Malick Touré
A mon avis , s’il existe une denrée rare au Mali c’est bien l’exemplarité et la redevabilité des élites politico administratives qui ont depuis très longtemps décidé à partir de leurs positions , de consacrer leurs temps , leurs intelligences et leurs savoir-faire à créer et faire prospérer leurs richesses personnelles plutôt qu’à la préservation et au développement du bien public !
L’exemplarité voilà le chaînon manquant dans la structure de l’élite politico administrative du Mali ! Voilà là où le bât blesse dans l’œuvre de construction de la Démocratie de l’époque post mars 1991 ! Pour en revenir au geste de Moussa Mara, pour moi, aussi symbolique qu’il soit il a le mérite d’avoir existé, car renoncer à quelque chose au profit de la collectivité au-delà de la valeur est un exemple à saluer dans un pays comme le nôtre où les exemples du genre ne font pas légion !
On peut espérer qu’il fasse des émules !
Cependant j’aurais de loin préféré qu’il fasse ce geste il y a dix ans quand il quittait ses fonctions, la portée en aurait eu plus d’impact ! Ensuite le bémol que je vais porter concerne la destination finale des fonds concernés c’est à dire son reversement au trésor public auquel je ne crois guère à cause des procédures budgétaires , administratives et autres , ces sommes risquent de disparaître dans le gouffre des charges de fonctionnement de la Primature , et à la place de Moussa Mara j’aurais gardé ces montants pour les redistribuer moi-même chaque mois à des personnes ou des familles qui en ont le plus besoin et ceci de manière vérifiable et pourquoi pas publique ! Comme il avait déjà commencé à le faire avec ses indemnités et primes de député si je me souviens bien. A ceux qui tentent de discréditer ou de tourner en ridicule le geste de Moussa Mara je leur répondrai simplement par le mot de Paulo Coelho : ” C’est votre exemple qui change le monde, pas vos opinions ! ”
Ce Pays a besoin d’exemples car pour moi le vrai problème aujourd’hui au Mali c’est l’exemplarité et la redevabilité des élites politico administratives en exercice, la politique étant devenue un réel ascenseur social, économique et financier, on n’y entre plus désormais par vocation pour le bien-être commun mais pour sa propre promotion et son propre confort hélas ! Les candidats se bousculent au portillon car aucun critère d’intégrité, de probité et d’exemplarité n’est posé ! Aucun parti politique, aucune association politique ne dispose d’une Charte de l’intégrité et des valeurs ! Polémiquer sur le geste de Moussa Mara est un faux débat, car il existe plusieurs autres sujets qui doivent faire l’objet d’un vrai débat national : parmi lesquels le dispendieux train de vie de l’Etat et particulièrement la scandaleuse budgétisation des fonds dits “de souveraineté ” alloués aux présidents des institutions !
Pour moi, ces fonds de souveraineté sont les contre exemples parfaits de l’exemplarité et de la redevabilité que nous sommes en droit d’attendre de nos gouvernants : des sommes faramineuses sont mises à la disposition de ces responsables sans contrôle ni reddition à contre-courant de toutes les règles saines de gestion du bien public et ceci sans aucune base constitutionnelle !Et de cela personne ne parle, ni même ne s’offusque.
Pour moi la vraie exemplarité pour les responsables de la transition depuis 2020 aurait été de renoncer purement et simplement à la totalité de ces fonds de souveraineté au lieu d’user de subterfuges pour toujours continuer à en profiter ! Cela aurait été un geste fort et un exemple qui aurait fait date dans l’histoire du Mali !
Ce geste fort aurait rassuré tous nos compatriotes de leur réelle volonté de changement et de leur engagement sur le chemin de la construction d’un Mali nouveau.
Malheureusement pour le Mali, ce choc ne s’est pas produit et chacun en tirera ses propres conclusions !
Cheick Sidi Diarra, ancien représentant du Mali aux Nations Unies
Bonjour chers tous.
Sans me prononcer sur un cas spécifique, je voudrais attirer l’attention du débat sur un des motifs majeurs ayant présidé à l’allocation des avantages accordés aux anciens premiers ministres.
C’est moins à l’intention de la personne concernée et plus en faveur de la préservation de la dignité de la fonction qu’elle a assumée.
C’est pour éviter de donner une image de “clochardisation” de la dignité de la fonction et de l’image que l’Etat intervient pour “soutenir”. C’est un moyen de préserver et protéger l’image de l’Etat et de la Nation.
Maintenant, s’agissant du rappel de la mesure concernant une personne, cela va être difficile dans la mesure où je ne suis pas sûr qu’il y ait une décision individuelle d’allocation d’avantages. Le DAF de la Primature s’exécute sur la base d’un décret fixant les avantages accordés, peut-être qu’il notifie par correspondance officielle au bénéficiaire tout au plus.
Vouloir briser la mesure par un acte administratif sans les conditions règlementaires de cessation soient remplies (privation judiciaire, décès…) pourrait être une entorse à la loi. En plus, cela ne respecterait pas le parallélisme des formes.
Par contre une renonciation volontaire pourrait être actée par un accusé de réception ou par une correspondance officielle accusant réception, sans préciser la suite à lui réserver.
Je m’abstiens de commenter sur l’opportunité de la décision.
Koro Traoré, Juriste
Calcul politicien ou geste par conviction?
On ne finira pas d’en parler.
Je souhaite partager un certain nombre de constats puis d’idées.
Constat 1 : le geste de Moussa Mara fait suite à quelques interventions au cours desquelles il a appelé les acteurs publics à donner l’exemple dans le sens de la réduction du train de vie de l’Etat. De ce point de vue, sa décision me semble, plutôt, cohérente.
Constat 2 : sur le timing, intervenant dans la foulée du collectif budgétaire, je présume (cela n’engage que moi) qu’il comptait donner le LA d’un vaste mouvement dans lequel se verraient les acteurs de l’exécutif et du CNT de la transition (pas surprenant que les seconds, surtout, ne l’entendent pas de cette oreille après le fameux « doromê tê bo à la »).
MM a, donc, choisi de renoncer à des droits qui lui sont conférés (ainsi qu’à d’autres) par des textes en vigueur. La prise en compte de cette décision ne manquera de poser quelques difficultés de gestion au plan administratif, mais ça, la DAF s’en occupera.
Les sommes totales (numéraires et avantages en nature) peuvent sembler une goutte d’eau dans l’océan mais je veux regarder la portée politique au plan de l’exemple. Oui, comme d’autres parmi nous, je prône l’exemple par la vertu, pas simplement des dirigeants mais de nous tous ! Quel que soit le milieu dans lequel on s’y applique, quelle qu’en soit l’envergure, je pense que c’est bon à prendre.
Le timing pourrait sembler discutable tant il s’est écoulé dix ans depuis qu’il perçoit ces avantages; mais, est-il trop tard pour bien faire?
Maintenant, et si :
Il était procédé à un réaménagement de ce dispositif de manière à le rendre optionnel, notamment sur les avantages en nature, dont la mise en place serait conditionné à une demande expresse des anciens premiers ministres;
on réexaminait la situation du cumul des avantages en numéraires avec les pensions de retraite, principalement. En effet, lorsque l’ancien premier ministre est un fonctionnaire ou un salarié admis à la retraite, la question du cumul se poserait légitimement.
En fin de compte, ce cas est d’école et doit permettre d’ouvrir une large réflexion sur le mécanisme et tous ses contours au lieu d’être simplement appréhendé sous le prisme de qui fait le geste et pourquoi le fait-il. Osons-nous surpasser et dépasser les aspects personnels de quelque situation que ce soit.
Nos idées s’en trouveraient davantage éclairées et nos positions plus cohérentes.
Diombo Kouma, Médecin
Bonsoir le geste de Mara est à saluer et à louer seulement nous sommes dans un pays pour le moment anormal. Comment magnifier ce qu’Assimi a fait en mettant une partie de sa caisse noire pour les écoles et forages et ne pas saluer ce que Mara a fait. Mara a fait plus que Assimi car pour moi lui il est là pour nous donner de l’eau des écoles donc il ne mérite rien pour cela mais ce qu’on a vu la presse en a fait de son choux gras les videomems et les opportunistes de tout acabit ont passé tout le temps à applaudir ce geste qui n’en est pas un car il devait renverser ce fond au trésor. En fait ce ça que Mara les a montré sinon il pouvait dire aussi qu’il utilise ce fond pour aider les jeunes qu’il fait avec ses propres sous mais il les a mis au compte du trésor. C’est pour ça que les sbires du régime sont encore sortis contre lui pour saboter son geste car leurs parrains n’ont pas été capables de laisser un centime de leurs avantages au budget de l’état. Si Mara tire des avantages politiques dedans quoi de plus normal pour un homme politique. Au lieu d’insulter Mara faisons comme lui si chaque dirigeant donnait à l’état 700000 par mois cela aidera le pays. Félicitations à Mara
Abdramane Keita, Journaliste
Moi, je trouve que sa démarche peut paraître salutaire mais je doute d’abord de sa pertinence par rapport à l’effet escompté. Si son renoncement s’inscrit dans le cadre du soulagement de l’Etat de ses charges budgétaires, il ne me paraît pas évident que les émoluments du genre soient assez significatifs pour peser si lourdement sur le trésor public et que leur récupération puisse servir à un dessein plus sublime que les objectifs ayant prévalu à leur destination initiale. J’estime, en effet, que les manques à gagner de l’Etat et les évasions de ressources publiques sont d’une portée plus significative ailleurs qu’au niveau des subsides accordés à des personnalités afin qu’ils incarnent plus dignement la notoriété de l’Etat. En clair, les charges de l’Etat sont de loin plus grevées par la dilapidation indescriptible d’eau et d’énergie dans les bureaux quoiqu’atténuée par la sécheresse électrique, les nombreuses commandes sans expression de besoin, les achats peu optimisés, les abonnements télé et wifi non discriminée, les coûteuses missions inutiles devenues un filon dans les structures étatiques dépourvues de dotations budgétaires à prébendes, etc. Les maigres ressources d’anciens PM ne constituent en définitive qu’une goutte d’eau dans l’océan, sans compter qu’en y renonçant Moussa Mara n’a aucune assurance de l’usage plus judicieux d’un montant qu’il ferait peut-être mieux d’octroyer plus discrètement aux orphelinats, aux nombreuses structures d’accueil de déplacés occasionnés par la crise malienne, entre autres. Au lieu de quoi, il aura exposé à la déconvenue tant d’anciens Premiers ministres professionnellement inactifs et dépourvus des revenus qui leur permettraient de lui emboîter le pas. S’il se trouve, par ailleurs, que par cette démarche Moussa Mara voudrait remettre en cause la pertinence même de l’octroi d’émoluments aux anciens PM, il serait plus cohérent de sa part de faire un rappel de tout ce que son statut d’ancien PM lui a procuré du moins en espèces.
Khefing Kanté, Juriste
Bonjour chers tous et chères toutes, ces avantages ne doivent jamais servir de ressorts politiques puisqu’ils ne doivent jamais exister.
Si nous observons les règles générales liées aux conditions d’emploi dans les emplois publics, ces avantages s’avèrent d’abord injustes et inéquitables car n’obéissent à aucun critère de performance dans la gestion des affaires publiques.
En principe, l’objectif d’une fonction au service de l’administration et des citoyens est non seulement de réguler l’accès aux emplois publics, mais de produire un impact positif sur le service rendu aux usagers. Cela implique d’améliorer le niveau de compétences, d’attirer des profils d’excellence, et de proposer aux agents un parcours de carrière attractif et dynamique qui génère des résultats positifs pour l’ensemble.
De l’octroi de ces avantages à aujourd’hui, quels sont les résultats de performance obtenus ?
Sékou Tangara, Journaliste
Vu sous un angle exclusivement politique le geste de Mara va toujours diviser. Ses partisans salueront systématiquement ce que ses détracteurs qualifieront de manœuvre politique. Pour ce qui nous concerne l’acte est à féliciter et à encourager même s’il intervient après une dizaine d’années de perception des dits avantages. Rappelons-nous Oumar Mariko est aussi passé par là. Ne se considérant pas député élu il avait affirmé renoncer à ses indemnités parlementaires. A supposer que ses pairs du CNT actuel emboitent le pas les caisses de l’état seraient renflouées à hauteur de milliards. Les hommes politiques qui essaient de faire bouger les lignes méritent d’être encouragés.
L’Alternance