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Abattre l’arbre qui cache la forêt !

L’après élection présidentielle se déroule dans un climat apaisé, que personne n’aurait pu prédire il y a quelques mois, au regard du climat tendu entre le pouvoir et l’opposition d’une part, entre le pouvoir et les citoyens d’autre part.

Le candidat annoncé vaincu au second tour, Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition, a emprunté une posture démocratique et républicaine rare en Afrique, en ayant le sang chaud certes, mais la tête froide, pour opposer à la violence d’un régime aux abois la force des neurones doublée de la puissance des arguments. Ce qui se lit aisément à travers deux actions essentielles qu’il a menées.

La première, c’est à l’occasion de manifestations populaires dans la rue, notamment à travers des marches pacifiques qui ont mobilisé de manière inattendue des centaines de milliers de Maliens à Bamako, à l’intérieur du Mali et aussi à l’étranger où la diaspora a correctement joué sa partition. Le motif était de dénoncer la fraude électorale et bien entendu de demander le respect du vote des Maliens.

Dans ce canevas, le candidat a appelé les manifestants au calme afin que l’opposition et la société civile donnent une bonne leçon de démocratie au reste du monde. D’où l’appel lancé aux Maliens de France qui avaient pris d’assaut le consulat. Poser les actes justes, au moment opportun et dans les règles de l’art, tels sont les enseignements à tirer de la posture de Soumaïla Cissé qui a ainsi permis à beaucoup de Maliens, qui s’enfonçaient tête baissée vers le pire en bandant des muscles, de dégonfler les biceps et de se ranger derrière la démarche initiée par Soumaïla Cissé, soutenu par d’autres candidats malheureux à l’élection présidentielle passée.

Au nombre de 10, ils ont introduit un dossier pour forfaiture à l’endroit des membres de la Cour Constitutionnelle devant la Cour Suprême, laquelle se trouve ainsi face à un dossier des plus encombrants de son histoire. Une histoire dont les pages les plus importantes doivent être écrites par la Cour Suprême à travers ce dossier, hic et nunc.

Pourtant cette démarche des 10 candidats à l’élection présidentielle, bien qu’inédite, respecte les lois maliennes en la matière et si elle aboutit de façon favorable – ce que rien ne doit empêcher au vu de la pertinence de l’argumentaire- la décision de la Cour constitutionnelle fond comme beurre au soleil. En termes plus clairs, IBK ne sera pas reconnu président de la République.

Cette logique gagnante est possible, même si beaucoup de Maliens estiment peu crédibles les institutions habilitées à valider les résultats définitifs des élections au Mali avant de renvoyer le président à l’exercice de ses fonctions, suite à la prestation de serment.

L’aboutissement de cette action judiciaire réconfortera ainsi les contestataires par une voie autre que celle de la violence. Raison pour laquelle, la question IBK, il faut la reléguer au second plan car les poutres qui soutiennent actuellement son régime sont les membres de la Cour Constitutionnelle. Si cet arbre tombe, la forêt n’existera plus. Croyons donc à nos institutions ! Rien n’est encore perdu d’avance.

Boubacar Yalkoué

Source: Le Pays

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