Human Rights Watch accueille favorablement l’adoption des résultats de l’Examen Périodique Universel du Mali. Compte tenu des inquiétudes persistantes concernant la faiblesse de l’État de droit et l’augmentation dramatique des allégations de violations des droits humains dans le contexte des opérations antiterroristes et de la lutte contre les violences communautaires, nous exhortons le gouvernement à mettre en œuvre rapidement et pleinement les recommandations visant à relever ces défis.
Nous restons extrêmement préoccupés par les graves violations des droits humains commises par les forces de sécurité maliennes contre des membres présumés de groupes armés islamistes. Depuis 2017, Human Rights Watch a documenté les exécutions sommaires présumées d’au moins 60 suspects, des dizaines de disparitions forcées et de nombreux cas de torture et de mauvais traitements aux mains des forces de sécurité. Aucun de ces incidents n’a donné lieu à des poursuites contre des membres des forces de sécurité ni à des réparations pour les victimes ou des membres de leurs familles.
Le gouvernement s’est engagé à enquêter sur plusieurs de ces incidents, dont un où 25 hommes auraient été exécutés il y a deux semaines à peine. C’est une étape importante, mais pour une véritable responsabilisation, le gouvernement devrait appliquer pleinement les recommandations de l’EPU visant à garantir que les enquêtes criminelles sur certains membres des forces de sécurité respectent les normes internationales de crédibilité, d’impartialité et d’indépendance, et que le gouvernement s’assure que les forces de sécurité respectent le droit international humanitaire et des droits humains.
Nous restons aussi extrêmement préoccupés par les conflits intercommunautaires persistants dans le centre et le nord du Mali, qui sont exacerbés par les tensions ethniques liées au banditisme ainsi qu’à l’accès à la terre et à l’eau, et qui ont fait plusieurs centaines de morts et des milliers de déplacés. Les conflits dans la zone de Ménaka et dans la région de Mopti se sont dramatiquement aggravés en 2018, provoquant des dizaines de morts.
Le gouvernement a pris des mesures pour calmer les tensions, mais il a en grande partie négligé de mener des enquêtes et des poursuites contre les responsables de violences. Human Rights Watch exhorte le gouvernement à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la population menacée par la violence communautaire dans les zones qu’il contrôle, et à appliquer les recommandations de l’EPU visant à renforcer la lutte contre l’impunité, notamment en garantissant des enquêtes et des poursuites rapides et équitables.