En se séparant de sa base, pardon de la Majorité présidentielle, et en s’enfermant dans des logiques de clan et de positionnement, le Premier ministre Boubou qui n’a ni la trempe ni l’endurance ni la légitimité de son prédécesseur, avait pris le risque, sur les conseils de pyromanes voltigeurs, de jouer au trapèze sans filet.
Douze mois après son parachutage à la Primature, l’homme de la famille présidentielle qui aujourd’hui, dit-on, joue ouvertement contre les intérêts et les schémas de la famille pourrait payer cash son toupet et ses infidélités politiques, mais surtout son ambition suicidaire pour 2023.
Croyant trouvé en l’Imam DICKO un allié sûr et une garantie, le Premier ministre Boubou CISSE a nargué un an durant la Majorité présidentielle et les partis signataires de l’Accord Politique de Gouvernance (APG) auxquels il a refusé toute évaluation dudit Accord conformément à ce qui a été signé le 2 mai 2019. Souffrant visiblement d’un complexe de légitimité politique (Boubou n’est même pas dans un comité de l’ASMA parti de son grand frère), le PM cabriole sur les évènements pour narguer la Majorité et refuser de comparaitre devant l’Assemblée nationale pour présenter sa Déclaration de Politique générale. Il pourrait être le seul PM dans l’histoire à ne pas l’avoir fait, donc à avoir géré en toute illégitimité !
En effet, c’est le même Mahmoud DICKO qui le berce, le cajole et borde en lui disant « mon fils » pour mieux le poignarder, qui semble décidé à en finir avec lui. En effet, Boubou pourrait bien être l’agneau sacrificiel pour conjuguer cet énième intifada du Mollah Koumounin. Et pour cause ? C’est connu, en matière de négociation, on cherche le plus pour avoir l’essentiel. En demandant donc la tête de IBK lui-même, c’est clair que DICKO et ses partisans n’espèrent pas voir le pays sombrer dans le chaos et l’anarchie, sans aucune autorité et surtout ne sont tous aussi butés comme Issa Kaou N’DJIM pour penser que IBK quittera Koulouba (« Walaye, Billaye, Tallaye »…, comme il dit) et que le très éclairé et très respecté Imam DICKO va prendre sa place…
Ce que veulent les agitateurs, ce sont des places. Bakari TOGOLA sait mieux expliquer cela : ils ont faim, ils veulent manger. Mais eux-là, contrairement aux affamés internes du système qui sont prêts à se contenter de tout, de n’importe quoi, même des miettes (comme celui de l’autre et de l’autre), les demandeurs de la démission du Président veulent avoir du consistant : on ne va pas vous laisser manger tout seul, on veut notre part, « aw ye guiriman di »… ! Objet de leur appétence : les deux béquilles de Boubou CISSE : la Primature et le ministère de l’Economie et des finances.
DICKO a toujours estimé qu’il doit y avoir une sorte de cogestion de la République entre les politiques et les religieux : un Président politique et un Premier ministre religieux et vice-versa. Il croit que c’est lui qui incarne ce destin. Donc, à défaut d’être président, il veut la Primature (donc la place de son fils) ; et pour s’assurer et se garantir le soutien de son puissant allié de Chérif de Nioro (qu’il va aussi flouer), il promet le département de l’Economie et des finances à de ses disciplines qui viennent de rejoint la Majorité armes et bagages sans autres formes de transition.
En voulant s’incruster ad vitam ad aeternam, pardon en voulant remplier encore à la tête du Gouvernement sans être dans un système parlementaire, le Premier ministre Premier ministre Boubou CISSE qui a pactisé et fondé son salut sur un religieux ambitieux et déloyal, se voit arnaqué par ce même mollah dont les partisans ont discuté hier avec le Président de l’Assemblée nationale des voies et moyens de son débarquement à travers une motion de censure, s’il y a lieu… C’est l’affaire du sauveur qui devient le bourreau ! Pardon, Yafa Boro, c’est un bug du clavier, je voulais écrire : c’est l’arroseur arrosé ! En bambara, on qualifierait ça ainsi : ‘’ka kun kalifa a ti baga la’’.
INFO-MATIN