adhésion au dialogue national a été refusé par l’ADP-Maliba. Car, si la signature de l’accord est l’expression et l’adhésion au dialogue, le refus de sa signature ne saurait autre que l’expression de l’auto exclusion du dialogue. Mais à la surprise générale, le parti s’est auto invitée. Quelle incohérence !
Après l’échec patent du président Youba Ba à convaincre les hommes de média sur la signature de l’accord politique, le secrétaire général lui a porté secours, sans succès. En manque d’argumentation, Me Abdoulaye Sidibé s’est contenté de dire que leur signature du document vise à suivre la mise en œuvre des résolutions et recommandations issues du dialogue national inclusif. En cas d’échec de la mise en œuvre des résolutions et recommandations, Me Sidibé affirme que le parti se retirera de la commission de suivi.
Me Sidibé estime qu’en politique, la contradiction est de mise. Pour illustrer ses propos, il s’est inspiré du président Ibrahim Boubacar Keïta. « Vous savez, le président IBK, avant d’arriver au pouvoir, disait qu’ATT est défaillant. S’il ne peut pas, qu’il dégage. A son accession au pouvoir, la première action, c’était d’ouvrir une enquête contre ATT pour dire qu’il a trahi le pays. Mais à la clôture du dialogue qu’est-ce qui a été fait ? C’était M. le président, vous êtes un digne fils de ce pays, je vous mettrai en mission », s’est-il inspiré.
Oumar SANOGO
Le Démocrate