Au terme de sa quatrième visite au Mali, la délégation du conseil de sécurité de l’ONU a animé, le samedi soir, à l’hôtel Sheraton, une conférence de presse, pour condamner fermement les attaques perpétrées contre des civils et contre le village d’Ogossagou-Peulh (cercle de Bankass). Elle a aussi annoncé une nouvelle feuille de route contraignante pour diligenter la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger.
Cette délégation du Conseil de sécurité de l’ONU, qui a séjourné dans notre pays était composée de l’ambassadeur français aux Nations unies, François de Lattre, le diplomate allemand Christoph Heusgen et l’ivoirien Kacou Houadja Léon Adom. Elle a eu des entretiens avec le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, son Premier ministre, l’opposition politique, la société civile avant de tenir une réunion importante avec les membres du comité de suivi de l’accord et les parties signataires. L’objectif était de faire point sur l’état de la mise en œuvre des mesures prioritaires de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale telles qu’identifiées dans le renouvellement du mandat de la MINUSMA.
Face à la presse, l’ambassadeur français François de Lattre a annoncé la tenue d’une réunion ministérielle importante le 29 mars prochain à New York sous la présidence du ministre des Affaires étrangères de la France, Jean-Yves le Drian. Au cours de cette réunion, des décisions importantes seront prises sur l’avenir du soutien international au Mali. Il a aussi indiqué que la délégation a informé les interlocuteurs maliens sur l’impératif de la mise en œuvre diligente de l’Accord.
La délégation onusienne a salué les progrès réalisés après le renouvellement du mandat de la MINUSMA. Il s’agit notamment de la tenue de l’élection présidentielle de Juillet-Août 2018, la poursuite de la décentralisation, le lancement du processus de démobilisation, désarmement et réinsertion (DDR) ainsi que la prise d’un décret sur la réintégration des ex-combattants des groupes armés aux forces armées maliennes.
Plusieurs mesures non appliquées
Par ailleurs, François de Lattre a regretté la non-application de plusieurs mesures de la résolution 2 423 du Conseil de sécurité avant la réunion ministérielle de mars à New York. Parmi celles-là, il a cité la réintégration des milliers de combattants dans les rangs des FAMAs, l’opérationnalisation des autorités intérimaires et la zone spécifique de développement pour le nord. La délégation de l’ONU a invité les parties prenantes à inscrire dans la priorisation de l’application de l’accord la révision constitutionnelle, la définition d’un plan global assortie du redéploiement des FAMAs au nord du Mali.
Il faut noter que ces échanges ont permis à la délégation du conseil de sécurité d’exprimer les fortes attentes de la Communauté internationale et de constater la volonté commune des partis signataires de mettre en œuvre l’Accord du 15 juin 2015. Au cours des échanges, elle a proposé au CSA une nouvelle feuille de route réaliste et contraignante basée sur un certain nombre de priorités pour diligenter l’application de l’accord.
Le contenu de cette feuille de route sera dévoilé lors de la réunion ministérielle du 29 mars prochain à New York.
Devant la presse, la délégation du Conseil de sécurité et le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Mali, M. Mahamat Saleh Annadif ont exprimé leur consternation face à l’attaque perpétrée, le samedi matin, au village d’Ogossagou-Peulh, dans le cercle de Bankass. » La MINUSMA condamne fermement de telles attaques perpétrées contre des civils qui ont coûté la vie à plus de 100 personnes dont des femmes et des enfants « , a déclaré Mahamat Saleh Annadif. Il a appelé à la cessation de la spirale de la violence et révélé que dans le cadre de son mandat de protection des civils, une force de réaction rapide de la MINUSMA a été aussitôt déployée sur les lieux de l’incident et des mesures ont été prises pour évacuer les blessés vers Sévaré.
Le chef de la MINUSMA a appelé les autorités maliennes à diligenter une enquête pour arrêter et traduire les auteurs de ces atrocités en justice.
Source: L’Indépendant