Contrairement à ce que pensent les plus optimistes des travailleurs Maliens, le combat légitime engagé par l’Union nationale des travailleurs du Mali (Untm) depuis 2011, en vue de l’amélioration des conditions de vie et de travail de ses membres, ne fait que commencer.
Certes, le syndicat, en allant arracher avec bravoure et détermination un accord, le mardi 29 octobre 2014 au ministère de la fonction publique, avec le gouvernement a gagné une bataille. Mais pas la guerre. Surtout quand on sait que nous vivons dans un pays où le luxe est devenu la seule préoccupation des autorités, la fraude et la surfacturation leur mode de gouvernance. C’est donc dire que le plus dur, qui consiste en l’application stricte de cet accord au moment indiqué, est à venir. Et pour le surmonter, il n’y a qu’une alternative : maintenir la pression jusqu’au bout. Et croire à une quelconque volonté politique du gouvernement serait fatal pour l’UNTM. Car la réalité est que le gouvernement ne voulait pas satisfaire les 17 points de revendication déposés par l’Untm, mais il en a été obligé face à la détermination des travailleurs qui refusent de raser le mur pendant que les princes du jour se livrent à des dépenses de prestige. En témoigne suffisamment la ténacité et la durée des négociations qui ont continué jusqu’au jour même de l’entrée en vigueur du préavis de grève déposé par la centrale syndicale. C’est donc dire que c’est par crainte, de voir le syndicat asphyxier une seconde fois l’administration publique, après une première grève générale bien réussie, que le gouvernement a fini, bon gré malgré, par jeter l’éponge. C’est-à-dire qu’il s’est engagé dans un accord sans le vouloir vraiment trop. Et naturellement, il risque de prendre au dépourvue l’Untm au moment de l’application de l’accord en tentant, comme il l’a toujours fait jusque-là, de se cacher sous un faux prétexte de manque de moyen financier. Surtout quand on sait aussi que les partenaires techniques et financiers, qui ont tourné dos face à la mauvaise gouvernance, ne viendront pas de sitôt et que sa décision de revenir sur la hausse des tarifs d’électricité et d’eau était une exigence du FMI. Voilà autant d’inquiétudes qui poussent à dire que l’Untm risque de se faire entraîner dans un guêpier si jamais elle se permet de prendre pour argent comptant les engagements du gouvernement. C’est une course de fond. Et ce serait une grosse erreur de sa part, si elle tempère la pression. Pour ces raisons, cet accord doit être surveillé comme du lait sur le feu. Le cas échéant toutes les énergies dépensées jusque-là ne seront que vaines et gratuites.
Youssouf Z KEITA