Les fosses septiques, que personne ne prend soin de recouvrir, constituent aujourd’hui de véritables dangers de mort pour les enfants.
Goundo, la trentaine, ne reverra plus jamais son dernier garçon de 4 ans, Papy. Elle explique avec beaucoup d’émotion comment il est mort : « Sur la véranda, je regardais des vidéos avec lui. Aussitôt, il est sorti pour aller jouer avec ses frères. Quelques moments plus tard, les autres sont venus me dire qu’il est tombé dans la fosse septique de la cour », raconte-t-elle toute malheureuse, tout en essayant d’étouffer ses sanglots.
Son fils aîné a continué à raconter cette chute mortelle de Papy : « Il jouait en faisant marche-arrière. Avant qu’on ne s’en rende compte, il était tombé dans la fosse. Sur-le-champ, d’autres jeunes plus âgés que nous sont descendus pour essayer de le sauver, mais ils n’ont pas pu car la fosse est profonde de plus de 4 mètres. » Les jeunes sont remontés à la surface sans Papy. Plus tard, un autre a pu le tirer de là, mais c’était trop tard : il était déjà mort.
Dangers de mort
Ces fosses sont au départ creusées pour être utilisées comme des bassins de retenue d’eau dans le cadre des travaux du chantier de construction. Mais, après le creusage, les propriétaires ne prennent pas le soin de les recouvrir. Partout dans les quartiers de la cité des rails (Kayes), ces fosses, qui servent aussi à l’évacuation des eaux usées, sont de véritables dangers de mort. Elles tuent chaque fois des enfants et des animaux domestiques. Surtout pendant l’hivernage où elles sont remplies par les eaux de pluie et difficiles à apercevoir de loin.
Le cas de Papy n’est pas isolé. En 2017, Evariste Dabou a aussi perdu son enfant dans les mêmes circonstances. « Nous étions sur mon chantier, occupés avec les collègues quand je l’ai perdu de vue. Nous l’avions cherché pendant plus de 2 jours, mais en vain. C’est après que son corps a été retrouvé dans une fosse qui n’était pas loin du chantier, dans laquelle je n’avais pas imaginé qu’il pouvait tomber », raconte-t-il.
Le dernier cas en date remonte au dimanche 30 juin 2019, dans un quartier périphérique de la ville Kayes. Là-bas, c’est un petit garçon de moins de trois ans qui est mort. Selon Monsieur Magassa, son père, le cas de ce petit garçon est très triste, car il est tombé dans une fosse traditionnelle contenant des eaux toxiques de toilettes.
Outre les humains, les animaux ne sont pas non plus épargnés. Récemment, un cheval est tombé dans une de ces fosses et, pendant la saison sèche, les ânes, affaiblis par les travaux et la famine, y tombent souvent.
Manque de contrôle
La question que tout le monde se pose est de savoir pourquoi ces fosses ne sont pas recouvertes. Pour certains, c’est dû à l’ignorance, alors que d’autres estiment que tout cela pose le problème d’un manque de contrôle des services de l’urbanisme, de la mairie etc. Ces services attribuent les lots et les permis de construction, sans se soucier de savoir si le chantier comporte des dangers pour la population.
Cette situation est alarmante et les autorités locales doivent prendre leurs responsabilités. Des mesures draconiennes doivent être prises afin que tous ceux ou celles qui ont leurs fosses septiques laissées ouvertes les ferment avec des couvercles ou qu’ils les bouchent au plus vite que possible.
Des campagnes de sensibilisation et d’information doivent être organisées dans ce sens pour alerter sur les dangers que nous encourons avec ces fosses septiques ouvertes.
En attendant, Goundo ne va plus regarder des vidéos avec Papy : « Nous venions juste de déménager dans cette famille », confie-t-elle. Par la faute du propriétaire qui n’a pas pris la peine de fermer cette fosse, j’ai perdu mon enfant ». A la question de savoir quelle a été la réaction du propriétaire de la maison, Goundo répond : « Il a juste dit qu’il était désolé ».
Source: benbere