Le quartier de Samé niché au pied de la colline sur la route allant vers Kati par l’ouest vit dans la hantise des accidents. En effet, les véhicules (surtout les gros porteurs) se s’invitent régulièrement dans les concessions qui longent la route. Il faut dire qu’au niveau de Samé, la voie qui mène à Kati et s’étire jusqu’à Dakar, est très escarpée. Les manœuvres y sont délicates et les maladresses se paient généralement cash. C’est ce qui est encore arrivé dans l’après-midi de mardi et dans la nuit de mercredi.
Selon les riverains, dont Me Tiémoko Traoré, greffier en chef à la retraite, l’accident de mardi après-midi a impliqué un camion citerne en provenance de Kati qui dévalait la pente. Sur la dernière portion de la descente, peu avant de parvenir au pont menant à la cité des logements sociaux de Samé, des gens remarquèrent que la citerne trainait sous ses roues un véhicule pick-up de marque Mitsubishi. Soudain, le camion perdit l’équilibre et se coucha sur le flanc et … sur la voiture.
Auparavant, il avait arraché le garde-fou, les panneaux indicatifs et tout ce qui se trouvait sur son passage. Plusieurs engins à deux roues garés aux abords de la route furent ainsi écrasés.
Avant que le gros porteur n’atterrisse sur le côté gauche de la voie, la dame Sylvie Diarra, une vendeuse de bananes, fut la première à donner l’alerte. Elle poussa un cri strident qui attira l’attention de tous ceux étaient dans les parages. S’ensuivi un sauve-qui-peut dans un désordre indescriptible. Vendeuses de fruits, tenancières de gargote, propriétaires de kiosque, usagers de la route, chacun prit ses jambes à son cou pour échapper au camion fou.
Sylvie Diarra a jeté par instinct son bébé de quelques mois aux hommes qui s’étaient mis à l’abri sur un monticule. Elle même, dans un effort surhumain, les rejoindra quelques secondes plus tard. Elle s’en est sortie avec des blessures aux pieds, aux jambes et aux mains.
Le camion citerne alla percuter la base de deux poteaux électriques de la société Énergie du Mali pour s’immobiliser avant de se coucher sur le côté.
Sous le violent choc, les poteaux électriques projetèrent les étincelles, témoigne Seydou Doumbia, un vulcanisateur. « Nous avons eu la peur de notre vie », avoue-t-il. Ses propos ont été confirmés par des voisins. Hier à notre passage, des bouts de fil électriques hérissaient les débris jonchant le sol. Toujours selon Seydou Doumbia, le court-circuit provoqué sur le poteau a endommagé tous les sous-compteurs des environs. Ce sont les policiers qui dégagèrent le chauffeur du pick-up qui, finalement, n’a pas survécu.
Les secouristes firent venir un autre camion citerne pour transvaser le contenu de carburant de la citerne endommagée avant de procéder à son redressement. Cette opération délicate a failli tourner au drame à plusieurs reprises, assure le vulcanisateur. « Du carburant s’est déversé sur les abords de la voie. Le petit groupe électrogène apporté pour permettre le transbordement du carburant a failli s’enflammer, car il était posé à proximité du carburant déversé. Nous nous sommes portés au secours pour circonscrire l’incendie qui menaçait de démarrer. Pendant toute l’opération, des menaces d’incendie étaient perceptibles. L’atmosphère était pleine de vapeurs de carburant », explique encore le vulcanisateur Seydou Doumbia.
La police a été mobilisée pour sécuriser l’opération de sauvetage. Le chauffeur d’un bus de la compagnie Africa Star Express en provenance de Kati fut alors stoppé et invité à s’écarter de l’aire des manœuvres. Il fut sommé de faire marche arrière pour se mettre à l’abri. Ce qu’il fit. Pendant qu’il attendait, l’autobus sera violemment percuté par un camion remorque en provenance de Dakar. Il était environ 2 heures du matin. Le choc a eu pour conséquence de pousser irrésistiblement le car vers la zone des opérations de sauvetage.
Le véhicule a été stoppé dans sa glissade dangereuse par le fossé bordant la route dans lequel la cabine et les roues avant se sont encastrées. Un policier a été grièvement blessé ainsi que certains passagers du car. Il a fallu plusieurs allers et retours des véhicules de la Protection civile pour transporter tous les blessés vers les hôpitaux de la place.
Nous ne pouvons préciser si l’accident a fait d’autres mort que le chauffeur du pick-up. Le commissaire de police du 2è Arrondissement qui disposait de toutes ces informations n’était pas disponible hier.
M. COULIBALY
Source : Essor