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Accaparement des terres agricoles: «Nous sommes devenus des esclaves»

L’expression «maîtres chez soi» n’a qu’une valeur relative dans plusieurs pays du monde. Le film Sans terre, c’est la faim explore le phénomène d’accaparement des terres, qui prive des milliers de petits paysans du sol dont ils dépendent au profit d’industriels de l’agroalimentaire.

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Le chemin qui mène du champ à l’assiette est parfois parsemé de souffrances. La réalisatrice Amy Miller donne une voix à tous ceux et celles pour qui Sans terre, c’est la faim, du nom de son dernier documentaire dédié aux agriculteurs spoliés de leur sol au nom du rendement et de la productivité. Le phénomène d’accaparement des terres arables affecte toute la surface du monde et n’épargne aucun continent. Il consiste à dérober les terres exploitées par la petite paysannerie pour les remettre dans les mains de quelques grands industriels de l’agroalimentaire, souvent au détriment de la dignité humaine.

«L’accaparement des terres agricoles s’est accru depuis la crise des denrées alimentaires survenue en 2008 et en 2009. La hausse soudaine des prix qu’elle a engendrée a agi comme un wake-up call auprès des investisseurs privés : il y avait là, dans le monde de l’alimentation, une nouvelle bulle spéculative à exploiter», raconte à Métro Amy Miller, qui a braqué sa caméra sur la douleur et l’indignation de cultivateurs spoliés du Mali, de l’Ouganda et du Cambodge.

Un rapport de l’organisation paysanne internationale Via Campesina paru l’année dernière illustre l’ampleur de la détresse des expulsés : déracinés de force du sol qui assurait leur subsistance, ils viennent grossir la horde des désespérés qui s’entassent dans les bidonvilles et autres favelas du monde, formant une auréole de misère sur le pourtour des villes. Certains mettent leur vie en péril dans la résistance, d’autres se prostituent pour pouvoir manger. Bien peu obtiennent un travail auprès des compagnies qui ont racheté leur domaine : les rares qui mettent leur labeur au profit d’un autre le font souvent pour un salaire qui ne suffit plus à l’éducation de leurs enfants. Contraints de quitter les bancs d’école pour subvenir aux besoins de leur famille, ces derniers perpétuent le cycle de l’analphabétisme, qui enchaîne tant de monde dans l’ignorance de la loi et des droits.

«Les pays qui prétendent qu’ils ignorent la situation des petits cultivateurs sont hypocrites.» – Amy Miller, réalisatrice du documentaire Sans terre, c’est la faim, qui croit que les politiques commerciales des pays développés encouragent les investissements privés sur les terres.

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