Ça y est : Dr. Boubou Cissé a choisi l’Union pour la République et la Démocratie (URD) pour déposer ses valises. L’ancien et dernier Premier ministre d’IBK, jusqu’au coup d’Etat du 18 août 2018, a choisi la section de Djenné, sa ville d’origine, comme son point de chute.Mais, en réalité, le poste de secrétaire aux affaires économiques de la section, qui lui a été dévolu, apparaît plutôt comme le point de départ d’une ambition présidentielle à peine dissimulée.
C’est déjà une première victoire que l’ancien Premier ministre d’IBK ait pu officialiser son adhésion au parti du défunt chef de file de l’opposition. L’arrivée en fanfare de Mamadou Igor Diarra avait fait du banquier le «candidat naturel» qu’attendait la formation.
L’URD, alors en deuil et orphelin de l’imposante personnalité de son défunt leader, peinait à se trouver une personnalité d’envergure susceptible de combler son profond déficit de leadership. L’ancien patron de l’hôtel des finances d’IBK, où il avait précédé Boubou Cissé, déjà ancien candidat à la présidentielle de 2018 contre son ancien patron, avait rejoint les rangs de la formation de la poignée de main quelques semaines après la brusque disparition de Soumaïla Cissé.
De fait, l’affaire de l’adhésion de Boubou Cissé était dans les tuyaux depuis plusieurs mois, même quand l’ancien chef dugouvernement était entré dans une longue clandestinité pour échapper à la junte qui le poursuivait pour, disait-on, tentative de coup d’Etat.
Un certain nombre de jeunes loups du parti se sentaient quelque peu à l’étroit au sein du M5-RFP où le parti a vu se diluer son leadership naturel de première force de l’opposition malienne. Le FSD, bien que dirigé de façon intérimaire par Choguel Kokalla Maïga, le coordinateur du comité stratégique du M5, apparaissait plus en réalité comme un regroupement plutôt constitué autour de l’URD, plus que le parti n’y avait au contraire adhéré au regroupement.
De toute évidence, Dr. Boubou Cissé incarne un courant assez fort au sein du parti et avec lequel il faut compter pour déterminer les rapports de force, aussi bien à l’interne que sur l’échiquier car, en dépit de tout, les soutiens de l’ancien Premier ministre débordent largement les cadres d’une seule formation politique.
Les velléités d’un appel du pied à Boubou Cissé étaient apparues comme une alternative aussi crédible, sinon plus pour assurer au parti plusieurs fers au feu de la prochaine présidentielle.
Une adhésion contestée ou attendue ?
Toutefois, la vieille garde sentant des tendances à miner l’unité du parti, avait élevé le ton en assurant que les portes d’une candidature à la prochaine présidentielle restaient ouvertes sous réserve d’une appartenance avérée à la formation, en termes clairs, un militantisme indiscutable. Une réserve vite levée, l’URD s’étant fait une spécialité dans l’absorption de micro-partis et personnalités politiques d’envergure relative.
Mais nombre d’observateurs assurent la surface financière non négligeable du nouvel adhérent. À tort ou à raison, Boubou Cissé est aussi attendu pour regarnir tout ou partie de la bourse d’une formation, dont le financement reposait en grande partie sur la seule personnalité de son défunt président.
La jeune garde, qui a beaucoup œuvré à l’arrivée de l’ancien Premier ministre, entre certainement en confrontation avec les anciens compagnons de Soumaïla Cissé qui perçoivent d’un mauvais œil ce basculement des rapports de force au sein de la formation.
De même, la garde rapprochée, qui s’était entre-temps constituée autour de Mamadou Igor Diarra, perçoit dans cette arrivée le déclenchement des hostilités. Le fils du défunt général Cheik Diarra, patron des questions de défense de la CEDEAO au moment de sa disparition tragique dans un accident d’avion au Nigéria, se voyait dans les atours du candidat incontournable de la formation et héritier putatif du défunt challenger d’IBK aux présidentielles de 2013 et 2018.
Assurément, l’unité de l’URD apparaît donc comme le challenge le plus important avant la prochaine présidentielle, que Boubou Cissé devra d’abord affronter et dont dépendra certainement la suite !
Moussa Touré
Source: Nouvelle Libération