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Acte II de la transition au Mali : Le compte à rebours prend l’ascenseur

Une grande aventure incertaine. Voilà comment pourrait se résumer en quelques mots, la gestion d’Etat au lendemain d’un putsch en république du Mali. Les Transitions s’y suivent mais ne se ressemblent pas, sans compter pour chacune son lot de faits inédits et de tâtonnements politico-institutionnels. Ainsi, cette fois, le pays expérimentera l’organe unique de gestion des élections, choix fait par le gouvernement Choguel qui serait, selon ce dernier, la résultante des leçons tirées de nos expériences passées, et surtout, gage de stabilité post-élection. Cela suppose assez logiquement qu’un tel choix apporterait plus de transparence aux prochaines joutes électorales.

 

La Transition politique en cours s’apparente à une véritable course contre la montre. Le très regrettable épisode du duo Bah N’daw-Moctar Ouane évincé du pouvoir aura suffisamment accéléré le compte à rebours pour inquiéter l’ensemble des Maliens quant au respect du délai imparti. C’est alors que s’était posé aux premières heures de la vie politique post-coup d’Etat l’équation délai/bonne tenue des élections. Au final, le gouvernement Choguel aura fait le choix audacieux de l’organe unique de gestion pour la tenue des prochaines joutes électorales alors que son prédécesseur avait opté pour le système classique (Ministère de l’Administration Territoriale, CENI, DGE). Ce qui semble tout de même paradoxale, c’est qu’aussi bien le gouvernement Ouane que celui de Choguel ont motivé leur choix par, entre autres, le délai imparti qui serait très court.

Toutefois, l’élément qui pourrait mettre le feu aux poudres après la proclamation des résultats va bien au-delà de l’aspect purement institutionnel d’une élection. Le fait est que depuis le coup d’Etat à nos jours, de l’eau a coulé sous les ponts au sein de la classe politique. Le manque de confiance qui était déjà présent s’en est allé crescendo. A côté du mercure social bouillant, le mercure politique existe désormais, et il n’est pas en reste. Au sein des états-majors politiques, le fait que l’Administration dirigée par un groupe de militaires qui fit un deuxième coup d’Etat après avoir commis un premier sachant tous les risques qu’ils encourraient, prouve à suffisance qu’ils ne lâcheraient pas le pouvoir aussi facilement. L’idée qu’Assimi Goita et compagnie puissent céder le pouvoir et rentrer tout bonnement dans les rangs après la prochaine présidentielle, et ce, après avoir tutoyer les hauts sommets de l’Etat, est pour beaucoup de politiciens, trop belle pour être vraie. Car, pourquoi n’ont-ils tout simplement pas céder le fauteuil à un civil aussitôt ?

La défiance et le manque de confiance de nombres d’acteurs politiques en le pouvoir en place semble être le principal verrou que le gouvernement Choguel devra sauter pour éviter une autre crise à un pays qui n’aura que trop souffert. Le gouvernement en place devra convaincre, donner des garanties afin d’emporter l’adhésion du plus grand nombre. Lorsque la fièvre électorale sera à son paroxysme, un seul mot de travers de la part d’un membre du gouvernement, et ce pourrait bien être une malencontreuse étincelle. Rappelons l’épisode du ministre de l’Administration Territoriale en 2013, qui déclara fort maladroitement que si les premières tendances issues des urnes se confirmaient, se serait la victoire d’IBK dès le premier tour. Il n’en fallu pas plus pour que l’autre camp crie à la fraude et à la partialité du ministre, censé être neutre. Cette fois, la situation semble bien plus explosive.

C’est à cela que Choguel devra s’attaquer. Aucun effort ne sera de trop. Pour le reste, l’on espère que l’esprit républicain et conciliateur de l’élite politique l’emportera. Au demeurant, l’organe unique devra aussi s’attaquer aux autres joutes électorales que sont le referendum, les législatives et les communales. Tout cela durant la Transition semble beaucoup. D’autres détails pratiques devront être éclairés pour la compréhension du grand public.

Ahmed M. Thiam  

Source : Inf@sept

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