Le département que dirige depuis le 1er juillet 2023 Abdoul Kassim Ibrahim Fomba a pour attributions de préparer et mettre en œuvre la politique nationale de promotion de la jeunesse, des sports et de la construction citoyenne. Déjà, à la publication des membres du dernier gouvernement d’Assimi Goïta, des interrogations fusaient sur la capacité et l’aptitude de cet illustre inconnu à répondre à cette charge. Non pas sur la base de préjugés défavorables, mais à cause du fait qu’on avait affaire à un supposé spécialiste des questions de terrorisme et anti terrorisme, et de jeunesse (?).
Après un an et un trimestre de gestion, l’histoire donne raison aux plus pessimistes, le ministre Fomba ayant lamentablement échoué à 100 %. Mais, le drame réside dans le fait que c’est lui-même qui a semé les graines de ce fiasco, qui le hante comme son ombre. Il en récolte les conséquences, malheureusement au grand préjudice du monde sportif, du public sportif, de la jeunesse du pays et de la nation toute entière.
Mon combat : éliminer le président du Comité olympique
Abdoul Kassim Ibrahim Fomba a raté le coche de la réussite de sa mission dès les premiers actes posés sous sa gouverne.
A-t-il mal lu le procès-verbal de passation de pouvoirs avec son prédécesseur, l’excellent Mossa Ag Attaher ? Ou a-t-il purement et simplement ignoré le contenu de ce document, fil conducteur de tout nouveau ministre ? Ou encore a-t-il été mal conseillé ?
Toujours est-il que sa première priorité semble avoir été de combattre le Comité national olympique et sportif du Mali et de destituer son président Habib Sissoko. Echec et mat !
D’abord, il a piétiné le principe sacro-saint de rendre une visite de PRISE DE CONTACT avec le Cnosm piétinant le principe de COURTOISIE respecté par ses prédécesseurs, mettant en péril les rapports de collaboration et de complémentarité qui ont toujours caractérisé les relations entre le département des Sports et l’entité de gestion du Mouvement olympique et sportif du Mali.
Son deuxième acte fut de ramer à contre-courant du Comité olympique dans l’affaire de la Fédération malienne de cyclisme. Fomba rejette la décision de son prédécesseur de reconnaître le président Amadou Togola, régulièrement élu par une instance statutaire. Où est la continuité de l’Etat ? Et la courtoisie ?
Ce n’est pas tout. A l’approche de l’Assemblée générale élective du Cnosm, le ministre Fomba s’allie avec le diable et tire les ficelles d’un mouvement dit de la refondation du Mouvement olympique malien conduit par un particulier, de surcroit un ancien du Cnosm. Son objectif ? Faire partir Habib Sissoko, le ROC. Echec et mat !
Le 24 avril 2024, plus de vingt fédérations nationales sportives décident de renouveler leur confiance à Habib Sissoko pour la période 2024-2028. Ce choix unanime traduit la reconnaissance des réalisations accomplies sous sa présidence, une gestion exemplaire et l’espoir d’une continuité dans l’excellence.
Effectivement, le 6 juillet 2024, sans adversaire, Habib Sissoko a été plébiscité par acclamation par 21 fédérations pour un septième mandat à la tête du Cnosm. “On ne change pas une équipe qui gagne”, dit-on.
Ce n’est pas tout. Depuis le retour des JO Paris 2024, le ministre anti-Habib tente un dernier tour de magie pour renverser son bourreau. Sa trouvaille ? La justification de l’argent alloué au Cnosm pour la participation du Mali aux Olympiades de Paris.
Assoiffé de vengeance après son revers de l’Assemblée générale élective, l’homme Fomba s’est empressé de convoquer les hommes de médias pour accabler Habib et demander au président du Comité olympique de justifier les 300 millions de l’Etat parce que – et c’est le plus ridicule -, le Mali est revenu bredouille des Jeux Olympiques. Visiblement, c’est le ministre le plus désinformé du gouvernement.
S’il avait la bonne information, il se serait passé de ce coup de pub négatif. Car, au lieu du Comité et Habib Sissoko, c’est plutôt le département des Sports et lui Abdoul Kassim Ibrahim Fomba qui devraient justifier la destination de 266 millions de F CFA sur les 360,6 millions dégagés par l’Etat et mis à la disposition du ministère de la Jeunesse et des Sports… En effet, sur ce montant, le département a mis à la disposition du Cnosm au total 93,921 millions de F CFA. Et, sur ce montant, le Comité olympique s’apprête à reverser 11,742 millions dans le compte du ministère. Ce montant était destiné couvrir les charges au cas où les Aigles allaient plus loin. Comme l’arroseur arrosé, le ministre Fomba voit son propre piège se refermer sur lui. Alors, échec et mat !
En matière de sport, Abdoul Kassim Ibrahim Fomba ne peut présenter aucun haut fait d’arme sinon que de brandir, en conférence de presse de présentation de bilan, les réalisations du président Assimi Goïta en termes de réhabilitation de quelques stades de football et de visites d’infrastructures.
Clash avec la Jeunesse
En matière de Jeunesse, le secteur principal de son département, l’échec du ministre est plus patent. Il avait tenté de caporaliser, de politiser à sa guise, le CNJ, la faitière de la Jeunesse malienne. Mais, il a rencontré une terrible résistance qui le fait frissonner jusqu’à présent.
En effet, le mercredi 15 mai 2024, le ministre de la Jeunesse et des Sports, chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne informait le conseil des ministres du démarrage du processus de mise en place des organes du Conseil national de la jeunesse du Mali.
Les statuts et règlement intérieur du Conseil national de la jeunesse ont été relus par une Commission tripartite composée de représentants de l’Etat, de leaders des organisations de la jeunesse et de la société civile, conformément aux recommandations des Etats généraux de la jeunesse, poursuit la note. Qui ajoute que le processus de mise en place des organes a déjà commencé par la création de la Commission nationale de mise en place des organes du Conseil national de la jeunesse qui aura ses démembrements au niveau communal, régional et la diaspora.
Le chronogramme détaillé des activités à mener comprend les étapes ci-après : le lancement d’appel à candidature des organisations de jeunesse ; le dépouillement et validation des dossiers de candidature ; la tenue des assemblées générales ; l’organisation de la rentrée des élus.
Levée de boucliers
Il n’en fallait pas plus pour susciter une véritable levée de boucliers au sein des structure de jeunesse du Mali, à commencer par les présidents des conseils régionaux qui rejettent en bloc cette décision unilatérale du ministre. Ensuite, ce sont les présidents des conseils communaux du Conseil national de la jeunesse du Mali qui ont dénoncé la tentative machiavélique du ministre Abdoul Kassim Ibrahim Fomba d’agir en lieu et place des jeunes.
Dans un communiqué conjoint en date du mardi 21 mai 2024, ils s’alignent sur la position des présidents des conseils régionaux en rejetant la décision du ministre qui s’accommode avec la violation et le tripatouillage des textes du CNJ. A ce stade de son initiative de refondation du CNJ-Mali, rejetée par une grande partie des acteurs concernés, le ministre fait cavalier seul et tente le forcing. Le communiqué n°001/CL-M/24 des Conseils locaux de la jeunesse du Mali est ainsi libellé :
“Nous avons appris, tout comme les présidents régionaux, avec surprise la publication sur les réseaux sociaux par le ministère de la Jeunesse, des Sports, chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne d’une décision portant création de la Commission nationale de mise en place des organes du Conseil national de la jeunesse du Mali (CNJ-Mali), d’une note pour la mise en place des organes du CNJ-Mali, des nouveaux statuts et règlements de notre organisation, de la composition des commissions régionales et communales de mise en place des organes du Conseil national de la jeunesse du Mali, allant jusqu’à la suppression du Conseil local de jeunesse (CLJ), malgré la lettre n°0003/MJSCICCC en date du 8 janvier 2024 de la direction nationale de la jeunesse qui a mis fin à la convention de partenariat entre le CNJ et le département.
Nous, présidents des conseils locaux de la jeunesse de : Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti, Tombouctou, Gao, Ménaka, Nioro, San, Nara, Douentza, Bandiagara, Dioïla, Kita, Ansongo, Kati, Bla, Kolokani, Kéniéba, Diéma, Koutiala, Goundam, Rharouss, Niafunké, Yanfolila, Barouéli, Kangaba, Macina, Kolondiéba, Youwarou, Kadiolo, Yorosso, Bafoulabé, Niono, Tominian, Diré, Koro, Djenné, Yélimané, Bourem et Almoustrate, rejetons avec la dernière rigueur la décision relative à la mise en place des organes, car rien ne nous lie au ministère du moment où ce dernier a rompu la convention.
Nous prenons à témoin l’opinion publique malienne d’une volonté manifeste d’instrumentalisation de la jeunesse malienne pour un agenda inavoué et prenons pour responsable les auteurs du tripatouillage des statuts et règlement du CNJ.
Nous rassurons l’ensemble de la jeunesse malienne que nous sommes favorables au renouvellement de nos organes conformément aux dispositions de nos statuts et règlement qui fixent le mandat à trois (3) ans et la preuve est que dès la fin du mandat, nous avions en commun accord avec nos présidents régionaux, accepté la mise en place de la Commission de Normalisation qui devrait élaborer des termes de références pour la révision de nos textes et le processus du renouvellement, qui d’ailleurs se vit remplacer par un comité de suivi de recommandation gui lui-même a été dissout sans autre forme. Face aux nombreuses violations de nos textes par le département en question (notre ancien partenaire), nous rejoignons une fois de plus les présidents des conseils régionaux de la jeunesse du Mali pour dénoncer cette mascarade tout en nous désolidarisant totalement de cette décision.
Unis, nous Bâtissons le Mali”. Sans commentaire !
Cependant, il nous revient que malgré ce désaveu cinglant, le ministre Fomba persiste et veut n’en faire qu’à sa tête. Il avait certes reculé en dissolvant la Commission de renouvellement, mais c’était pour mieux sauter. Bientôt, on pourrait assister à la mise en place d’un bureau exécutif du CNJ-Mali. Sur fond de division de la jeunesse du pays ? A n’en pas douter.
Quid de la citoyenneté ?
Dans le domaine de la citoyenneté et civisme, l’échec du ministre Fomba est tout aussi criard. Lui-même en évoquant son bilan dans cet autre secteur de son département n’a rien d’autre à servir que l’ouverture de l’Ecole de la citoyenneté courant mars 2024, et l’élaboration en cours de la 2e génération de la Politique nationale de la citoyenneté et du civisme. Quel honte !
Pourtant, son prédécesseur Mossa Ag Attaher avait tellement balisé le terrain et laissé des acquis en montrant la voie à suivre. Entre autres réalisations dans ce domaines : l’appui multiforme aux organisations de la société civile intervenant dans le domaine de la promotion de la citoyenneté à travers le “Concours jeunesse et citoyenneté”, le concours du Champion de la citoyenneté “Monsieur Mali” ; le lancement du Grand trail et du Mouvement pour l’éveil patriotique des jeunes ; la mobilisation, la formation et l’engagement de 500 volontaires dont 400 pour appuyer les communautés à la base dans les domaines de l’accès aux services sociaux de base, de l’amélioration de la gouvernance locale et de la gestion des micros projets générateurs de revenus et cent volontaires pour promouvoir, au niveau des services publics, les activités en matière de santé, d’éducation, du développement rural et de mise en œuvre de micro-projets de développement. Il y a aussi le lancement du processus de recrutement de 700 jeunes non fonctionnaires pour leur formation physique, civique et professionnelle en vue de leur insertion sociale.
Un ministre qui n’a pas pu suivre une voie si bien tracée, ne pourra jamais réussir dans sa mission. Tel est le cas de notre héros Abdoul Kassim Ibrahim Fomba.
El Hadj A.B. HAIDARA
Source: Aujourd’hui-Mali