Le 2ème tour des élections législatives s’est déroulé, hier dimanche, sur toute l’étendue du territoire nationale. A l’image de plusieurs quartiers de la capitale, les habitants de Sébénikoro ne se sont pas bousculés devant les urnes.
Déchantés par le bilan des 100 jours d’IBK au pouvoir, dominés de tâtonnement et de promesses sans actions concrètes d’une part et mal informés sur l’identité des candidats et de leur programme d’autre part, les habitants de Sébénikoro ont, pour la plupart, simplement opté pour la réticence devant les urnes. En témoigne le silence de mort, qui régnait dans le centre A, B et C, le plus grand centre du quartier qui compte plus de 40 bureaux de vote. A l’ouverture des bureaux de vote à 8 heures, aucun électeur n’était perceptible. Seulement, une poignée d’observateurs électoraux défilaient entre les différents bureaux pour faire l’état des lieux. Aux entrées du centre étaient postés des agents de sécurité qui causaient tranquillement en attendant l’arrivée des électeurs. Même constat au centre du second cycle. Là, le président du bureau n° 7, Seydou Touré craint même une rechute catastrophique du taux de participation lors de ce 2ème tour. Car, à 10 heures encore son bureau n’avait enregistré, en tout et pour tout, que 5 votants dont quatre hommes et une femme. Derrière cette timidité des électeurs devant les urnes, M. Touré, y voit une rechute du taux de participation pour son bureau qui a enregistré 98 votants lors du 1er tour.
Selon Daouda Diarra, un mécanicien que nous avons approché, au cours de notre reportage, devant sa porte entrain de prendre du thé, les gens refusent d’aller voter parce qu’ils ne savent pas pour qui voter. A l’en croire, la plupart des électeurs ne connaissent ni les candidats qui passent au 2ème tour, ni le contenu de leur programme. « On ne connait que les noms des partis qui s’affrontent. Par contre, l’identité et le programme des candidats qui incitent les électeurs à aller voter ne sont pas connus », a ajouté M. Diarra.
Youssouf Z Kéïta
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IBK vote à Sébénikoro
C’est dans le bureau n°1 du centre A, B et C de Sébénikoro que le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, accompagné de son épouse Aminata Maïga a voté lors du 2ème tour des élections législatives. C’était en présence d’un parterre de journalistes nationaux et étrangers. A sa sortie du bureau de vote, le président s’est prononcé sur le bilan de ses 100 jours au pouvoir. Comme on pouvait s’y attendre, IBK s’est embourbé dans la contradiction en disant qu’il place le second tour des législatives « sous le signe du renouveau ». En tenant un tel discours, à quoi a voulu faire allusion IBK ? L’absence des électeurs semble dire qu’ils ne croient pas à ce renouveau.
Youssouf Z Kéïta
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Deuxième tour des législatives en commune III / Les électeurs fâchés contre les urnes
Le 1er tour des législatives a dépassé en affluence le 2ème tour en commune III. Les bureaux ont ouvert à temps. Présidents, délégués, assesseurs et matériel de vote, tous étaient fin prêts, pour attendre des électeurs invisibles.
Bakary Touré dit Doudou, chauffeur à Orange Mali
Je pense que le vote est un acte de citoyenneté. Personne ne doit se plaindre encore de l’impréparation des élections. Car tout a été mis en œuvre pour satisfaire les électeurs. Je crois que les populations ne font plus confiance aux hommes politiques. Ceci peut expliquer le manque d’affluence, malgré toutes les sensibilisations. Mais je pense que cela ne doit pas pousser les gens à bouder les urnes. Car ce sont ces élus qui vont parler en notre nom. Pour moi, voter c’est contribuer à la construction de son pays, c’est apporter le changement. Pour amener le changement, il faut que tout le monde s’implique. Nul ne peut amener le changement en restant à la maison. Aussi, je pense que celui qui ne vote pas n’est pas un bon citoyen. Au-delà de ça, j’entends les gens dire qu’il faut que l’assemblée soit à la dévotion du président de la république. Ça, je ne suis pas d’accord. Je pense qu’il nous faut une opposition capable d’apporter la contradiction. Il faut qu’il ait un équilibre relatif entre les deux pour qu’on ait une vraie démocratie. Nous ne devons plus tomber dans ce phénomène de caisse de résonnance où les députés ne sont là que pour le président et pour eux-mêmes. J’invite tous les Maliens à chasser les anciennes pratiques c’est-à-dire le pouvoir de l’argent. C’est en cela que nous pouvons vivre une véritable démocratie dans notre pays.
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Mamadou Dabo instituteur à la retraite
Je viens contrairement aux jeunes, parce que j’ai le souci du devenir du pays et de ces mêmes jeunes. Je viens pour ne pas regretter de mon absence lors du choix des dirigeants qui doivent parler de l’avenir de nos jeunes. Ce qui est regrettable, c’est que nos jeunes dans les grins ne parlent que de Barça, de Real, bref du foot au lieu de leur avenir. Moi je viens dans l’espoir de tomber sur quelqu’un qui aura le souci du devenir de nos enfants, quelqu’un qui pourra parler de l’emploi des jeunes. Si chaque jeune pouvait apporter un petit quelque chose à la maison, il y aura moins de problème dans les familles, dans le pays. Je suis amoureux d’un passé lointain ou avec les usines très nombreuses dans le pays, chaque jeune à l’époque apportait quelque chose, sa contribution dans la famille. Je dis à nos jeunes qu’un dicton dit que « tout ce qui est fait sans toi, est fait contre toi ». Les jeunes doivent avoir à l’esprit qu’ils sont les mieux placés pour amener le changement. Nous devons tout faire pour avoir des députés honnêtes qui ont le souci du pays, des jeunes.
Réalisé par Fakara Faïnké
Source: Lerepublicainmali