« Lancée sur les chapeaux de roue après le sommet des chefs d’État de la CEDEAO à Accra, la transition malienne a désormais du plomb dans l’aile, constate Le Sursaut. Après la désignation et la prestation de serment du président et du vice-président de la transition, la nomination d’un Premier ministre civil, la révision de la Charte pour clarifier les missions du vice-président, les choses semblent désormais au point mort. Cela, à cause de deux enjeux principaux : la formation du (futur) gouvernement et la levée des sanctions de la CEDEAO (…), que le peuple malien attend avec impatience. »
Gouvernement : encore au stade des discussions
Pour ce qui est du gouvernement, qu’est-ce qui bloque ? Réponse du Sursaut : « dans un premier temps, on évoquait un conflit de leadership entre le CNSP, le Président de la Transition et le Premier ministre dans le choix des membres du Gouvernement. Puis, d’autres informations ont fait état de retards dans les enquêtes de moralité sur chaque ministre pressenti. Et puis à la surprise générale, hier, on constatait qu’on en était encore aux phases de discussion, avec une rencontre entre le Premier ministre et les forces vives de la nation représentées par les partis et regroupements politiques, les organisations de la société civile, les Maliens de l’étranger, les Mouvements signataires de l’accord de paix issu du processus d’Alger et les Mouvements de l’inclusivité. »
Bref, on est encore loin de la formation du gouvernement…
Pour autant, d’après L’Indépendant, l’annonce de la nouvelle équipe pourrait intervenir dès cette semaine… « ce qui est évident, estime le journal, c’est que ces discussions d’hier ont surtout porté sur la représentativité des uns et des autres au sein du futur gouvernement, dont la taille ne devrait pas dépasser les 25 membres. Pour le moment, il est difficile d’en dire plus, son architecture complète restant à définir. Toutefois il va sans dire que les différents groupes rencontrés doivent y figurer, auxquels seront associés des membres du CNSP, des proches de l’imam Mahmoud Dicko ainsi que des technocrates qui ont fait leurs preuves. »
Levée des sanctions de la CEDEAO : pas encore à l’ordre du jour
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Autre sujet au point mort, donc, la levée des sanctions de la CEDEAO…
Qu’est-ce qui coince ? Déjà, pointe Le 26 Mars, autre quotidien malien, « la junte a fléchi sous la pression sous-régionale, puisqu’elle a accepté de revoir à la baisse les attributions du vice-président de la transition, Assimi Goïta, par ailleurs Président du CNSP. Mais beaucoup reste à faire, notamment la libération des personnalités civiles et militaires arbitrairement détenues depuis plus d’un mois et au mépris du droit positif de notre pays. » Et aussi, la dissolution du CNSP…
Car la CEDEAO estime que les militaires sont un peu trop présents dans les arcanes du pouvoir… En effet, relève Le Point Afrique, « avec un colonel-major à la retraite au poste de président de transition, le chef de la junte à celui de vice-président, un certain nombre de militaires attendus à des postes clés au sein du gouvernement en gestation et des représentants dans le futur organe législatif, la junte conserve une emprise considérable sur la transition. Cela n’est pas nécessairement vu d’un mauvais œil par les Maliens, relève encore Le Point Afrique. Ils ont accueilli le putsch plutôt favorablement et une partie d’entre eux invoque le temps et l’autorité nécessaires pour créer les conditions d’un redressement dans un pays au bord du gouffre. » Mais, « la CEDEAO, elle, s’inquiète d’une instabilité encore accrue dans un Sahel déjà gagné par la propagation djihadiste et du mauvais exemple régional donné par une junte installée au pouvoir. »
Le temps presse !
En tout cas, ose croire Le Pays au Burkina, « les fleurs de la révolte malienne sont pleines de promesses. Toutefois, il reste à accélérer le processus. Quand bien même il faut prendre le temps de bien faire, il n’en demeure pas moins que les sanctions de la CEDEAO sont en train de tuer à petit feu le peuple malien. C’est dire, estime Le Pays, s’il faut se hâter de donner les bons gages à l’organisation communautaire afin qu’elle desserre son étreinte mortelle. L’autre raison d’aller vite, c’est l’urgence et le caractère titanesque des tâches qui attendent le gouvernement de la Transition. Il faudra, en effet, résoudre très rapidement l’équation de l’insécurité et préparer des élections sécurisées, libres, transparentes et acceptées de tous. »
RFI