Au Mali, dans plusieurs localités, les villages ont signé des accords locaux de paix avec les terroristes pour avoir une accalmie sur la violence. Sauf que, ce semblant de paix est un piège qui se referme non seulement sur les villages signataires, mais aussi sur l’armée dont l’opération se complique dans ces différentes zones.
Le contenu de ces accords locaux est simple : ‘’Acceptez de coopérer avec nous et on vous laisse en paix’’. Voilà le plan diabolique mis en place par les terroristes dans la plupart des localités du centre du pays. Un véritable pacte avec le diable qui est en train de gagner tout le Centre et une partie du Nord, mais aussi qu’on tente d’imposer désormais dans les zones du Sud. Ce pacte qui s’avère être simple est en réalité très dangereux pour la préservation de l’intégrité du territoire national.
D’abord, une fois les accords signés, les villages signataires sont appelés à coopérer avec les terroristes. Ce qui veut dire qu’ils ne doivent en aucun cas dénoncer les terroristes dans leurs opérations, mais au contraire, ils sont tenus de les accompagner et les protéger. Ces villages constituent donc des soutiens de taille aux terroristes. Car, ces derniers prélèvent des aumônes (zakatte) sur les biens des populations de la zone, notamment sur les récoltes des produits agricoles mais aussi sur les animaux et d’autres biens commerciaux.
Aussi, les terroristes se ravitaillent-ils en carburant auprès de ces mêmes populations et des commerçants obligées de leur vendre tout produit de premières nécessités dont le carburant. Ce qui permet aux terroristes de circuler librement sur un terrain qu’ils contrôlent totalement, avec zéro risque d’être dénoncés. Pire, ils infiltrent les mêmes populations dont ils reçoivent des informations et renseignements sur les mouvements des Forces Armées et de Sécurité. En clair, ces villages deviennent des complices parfaits contre leurs volontés. Voilà pourquoi les accords locaux engendrent peu à peu des conséquences fâcheuses pour la République.
Un phénomène organisé qui se propage !
Les accords locaux sont loin d’être le choix des populations. C’est une imposition des terroristes qui exercent une pression intense sur les populations afin que ces derniers acceptent d’aller vers les accords. Cela sous le regard des représentants de l’Etat qui observent la situation à partir des cercles ou des régions. « On n’a pas le choix. Au début, tous ces villages que vous voyez aller vers les accords se battaient arme à la main contre les terroristes pour défendre leurs villages. Mais par la suite, ils n’ont pas pu tenir. Parce que les terroristes ciblent les moments sensibles pour exercer la pression. Au début de l’hivernage, donc des périodes de semis, pour empêcher les populations d’entamer les travaux champêtres et vers les moments de récoltes pour saboter le peu qui a pu être cultivé. On vous empêche donc de cultiver et au bout de trois mois, vous êtes à court d’aliments et ils vous disent, acceptez de coopérer et on laissera cultiver les champs. Voilà comment ils imposent leur marque. Malheureusement, les représentants de l’Etat encouragent les accords, car ils cherchent l’accalmie à tout prix pour, je ne sais, quelle fin », s’interroge un ressortissant d’un village du Cercle de Koro sous l’anonymat.
Selon les populations de ces zones, une fois le terrain gagné, les terroristes progressent vers d’autres zones avec le même mode opératoire. Ainsi, plus l’accalmie est ressentie dans une zone, plus le Mali perd le contrôle de la même zone et la situation devient compliquer.
Les groupes d’autodéfense affaiblis !
Le hic dans cette histoire est l’affaiblissement des groupes d’autodéfenses. L’on se souvient du récent vocal de Youssouf Toloba, chef d’État-Major de Dana Ambassagou. Dans son intervention, il a attiré l’attention des autorités de la transition, particulièrement le chef de l’État, sur la situation dramatique du centre, mais surtout sur les accords qu’il qualifie de tromperie.
« Je vous demande de tout faire pour parvenir mon message au président Assimi Goïta. Je voudrais qu’il regarde la situation en face. Je le dis, je le répète, sécurité zéro, sécurité zéro. Si ceux qui sont près de lui ne lui disent pas la vérité, moi je vais la lui dire », déclarait-il.
Selon Youssouf Toloba, la situation sécuritaire est plus délicate aujourd’hui qu’au paravent. « Je dirais que la situation est plus compliquée aujourd’hui qu’au paravent. Avant, les gens défendaient leurs villages et étaient prêts à mourir pour le Mali, mais aujourd’hui à cause des accords, ils ne peuvent rien faire. D’autres sont tournés le business. Ils ne font que coopérer et les terroristes progressent vers d’autres zones malheureusement. Si cela continue comme ça, même Assimi ne sera pas en sécurité à Koulouba. Que vous me croyiez ou pas, c’est la réalité », a-t-il lâché.
« Les donsos ne sont pas vos ennemis »
Dans le même message, Toloba a appelé l’armée malienne à ne pas considérer les donsos comme leurs ennemis ou ceux de la nation, mais plutôt comme un partenaire. « Nous aimons notre armée et nous sommes là pour les accompagner. La sécurisation du pays c’est leur mission et c’est Dieu qui en a fait ainsi. Mais, il faut prendre en compte la réalité du pays. Dans beaucoup de zones, sans les donsos les populations sont livrées à elles-mêmes face aux terroristes. Donc, j’appelle nos militaires à arrêter de retirer les armes des Danas, car sans cela on ne peut pas résister aux assauts des terroristes », a-t-il plaidé.
Aujourd’hui, les terroristes ont un contrôle total sur les villages sous accords. La preuve ? Récemment, le gouverneur de la Région de Bandiagara a expliqué l’approvisionnement des terroristes en carburant par les villageois du cercle de Koro. Pour minimiser ce facteur hautement nuisible à la paix, il a décidé de diminuer la quantité de carburant importée dans la localité. Sauf que les populations seront frappées par la même mesure visant les terroristes puisque ces terroristes dictent déjà leurs lois aux populations de la zone. Ce qui compliquera davantage la tâche de l’Etat sensé satisfaire le besoin des populations, mais en même temps combattre les terroristes.
D’où la dangerosité des accords locaux, car à la longue, le Mali pourrait permettre ses vrais citoyens qui se désengagent, contre leurs volontés, Ce qui rendra très difficile la lutte contre le terrorisme.
Les autorités de la transition sont donc invitées à trouver une stratégie adaptée à la réalité du terrain pour mieux combattre les terroristes, tout en mettant fin ces alliances de contre nature. Pour se faire, l’armée doit forcément occuper le terrain de façon permanente afin de protéger les populations et tous leurs biens.
A.K
Source : Ziré