Dans quelques jours, notre pays soufflera ses soixante-quatre (64) bougies de souveraineté nationale. Soixante-quatre (64) ans, c’est beaucoup dans la vie d’une Nation, mais c’est un gâchis quand la vie de la Nation est ponctuée de coups d’État militaires. C’est le cas du Mali, où les ressources humaines n’ont plus de vision politique. Le putsch destructeur du Mali fut celui du lieutenant Moussa Traoré. Une si triste aventure pour notre pays, le 19 novembre 1968.
Cette date fatidique marquera le Mali. C’est le début d’une descente aux enfers. Tout sera mis sous coupe réglée du Comité militaire de libération nationale (CMLN). Et même la famille ne sera pas épargnée. Quand le CMLN opère le coup d’État le mardi 19 novembre 1968, le chef de la junte militaire, le lieutenant Moussa Traoré, a dit au peuple malien que les militaires sont venus pour redresser la situation économique et sociale et les dérapages du régime socialiste de Modibo Keïta et son parti l’Union Soudanaise-Rassemblement démocratique africain (US-RDA).
À l’œuvre, le CMLN a fait pire. De la mauvaise gestion du patrimoine national, nous sommes passés à des détournements de fonds avec son corollaire de scandales financiers. Du coup, les entreprises et sociétés d’État ont toutes mis la clé sous le paillasson.
Depuis ce jour-là, le Mali vole à vau-l’eau. Et tout a commencé avec le CMLN pour aboutir à l’apocalypse. Qui de Alpha Oumar Konaré, Amadou Toumani Touré (ATT), Amadou Aya Sanogo, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a pu mettre en place une vraie autorité de l’État ?
À cet effet, la Constitution du Mali est mal libellée. Elle donne tous les pouvoirs à un seul homme. Cet homme tient la première place. Il décide seul de tout ce qui concerne la vie de la Nation. Il nomme, abroge et dissout, c’est un dictateur à l’effigie Louis XIV qui disait que: «l’État c’est moi». Qui fait la loi ? Les différents gouvernements en Conseil de ministres.
Vaste territoire presque inhabité pour des raisons d’insécurité. Le Centre, le Nord, l’Ouest du pays sont en proie à une insécurité qui dure plus d’une décennie. L’administration est absente, l’autorité de l’État est exercée par les groupes armés. Ils exigent des populations le paiement d’un impôt de 3 000 F CFA par tête de bœuf. Ces groupes armés, appelés terroristes ou encore djihadistes, sont composés de certains fils du terroir. Ils imposent leur diktat, parce qu’il n’y a aucune autorité pour contrarier leurs conquêtes.
À Gao, c’est une grande déception. ’insécurité résiduelle est corollaire. Incroyable ce qui se passe dans cette localité, malgré la présence des Forces armées maliennes (FAMa). C’est un général, Gouverneur de la région. Plusieurs personnalités du Mali sont originaires de la cité des Askia. Un nombre impressionnant de Premiers ministres viennent de cette partie de notre pays, cela n’a rien donné comme résultat pour la fin de la crise.
Dans la région de Bandiagara, c’est le spectre de la désolation. La vie a cessé dans plusieurs localités. Des villages fantômes sont nombreux, les villageois déplacés dans les Pays Dogon.
Dans la région de Nara, c’est encore le désastre. Cette nouvelle région avait une bonne réputation pour avoir eu au sein des Forces armées de grands officiers (les colonels Kissima Doukara, Sambou Soumaré, l’inspecteur général Niamé Keïta…). L’actuel ministre de la Défense et des Anciens combattants, colonel Sadio Camara, est de Nara. Cette région n’échappe pas aux attaques terroristes.
À Bamako, on vit au quotidien avec la criminalité, malgré l’existence des Commissariats de police et autres services publics pour assurer la sécurité des personnes et de leurs biens.
Manque d’autorité ou absence de l’autorité ? Si le gouvernement ne songe pas à redresser la barre pour contrôler tout le territoire, ce serait un échec.
Safounè KOUMBA
Source: Inter De Bamako