Lors d’une cérémonie de réconciliation et de pardon au sein des forces armées et de sécurité notamment entre les bérets verts et les bérets rouges célébrée, hier mercredi à Koulouba, le président par intérim, le professeur Dioncounda Traoré a déclaré que toutes les personnes détenues dans le cadre du contentieux ayant opposé ces deux unités de l’armée malienne seront libérées. On se rappelle qu’au mois de janvier dernier une trentaine de militaires avait recouvré leur liberté conformément à l’ordonnance de mise en liberté provisoire signée par un juge d’instruction du tribunal de première instance de la CIII. L’aide de camp de l’ancien président Amadou Toumani Touré, le colonel Abdine Guindo, et une dizaine de militaires détenus pourront dans les prochains jours eux aussi bénéficier de leur libération.
Cette cérémonie qui scelle la réconciliation entre bérets verts et bérets rouges a réuni au palais présidentiel les membres du gouvernement, le président de la commission dialogue et réconciliation, Mohamed Salia Sokona, plusieurs hauts gradés de l’armée, le président du comité de suivi et de réforme de l’armée, le capitaine Amadou Haya Sanogo, les représentants des confessions religieuses et les notabilités du district de Bamako ainsi que des parents de militaires.
Il s’agissait pour les plus hautes autorités du pays à travers cette cérémonie de réconciliation et de pardon de consolider la cohésion au sein de l’armée et conforter les liens de solidarité entre frères d’armes. Le président de la commission dialogue et réconciliation, Mohamed Salia Sokona a magnifié à sa juste valeur la portée d’un tel événement pour notre pays plongé dans une lutte de libération. Pour l’ancien ministre du président Alpha Oumar Konaré, c’est le signe annonciateur du retour définitif de la paix dans notre pays. L’étiquette « bérets rouges-bérets verts « est désormais classée au chapitre des mauvais souvenirs, le dialogue devenant une nécessité pour tout un chacun, a insisté Mohamed Salia Sokona.
Abordant les événements du 30 avril au 1er mai 2012 ayant opposé les bérets verts aux bérets rouges et qui avaient endeuillé plusieurs familles, le président du comité de suivi et de réforme de l’armée, le capitaine Amadou Haya Sanogo les a qualifiés d’incidents de parcours avant de noter qu’ils sont survenus à la suite d’une incompréhension entre frères d’armes que tout unissait. Pour les nombreux dégâts et victimes que ces incidents ont occasionnés de part et d’autre, il a tenu à demander pardon à l’ensemble du peuple malien.
L’auteur du coup d’Etat du 22 mars a indiqué que les bérets verts et les bérets rouges constituent désormais une seule et même famille. « Nous nous battons côte à côte au front « a-t-il fait remarquer insistant sur le fait que le comité de suivi et de réforme dont il a la charge ne peut aller qu’avec l’ensemble des segments de l’armée.
Le représentant des bérets rouges, le lieutenant Moussa Traoré s’est réjoui de cette réconciliation. Il a précisé qu’il n’y a désormais qu’une seule armée au Mali. Nous avons tourné la page et nous sommes fiers de nous battre côte à côte.
Le président par intérim, le professeur Dioncounda Traoré sur un ton solennel a déclaré : « Je vous ai appelés pour que nous nous donnions la main, pour que nous resserrions les liens. Malgré nos dérapages, nos erreurs, nos fautes, le Mali ne chavira pas. Et ce dont le Mali a besoin c’est le pardon, il faut que nous ayons l’humilité de présenter ce pardon et de l’accepter. Nous ne sommes que poussière et Dieu n’aime pas la démesure et la surenchère « . Dioncounda Traoré très ému ajoute : « Je pardonne pour l’offense qui m’a été faite et je veux que les enfants de ce pays se pardonnent aussi à commencer par les bérets rouges et les bérets verts ».
Le président par intérim a dit tout entreprendre pour qu’il n’existe qu’une seule et unique armée. « Plus jamais deux armées, plus jamais deux polices ».
Pour matérialiser cette réconciliation, le président a annoncé la libération prochaine de toutes les personnes arrêtées lors des événements du 30 avril au 1er mai 2012.
L’autre temps fort de cette cérémonie a été la poignée de mains échangée entre le capitaine Amadou Haya Sanogo et le lieutenant Moussa Traoré du régiment des commandos parachutistes.
Deux enfants arborant chacun un béret dont l’un est rouge et l’autre vert se sont embrassés sous les applaudissements nourris des nombreux militaires et des officiels.
Des prières formulées par les leaders religieux musulmans et chrétiens ont clos la cérémonie.
Abdoulaye DIARRA