L’on s’achemine lentement mais sûrement vers la fin du délai souverainement fixé par les autorités maliennes à la CEDEAO, à savoir le mois de mars 2024 pour le retour à l’ordre constitutionnel avec l’élection d’un président de la République.
Qu’il soit dit en passant, l’attitude clémente sur le cas du Mali que l’organisation sous régionale a adopté lors de son dernier sommet ordinaire, cache mal la volonté des chefs d’Etat de sanctionner les autorités maliennes pour leur posture. Sous embargo financier depuis les premières sanctions, la CEDEAO risque d’asphyxier davantage le Mali pour susciter la colère de sa population contre ses dirigeants. Le Président de la transition doit parer au plus presser pour éviter que le glaive de l’organisation sous régionale ne s’abatte encore sur les frêles épaules des Maliens qui broient déjà du noir depuis fort longtemps. Assimi Goita en est-il réellement conscient et surtout capable d’un sursaut ? Ne doit-il pas sonner la fin de la division pour aller à un grand rassemblement des maliens afin de dégager un large consensus autour des objectifs clairs, réalistes et réalisables ?
A quelques encablures de la fin du délai imparti pour le retour à l’ordre constitutionnel au Mali, l’horizon est encore et toujours sombre. Les autorités maliennes ont même feint d’ignorer leur propre engagement en reportant les élections à une date ultérieure. Cette décision à la fois unilatérale et non consensuelle est loin de faire l’unanimité au sein de la classe politique et de la société civile. Ainsi pour éviter que d’autres sanctions ne soient prises contre le Mali par la CEDCEAO, il serait nécessaire pour Assimi Goita, en sa qualité de président de la transition, de rassembler tous les maliens autour d’un projet commun. Ce projet qui ne serait que pour le Mali, s’articulerait autour de deux axes majeurs, à savoir la fixation d’un délai raisonnable de la tenue des élections et les conditions dans lesquelles ces élections vont se dérouler pour éviter une crise pré et post électorales aux conséquences incommensurables. Le Mali est déjà empêtrée dans une profonde crise socio sécuritaire, donc il ne peut plus se donner le luxe d’en rajouter d’où cet appel à une union sacrée autour de lui pour le sauver de l’effondrement.
En froid avec tous ses voisins excepté le Niger et le Burkina Faso, et avec une bonne partie de la communauté internationale, si le Mali devrait continuer dans cette posture il va beaucoup souffrir pour ne pas dire s’effondrer. Donc il est temps pour le Président de la transition le colonel Assimi Goita de sortir de cette posture et unilatéraliste pour sonner la fin de la division à l’interne et rassembler les maliens. C’est à ce prix qu’il trouvera une ébauche de solution et atténuera les effets de l’isolement et des sanctions contre le Mali. A la question de savoir si le Président Assimi Goita est conscient du danger qui guette le Mali et qui nécessite un grand rassemblement des forces vives du pays, la réponse est oui, car les faits parlent d’eux-mêmes et la situation est loin d’être reluisante au Mali. Si la grande majorité des maliens est fière des grandes prouesses réalisées dans le domaine sécuritaire, ils sont également très nombreux les maliens qui broient du noir et qui aspirent à un changement. Au regard des malaises sociaux, financiers et économiques le soutien à la transition ne pourrait être factice. Les maliens craignent beaucoup plus qu‘ils n’aiment le régime. La crainte d’expédition punitive en cas de manifestation est à la base du silence des maliens. Mais pour combien de temps encore ce harcèlement et cette interdiction de manifester va durer quand on sait que la situation sociale va de mal en pire.
Assimi Goita ne doit-il pas sonner la fin de la division pour aller à un grand rassemblement des maliens afin de dégager un large consensus autour des objectifs clairs, réalistes et réalisables ?
Il est vraiment grand temps que le Président de la transition, père de la nation, sorte de son silence assourdissant pour sonner la fin de la division des maliens. Pour rappel les maliens sont catégorisés en pro et anti transition. Ce rassemblement est tellement indispensable qu’il éviterait à notre pays de subir encore des lourdes sanctions de la part de la CEDEAO, car à l’unisson et avec des arguments convaincants l’organisation sous régionale ne va pas ajouter une crise à une autre. Pour que le Président de la transition réussisse son challenge il demeure nécessaire que des têtes tombent. Aujourd’hui il est plus qu’indispensable de sortir de cette léthargie qui ne fait nullement progresser le Mali. Au-delà des discours esthétiques qui peints en blanc le bilan de la transition, la réalité est toute autre. Pour donner à ce rassemblement toutes les chances de réussir il serait bon d’éviter de faire la promotion d’un homme, mais plutôt chercher à sauver le Mali d’un effondrement certain. Si rassemblement il devrait y avoir, forcement il doit s’articuler autour d’objectifs clairs réalistes et réalisables et cela dans un délai raisonnable. Le Président de la transition Assimi Goita est aujourd’hui le seul à pouvoir rassembler, car il serait le seul à jouir d’une certaine confiance de la part de la classe politique et de la société civile. Le plutôt serait le mieux, car le Mali s’approche de la date fatidique du 26 mars celle de la probable investiture du nouveau président démocratiquement élu, selon le chronogramme préalablement établi par les autorités et proposé à la CEDEAO.
En définitive, il est grand temps de sortir de la période exceptionnelle dans laquelle le coup d’Etat a plongé le Mali. Cette période exceptionnelle n’a que trop duré avec des conséquences très graves sur la vie des maliens. Assimi Goita est interpellé et même fortement interpellé pour qu’il sonne le glas de la grande torpeur dans laquelle les maliens sont plongés.
Youssouf Sissoko
L’Alternance