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4 ans de la transition: des succès, malgré les défis

4 ans après le coup d’Etat contre le régime de feu Ibrahim Boubacar KEITA, le bilan de la transition n’est pas très élogieux, en dépit des initiatives porteuses d’espoir et d’espérance. Les promesses ‘’du projet de société’’ de l’instauration du ‘’Mali Kura’’ pour marquer la rupture avec les mauvaises pratiques de gouvernance sont loin du compte. Malgré l’espoir suscité, elles demeurent, à ce jour, un rêve dans un contexte où la lutte contre le terrorisme s’enlise, l’ampleur de la corruption ne semble pas diminuer…

Le 18 août 2020, la mobilisation populaire contre le régime de feu Ibrahim Boubacar KEITA a été parachevée par les militaires après plusieurs mois de protestation à Bamako et à l’intérieur du pays. Cette mobilisation visait à dénoncer, entre autres : la mauvaise gouvernance, la soif de la justice, la cherté de la vie, la dégradation de la sécurité dans un contexte où le front social était également en ébullition. Et le soir de la démission forcée du feu Ibrahim Boubacar KEITA, les militaires auteurs du coup d’Etat nuitamment font une déclaration à la télévision nationale pour peindre en noir les 7 ans de gouvernance d’IBK.
Selon eux, tout est à revoir et à refonder pour se départir des pratiques qui ont affaibli l’Etat à cause d’une gouvernance non sincère et la prise en otage de l’appareil de gestion par quelques individus.
Maintenant, qu’ils sont au pouvoir depuis quatre ans, où en sommes-nous ? Quel est l’état du Grand corps qu’ils ont diagnostiqué malade ? Les promesses ont été honorées ?
Comme en 2013 avec l’élection d’IBK, l’arrivée des jeunes officiers au pouvoir a donné de l’espoir à une franche importante de la population, à travers la promesse d’instauration d’une politique de gouvernance vertueuse pour marquer la rupture avec l’ancien système ‘’jugé corrompu’’ donc pas susceptible d’amorcer le développement auquel les Maliens aspirent depuis des décennies.
Le fondement de ce ‘’projet de société’’ de la transition se repose sur la refondation du ‘’Mali Kura’’, un slogan inspiré du Mouvement du 5 juin Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) dont la cohésion n’a pas su résister aux appétits individuels de ses leaders.

Le cap de la diplomatie de réciprocité
Prônant un discours souverainiste et nationaliste, à travers les trois principes du président Assimi GOITA, la transition a opéré un changement de paradigme dans sa coopération avec des partenaires dits traditionnels notamment la France.
Avec l’ancienne puissance coloniale, le pays n’est pas loin d’une rupture diplomatique après avoir chassé les soldats de Barkhane et les forces européennes de Takuba, ainsi que l’Ambassadeur de France à Bamako.
Et faisant la ‘’réciprocité’’, un modèle de réactivité, le Mali s’est fait remarquer par sa diplomatique sur la scène internationale avec des discours contre le néocolonialisme que des pays de l’Occident souhaitent voire prospérer en Afrique de l’ouest.
Le changement de cap s’est également opéré lorsque les autorités ont décidé de tourner se vers la Russie, sur le plan militaire, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme après l’échec des forces étrangères. Conséquences : les relations sont devenues plus tendues entre Mali et plusieurs de ses partenaires.
En quatre ans, ces situations ont conduit au Mali de prendre des décisions de sanction pour fustiger l’ingérence dans sa politique interne en dénonçant notamment : la relecture de l’accord de défense entre le Mali et la France.
Aussi, il a renvoyé certaines missions diplomatiques sur le territoire national à savoir : le renvoi du représentant de la CEDEAO au Mali, l’expulsion de l’ambassadeur français au Mali, la suspension des médias français au Mali (RFI, Fr24) ; le renvoi de la force française Barkhane, le renvoi de la force européenne Takuba, le renvoi de la force Onusienne Munisma, le retrait du G5 Sahel en raison de son instrumentalisation, le retrait de la CEDEAO, la dénonciation de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger.
En revanche, les autorités ont réussi, pendant cette période, à renforcer certaines coopérations et de diversifier ses partenaires.
En résumé, les quatre ans de la transition n’ont pas été que l’inimitié et d’adversité diplomatique.

Les souffrances de la population
Sur la gestion de la politique interne, les résultats sont encore loin des promesses. En quatre ans de gestion, malgré la résilience et le soutien populaire à la transition, la population a encore soif de justice. Le panier de la ménagère devient de plus en plus cher.
Les entreprises privées sont frappées de plein de fouet par conséquences de la turbulence économique et de la crise énergétique qui secoue le pays depuis une année.
Sans aucune assistance, des entreprises se ferment ou tournent à mi-temps à défaut de mettre les clés sous paillasson.
Dans ces conditions, difficile pour les autorités d’honorer leur engagement de développement.
Alors que certains murmurent leur souffrance, de nombreux chantiers sur la refondation du Mali Kura ont été engagés par les autorités. Grâce auxquels, le gouvernement en matière de conduite de réformes politiques et institutionnelles a, sans conteste, réussi la tenue du référendum constitutionnelle le 18 juin 2023, la tenue du 27 au 30 décembre 2021 des Assises Nationales de la Refondation (ANR) et la tenue du Dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation le 6 au 10 mai derniers.

L’incompréhension sur l’organisation
des élections
Cependant quant à l’organisation des élections, la transition a galvaudé ses engagements pour avoir repoussé à deux reprises l’échéance des consultations électorales en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel.
De léger report, on assiste finalement à une prorogation de fait de la transition au motif que les données avaient été confisquées par une entreprise française. Si les experts en informatique ont pu récupérer ces données, qu’est-ce que le gouvernement attend pour démarrer le processus d’organisation du scrutin présidentiel ?
En tous cas, après avoir réussi l’organisation du référendum sur la nouvelle constitution adoptée en juin 2023, l’une des priorités devait être le retour à l’ordre constitutionnel.

Malgré les efforts, la corruption gangrène
La lutte contre la corruption, demeure l’un des piliers essentiels de la refondation de notre pays. Des lois ont été prises et modifiées tout en y mettant des gardes de fou contre la corruption.
Depuis des années, des arrestations des cols blancs se poursuivent pour détournement des deniers publics dont les montants s’élèvent à des dizaines de milliards de FCFA.
Malgré tout, cette pratique constitue l’un des défis pour notre pays comme l’illustre les différents rapports du Bureau de Vérificateurs générateurs (BVG). Ce dernier relève, par an, dans ses rapports des milliards de F CFA engloutis dans la magouille dans un pays où tout est priorité.
Par ailleurs, si des Maliens ont apprécié l’ouverture de la Cour spéciale sur les dossiers de corruption et délinquance économique et financière en cours depuis le lundi 1er juillet 2024 à Bamako, en revanche ils ont déploré l’absence de certaines affaires majeures.
Il s’agit notamment des dossiers de l’Assemblée nationale, de l’avion présidentiel et des équipements militaires, de l’affaire de Sécuriport, de l’EDM et celle de la Chambre du Commerce et d’Industrie du Mali (CCIM), entre autres. Tous ces dossiers sont liés aux atteintes des biens publics. Dans tous les cas, la transition a moins le courage d’ouvrir l’instruction sur des grands dossiers de détournements de fonds.

Les FAMa rassurent leurs missions
Sur plan militaire et de la lutte contre le terrorisme, il fait presque l’unanimité. La dynamique enclenchée a véritablement contribué de renforcer la capacité opérationnelle des forces armées maliennes citées parmi les armées les plus équipées de la CEDEAO.
Grâce à ces moyens, les FAMa qui ont adopté des postures offensives font la fierté de notre pays. La preuve : en quatre ans, l’essentiel du territoire demeure dans le giron de notre pays. Et, les FAMa poursuivent la conquête d’autres localités occupées par les séparatistes et leurs alliés des groupes terroristes désormais soutenus par l’Ukraine.
Trois ans après la rectification, on peut dire que l’intégrité du territoire national n’est pas loin d’être restaurée, la paix et la sécurité reviennent progressivement avec la reprise de Kidal ; et les forces de défense et de sécurité assurent et accomplissent leurs missions sacrées aux satisfactions des populations qui sont aujourd’hui fières de leur armée.
Toutefois, ces prouesses ne doivent pas oublier aux autorités que la paix et la réconciliation passent nécessaires par le dialogue avec les groupes séparatistes, comme conseillé par le général Yamoussa CAMARA, Housseini Amion GUINDO et Ousmane Madane HAIDARA.
« Des victoires ont été enregistrée çà et là. La victoire n’est pas un objectif politique. Or, la paix est un objectif politique. On ne parviendra jamais à la paix par la victoire militaire. Seulement, elle permet de circonscrire à des menaces », avait alerté Yamoussa CAMARA.
A ce jour, le processus du dialogue et de la réconciliation semble être cloué malgré le Dialogue inter-Maliens (DIM) qui a été bis repetita des Assises nationales de la refondation. Il ne s’agissait pas à travers le DIM de jeter la pierre au passé, mais juste de donner toutes ses chances à un dialogue direct inter-Maliens pour la paix et la réconciliation.

PAR SIKOU BAH

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