S’il est vrai, conformément à l’article 11 de la Constitution du Mali, que « Tout ce qui n’est pas interdit par la loi ne peut être empêché et nul ne peut être contraint de faire ce qu’elle n’ordonne pas », il n’en demeure pas moins vrai cependant que pour un fonctionnement harmonisé de la Nation, les charges et autres fonctions sont préalablement définies et leurs accomplissements sont confiés à des citoyens ou à des regroupements de citoyens qui, finalement s’identifient par leurs fonctions ou leurs rôles dans l’édification nationale.
Pour un fonctionnement harmonieux de l’Etat et de la Nation, il serait absolument nécessaire que toutes les composantes de la société jouent leurs partitions selon les rôles qui leur sont dévolus. Mais malheureusement, à bien disserter sur les tenants et les aboutissants de cette édification nationale, on serait porté à affirmer que de tous les regroupements de citoyens, pour œuvrer à un fonctionnement adéquat de la société malienne, c’est surtout la classe politique qui se singularise par des tares. Dans notre pays, les formations politiques foisonnent, non pas pour prouver aux yeux du monde que la démocratie à la malienne a de l’embonpoint, mais plutôt pour pouvoir d’abord s’attribuer une part, si petite soit-elle, de la subvention allouée par l’Etat aux partis politiques, ensuite pour chercher à se faire de la place dans l’appareil d’Etat. Sous nos cieux, l’idée la plus répandue est celle galvaudée, qui soutient que l’on ne fait de la politique que dans l’espoir de pouvoir bénéficier des délices du pouvoir d’Etat.
Il n’est donc pas étonnant, en considération de cette mentalité, que des tares comme la ‘’transhumance politique’’ et la constitution ‘’d’alliances contre nature’’ deviennent des sports favoris pour nos acteurs politiques. Toute chose qui fonde certains observateurs et analystes politiques à affirmer qu’à des fins de ‘’Refondation’’, des garde-fous seront nécessaires dans le jeu politique malien, pour que le pouvoir qui sortira des prochaines échéances électorales ait des interlocuteurs valables, débarrassés de tout esprit d’opportunisme gratuit. A bien y disserter, on concèderait volontiers que cette observation émise par des analystes politiques maliens est tout à fait pertinente étant donné qu’un autre phénomène, au demeurant dangereux, est en train de s’affirmer, de plus en plus. Il s’agit de l’immixtion des dignitaires religieux dans le microcosme politique malien.
C’est surtout en 2013 que les leaders religieux musulmans ont été amenés à s’immiscer dans l’arène politique malienne, à la faveur de l’élection présidentielle d’alors.
A l’époque, le candidat IBK qui s’était très tôt convaincu que les organisations et associations musulmanes étaient de véritables viviers de potentiels électeurs, a œuvré pour convenir d’un deal avec des dignitaires religieux musulmans. Mais après son accession à la magistrature suprême de l’Etat, IBK aurait rechigné à respecter le deal, provoquant ainsi le courroux de ces dignitaires religieux avec lesquels il avait fait un deal. La suite, on la connait.
Un ressentiment très profond s’est installé entre les deux parties et dès lors les religieux marquent de plus en plus, leurs présences sur la scène politique. On se souvient qu’à un moment, l’Imam Mahmoud Dicko avait écrit un ‘’Manifeste’’ qu’il a rendu public par la suite.
Dans leurs analyses des faits, nombreux ont été les observateurs à se demander s’il était vraiment nécessaire, pour l’Imam Dicko, de faire un manifeste et de le publier ? La réponse est probablement non ! Dans la mesure où, s’il n’est réellement mû que par la volonté de «contribuer à la construction d’un nouveau pacte républicain entre tous les acteurs maliens », il aurait dû en discuter discrètement avec les autorités compétentes. En tout cas, bien qu’il se défende d’être un ‘’Acteur Politique’’, Mahmoud Dicko a acquis une notoriété certaine dans le microcosme politique malien, à telle enseigne que nombreux sont les observateurs qui se convainquent que cette aura n’a pas manqué d’éveiller, en certains d’autres leaders religieux musulmans, des propensions à s’immiscer, eux-aussi, dans la sphère politique…
El Hadj Mamadou GABA
Source : Le Soir De Bamako