Une marée humaine excitée et même surexcitée au Monument de l’Indépendance a demandé le vendredi dernier la démission du locataire de Koulouba, Ibrahim Boubacar KEITA, pour avoir été incapable de satisfaire pendant 7 ans de règne les besoins cruciaux de sa population.
Contre la mauvaise gestion, la corruption, l’insécurité, le favoritisme, les violations des droits de l’homme ; le trio (le Mouvement Espoir Mali Kura (EMK), la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’Imam Mahmoud Dicko (CMAS), et le Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD) a organisé son grand rassemblement au Monument de l’Indépendance avec le soutien de plusieurs organisations de la société civile et des partis politiques de l’Opposition. Malgré les déclarations et communiqués qui ont inondé les réseaux sociaux à la veille pour condamner ledit regroupement, de milliers de personnes ont assiégé le site depuis le matin. Tous scandaient des messages hostiles au régime et demandaient le départ immédiat d’IBK.
Également, sur des pancartes, on pouvait lire : « IBK démissionne », « Manassa démissionne », « Sept ans de corruption, ça suffit », « IBK nous a déçu », « IBK a montré ses limites, qu’il démissionne », « Ce régime est un coronavirus pour le Mali », « Depuis plus de 7 ans, IBK nous étouffe », « IBK, 7 ans de monarchie, ça suffit, il faut quitter », « ça suffit, trop c’est trop », etc.
Lors de ce rassemblement, des responsables et soutiens à l’initiative, pendant près de deux heures, se sont succédé à la tribune pour dépeindre la situation politique, sécuritaire, sanitaire et économique du pays. S’il y a une chose dont ils sont tous unanimes, malgré leur divergence d’approche est le manque d’espérance avec et ses alliés à redresser le pays tout en répondant aux aspirations du peuple.
Pour l’intérimaire à la tête du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD), Choguel Kokalla MAIGA, le président IBK, de par sa gestion, est en train d’exposer le Mali à une disparition. Le chef de l’État est passé à côté de son mandat, le problème du nord, pour lequel le peuple malien l’a plébiscité en 2013, a indiqué Choguel MAIGA. Outre ce point noir, les Maliens souffrent de la faim, de l’insécurité, du problème d’école…
« Un gouvernement qui ne peut assurer ces services à son peuple n’est pas légitime. Donc, c’est un gouvernement qui est incapable de résoudre les problèmes des Maliens. Alors, on ne peut pas accepter un gouvernement illégitime », a déclaré le président du MPR qui a rallié l’Opposition après son départ du gouvernement.
Très attendu, l’imam DICKO a commencé ses propos par présenter son pardon au peuple pour lui avoir donné des consignes de vote en faveur d’IBK, en 2013.
« Aujourd’hui, moi et le Chérif de Nioro demandons pardon au peuple malien pour cette décision », s’est excusé M. DICKO.
Malgré ce remords, Mahmoud DICKO a soutenu qu’ils se sont patientés et ont même conseillé le président, mais en vain, face à des dérives de gestion du pays. Donc, pour lui, le moment est venu de ne plus se taire et, a-t-il ajouté, que contre tout l’argent de ce pays, il ne gardera le silence. C’est une lutte pour le Mali, a-t-il insisté.
« Notre combat est de sauver la patrie. Ce n’est pas un combat contre IBK et son régime qui sont éphémères. Mais pour le Mali qui demeure », a indiqué l’imam DICKO.
Par ailleurs, il a condamné la stratégie du régime de diviser les forces vives de la nation pour régner.
« Ils ont divisé tous les secteurs, toutes les couches », a dénoncé l’ancien président du Haut conseil islamique du Mali. Cela n’est pas soutenable parce que c’est loin d’être un système de gouvernance d’un État. Le pire, cette division est répercutée au sein de l’armée.
« Ce n’est pas avec le clanisme et la division au sein de l’armée que l’on pourra récupérer Azawad. C’est dur, mais la réalité du pays », a déclaré Mahmoud DICKO.
De même, dans son intervention, il est revenu sur certains récents événements dont la répression de la manifestation des jeunes dans la région de Sikasso où plusieurs personnes ont été tuées lors des heurts entre manifestants et des éléments d’une unité spéciale. Une scène révoltante pour DICKO, car proteste-t-il « un régime démocratique et légitime ne tue pas son peuple ». Avant d’ajouter que de par sa gestion IBK « a fait subir au peuple malien, l’humiliation ultime ».
En outre, a-t-il évoqué, sa convocation avortée par la justice consistait à l’arrêter pour des propos qu’il n’a pas tenus. Toutefois, s’il y a une personne qui doit rendre compte au peuple et à la justice, c’est bien IBK et son gouvernement mouillés dans les affaires de corruption. « Ce sont eux qui doivent rendre compte à ce brave peuple », a indiqué l’imam DICKO.
Devant ses milliers de partisans, Mahmoud DICKO a durci le ton en lançant un ultimatum au président de la République. Pour lui, cette mobilisation n’est que le début si jamais IBK ne rend pas sa démission.
« Je jure que si ce rassemblement ne lui sert pas de leçon, il en prendra en compte. (…) Pas de casse ni d’insulte, nous demandons à IBK et à son gouvernement de partir », a-t-il déclaré.
Les trois organisations, dans leur déclaration, ont donné 18 heures au plus tard à IBK pour démissionner ce vendredi.
« Nous allons rester mobilisés au monument de l’I7ndépendance jusqu’à la démission du pouvoir. Nous demandons à tous les Maliens ne pas se démobiliser », a affirmé le porte-parole de la CMAS, Issa Kaou DJIM.
Également, selon Nouhoum TOGO, l’un des membres du cabinet du chef de file de l’Opposition, l’alternative pour ce pays est le départ d’IBK et de tous ses clans qui ont fait une mainmise sur tout.
« Le peuple est souverain. Il a demandé le départ du régime actuel. Donc, ceux qui gèrent doivent être en conscients et de rendre le tablier », a soutenu M. TOGO. Comme ce qui s’est passé en Algérie, nous allons maintenir la mobilisation jusqu’à ce que l’on obtient la fin du règne de ce régime, qui est en sept ans, a échoué à tenir toutes ses promesses.
Après la déclaration de ce nouveau front contre IBK, des manifestations très en colère se sont dirigées vers le domicile privé du président de la République, à Sébénicoro. L’objectif étant de contraindre IBK à démissionner. En tentant d’empêcher ce coup de force, des heurts ont éclaté entre des forces de l’ordre et des manifestants : des jets de gaz lacrymogène contre des cailloux. De même, des pneus ont été brûlés sur la route. La scène de violence a duré pendant plusieurs heures. Selon des sources, l’incident a fait plusieurs blessés des deux côtés et de dégâts matériels.
Par Sikou BAH
INFO-MATIN