Mars 1991 – mars 2019, vingt-huit ans après l’avènement de la démocratie au Mali, la population dans sa majorité se dit “insatisfaite” du bilan. Entre la trahison des idéaux, la mauvaise gouvernance et l’extrême pauvreté chez de nombreuses populations, certains acteurs se posent bien des questions. Pour des spécialistes du droit constitutionnel estiment que c’est le modèle de la démocratie malienne même qui présente des limites.
Nombreux sont les Maliens qui estiment que les raisons pour lesquelles les acteurs du mouvement démocratique se sont battus au nom du peuple dans les années 1990 restent d’actualité. Selon le Pr. Abdoulaye Niang, Directeur du centre de recherche Séné, la mauvaise gouvernance est totale au Mali. « Les 28 ans sont marqués par un système de mauvaise gouvernance sociale et culturelle. Regardez seulement la bataille entre les religieux, la bataille entre les partis politiques », regrette-t-il. Selon lui l’avènement de la démocratie n’a pas apporté le bonheur tant souhaité. « Le Mali est certes troisième ou quatrième producteur de l’or, peut être premier producteur de coton et le citoyen malien se trouve à la 156ème place de l’indice de développement humain », souligne-t-il.
Cette lecture est loin d’être partagée par certains acteurs du mouvement démocratique. « Non, mars a des acquis incontestablement positifs », insiste maître Hamidou Diabaté, acteur du mouvement démocratique et ancien membre du comité de transition pour le salut du peuple. Selon lui, les points positifs sont entre autres l’existence des libertés. « Moi j’ai vécu assez longtemps avant mars 1991. Je pense que dans le domaine de l’éducation et de la santé incontestablement, notre pays a connu des améliorations », ajoute-t-il.
De son côté, Aboudrahame Touré professeur du droit constitutionnel met un accent particulier sur les limites de notre modèle démocratique. Selon lui, le système présente des failles qu’il faut corriger. « Le Président de la République concentre tous les pouvoirs » dénonce-t-il. Dans ces conditions « il faut une presse de contre poids et une justice est indépendante », affirme-t-il.
La révolution de mars 1991 avec son lot de martyrs a permis de mettre fin aux vingt-trois ans de règne de la dictature du Général Moussa Traoré. Cependant, certaines victimes de la répression de mars 1991 sont encore en attente de leurs droits. Vingt-huit ans après la révolution, elles estiment avoir été oubliées par les nouvelles autorités post-1991. Hawa Cissé se souvient encore de ces moments douloureux de la révolution où elle a reçu une balle sur sa jambe et perdu plus d’une dizaine de dents.
Hawa Cissé, membre de l’Association des victimes de la répression de mars 199.
Studio Tamani