De nombreux migrants maliens passent par le Niger pour se rendre dans les pays du Maghreb dans l’espoir de rejoindre l’Europe. Certains d’entre eux sont refoulés par ces pays d’accueil vers le Niger et parfois dans des conditions difficiles. Comment la prise en charge de ses expulsés se fait une fois sur le territoire nigérien ? Une équipe de Studio Tamani a effectué le déplacement au Niger. Reportage.
La dernière vague de Maliens expulsés vers le Niger a pu être rapatriée ce mardi seulement au Mali. Au nombre d’une centaine, ces migrants ont passé plusieurs jours dans des camps de l’OIM (l’Organisation Internationale pour les Migrations) à Agadez, avant d’être transportés à Niamey, explique Adama Berthé, conseiller à l’ambassade du Mali à Niamey. « C’est l’OIM qui les prend en charge. Nous, on travaille avec elle. Quand les migrants viennent ici, je leur fait une note qui est remise à l’OIM et elle se charge de leur retour dans leurs pays respectifs », ajoute M. Berthé, qui se réjouit de la « bonne collaboration » avec cette ONG. Pour le conseiller à l’ambassade du Mali à Niamey, ces migrants ne se font pas identifier à l’ambassade au moment de leur départ. « Nous recevons des migrants quand ils sont en détresse. C’est souvent de gens qui viennent à l’ambassade qui sont sans moyens. L’ambassade fait de son mieux pour les aider à rentrer chez eux. Mais quand ils veulent passer pour regagner le Maghreb, là, l’ambassade n’est pas informée », regrette Adama Berthé.
Pour le Haut Conseil des Maliens du Niger, de nombreuses actions sont entreprises afin de dissuader ces migrants à ne pas tenter cette aventure risquée. Mais sans succès, déplore Souleymane Maïga, Secrétaire général de ce Haut Conseil. Selon lui, il est « difficile » de retenir les candidats à la migration. « Quand tu leur demandes de retourner au Mali, ils te disent non. Moi j’ai vendu un bœuf ou un champ, ou encore ils disent qu’ils ont troqué quelque chose pour venir, il faut que j’aille. C’est ce qu’ils te disent », nous explique le Secrétaire général du Haut Conseil des Maliens du Niger. « Pourtant on leur explique que dans ces conditions ils peuvent mourir dans l’océan ou dans le Sahara. Ils répondent toujours que c’est de la fatalité. Si Dieu prédit que je meurs dans le Sahara ou dans l’océan, je vais mourir. Je préfère mourir dans l’océan ou dans le Sahara plutôt que de retourner les mains vides chez moi », rapporte Souleymane Maïga.
Même si le départ des Maliens vers le Maghreb continue, les autorités maliennes au Niger affirment avoir récemment constaté une baisse. Celle-ci serait provoquée, selon elles, par le durcissement des conditions d’entrée dans ces pays et les nombreuses expulsions.
Les migrants maliens expulsés d’autres pays reviennent souvent dans des conditions très difficiles. C’est du moins ce que dénonce l’Association Malienne des Expulses. Selon le président l’AME, « plus sept cent migrants maliens ont été rapatriés dans des conditions inhumaines et dégradantes en l’espace de trois mois ». Ousmane Diarra prévient sur le risque évident d’une augmentation du nombre de candidats à l’émigration si rien n’est fait pour les déplacés du Centre du pays.
Ousmane Diarra président l’Association Malienne des Expulses
Source: studiotamani