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Aboubacar A. Toure, President du MSR : “La dame qui portait le drapeau de l’Azawad aurait dû être emprisonnée”

Au lendemain du congrès statutaire qui l’a porté à la tête du Mouvement social pour le renouveau (MSR), le Pr. Touré s’est ouvert à nos questions. Sans langue de bois, il évoque les perspectives en cours en plus de taper du poing sur la table sur des faits saillants de l’actualité comme le port du drapeau de la fantomatique République de l’Azawad dans une concertation à Bamako.

Le Point : Quels sont vos sentiments au sortir du congrès du MSR ?

 Aboubacar A. Touré : Je suis envahi d’une grande joie après avoir vu la salle pleine à craquer. Les militants et sympathisants ont cru en nous et répondu présents. Nous allons désormais asseoir nos convictions à travers le pays profond. Il faut rappeler que le MSR a déjà des cellules dans plusieurs communes et même au niveau de la diaspora. La preuve est que des délégations venues de la France et d’Atlanta (USA) ont pris part aux travaux statutaires.

Votre congrès est intervenu quelques heures avant le report des élections régionales. Quelle est la réaction du MSR ?

 Aboubacar A. Touré : La date a été hâtive du fait d’un manque de consensus et on n’est guère surpris. La manière du report m’inquiète, car malgré les immixtions des mains invisibles de l’extérieur, le gouvernement aurait dû être ferme. Mais la théorie du pilotage à vue n’a fait que se confirmer au fil des ans. Ce décalage de 4 mois permettra au MSR d’être partant pour des régions que nous n’avions pu cocher, faute de temps. On a le temps d’être ainsi dans plusieurs localités. Evidemment, des alliances seront au menu.

Il s’avère que l’insécurité reste la cause fondamentale du report. Avez-vous des propositions pour le peuple malien ?

 Aboucar A. Touré : La résolution de cette question délicate incombe à plusieurs parties. D’une part le gouvernement qui doit mettre l’armée dans toutes les conditions. Même la police, la gendarmerie et les douanes sont concernées par ce renouveau. Seulement, c’est le mécanisme de renseignements qui doit être adéquat.

Et c’est à ce niveau que les populations doivent agir, car on ne peut dompter l’insécurité avec un fusil. En informant des actes suspects ou individus douteux, le forces de sécurité seront à même d’anticiper les dangers insoupçonnés. Avec cette conjoncture globale, on peut dire que nous sommes dans une période d’exception.

Les théories démocratiques sont légions alors que la relance du cadre de concertations majorité-opposition doit être une solution aux défis du moment. Les FAMa doivent assurer pleinement leur mission et la société civile doit y veiller.

Il y a deux mois, le mouvement An Ka Ben était allé dans ce sens

 Aboubacar A. Touré : C’est du folklore cher ami ! Si les gens doivent communier autour des forces armées ce n’est pas dans un stade. Nous ne pouvons en aucune manière être contre l’armée nationale, car tous les Maliens sans exception soutiennent les FAMa. Mais ce bruit à dose de propagande improvisée n’est autre que de la récupération politique. Ce qui me pousse à dire que la Conférence d’entente nationale fut un échec éclatant. Les problèmes persistent et perdurent, car on y avait désigné des personnes non représentatives qui n’ont fait que semer la pagaille avec les intérêts de la nation pourtant à la croisée des chemins. C’est ce mauvais casting qui est à l’origine du manque de résultats concrets à la crise multisectorielle.

 A ce sujet, l’opinion est choquée par cette dame qui a fièrement arboré le drapeau de l’Azawad lors des assises des femmes du Mali. Avez-vous eu des échos ?

Aboubacar A. Touré : Je condamne cet acte et j’accuse l’Etat d’être responsable de cette insulte. Dans une République sérieuse, il fallait emprisonner la dame et sa délégation car le Mali n’est pas un Etat fédéral. L’irresponsabilité explique cet acte insensé que le MSR ne peut cautionner.

Il y a aussi l’affaire du départ du ministre de la Justice Me Konaté….

 Aboubacar A. Touré : Ce dernier devrait plier bagages depuis longtemps. Des bandits ont été libérés alors qu’il était là, et il n’avait rien fait. Je pense qu’il aurait dû rester avec le bateau gouvernemental pour chavirer ou se sauver collectivement. Je me demande même s’il aurait dû accepter le poste.

Votre mot de la fin ?

 Aboubacar A. Touré : On veut changer les choses, mais le pays est en période d’exception avec la crise. Il faut que le peuple en tienne compte avant de poser des actes. Ce n’est pas en aval qu’on aura des solutions mais en amont. Si le chef fait sa mission correctement et concrètement au sommet de l’Etat, tout le monde suivra. A cet effet, il faudrait une enquête internationale sur l’esclavage en Libye, car il y a des Maghrébins dans le lot.

Tout porte à croire que ce serait une mise en scène de l’extérieur afin d’inviter nos Etats à venir chercher leurs compatriotes. Que le peuple sache que le MSR sera au rendez-vous de toutes les élections en 2018. Ça ne fait que commencer.

Propos recueillis par Idrissa Keïta

 

Source: Le Point

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