La 26ème session ordinaire du Comité de suivi de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali (CSA) s’est tenu les 25 et 26 juin 2018 à l’ex CRES. Les travaux ont pris fin le mardi 26 juin dernier sans aboutir aux résultats escomptés. Car, les travaux, qui auraient dû être consacrés à la mise en œuvre de la feuille de route du 22 mars 2018 et le rapport établi par l’observateur indépendant, ont finalement buté à la question de répartition des postes de responsabilité au niveau des cercles. C’est dire que les questions essentielles ont été occultées face au blocage des travaux liés à la répartition des postes de responsabilités
Au cours du point de presse qui a bouclé cette session, il est ressorti que la question de répartition des postes a été écartée, après d’âpres négociations entre les parties, précisément les groupes armés qui semblent avoir des intérêts particuliers dans le cercle de Gourma Rarhous. Pour le président du Comité de Suivi de l’Accord, M. Ahmed Boutache «malheureusement, un seul point à cristalliser tous nos efforts, celui relatif à un arrangement global entre les parties maliennes sur la répartition des postes de responsabilité, notamment au niveau du cercle de de Gourma Rarhous». Pour lui, l’ordre du jour prévoyait principalement deux points : à savoir, l’évaluation de la mise en œuvre de la feuille de route relative aux questions prioritaires et l’examen approfondi du rapport établi par l’observateur indépendant, notamment en ce qui concerne ses recommandations. Mais, déplore-t-il, «les parties ont rouvert le débat sur certains arrangements déjà convenus, notamment la répartition des postes au niveau du cercle de de Gourma Rarhous». Il expliquera que pour lever le blocage, la médiation avait proposé que le cercle de Gourma Rarhous soit pourvu par le gouvernement qui nommerait une personnalité «totalement indépendante, c’est-à-dire qui n’est ni de la CMA ni de la Plateforme».
Des questions essentielles occultées
En outre, le président du CSA expliquera que les groupes armés ont fait un rejet catégorique de cette proposition. Pour lui, «puisque la communauté internationale ne peut rien imposer, il a alors été convenu d’accorder un temps aux parties pour qu’elles discutent et parviennent à une solution consensuelle sur ce sujet». «Malheureusement, les parties ne se sont même pas réunies pour discuter de cela », a regretté Ahmed Boutache qui a avoué «un constat de désaccord entre les parties, essentiellement les mouvements, en ce qui concerne un certain nombre de cercles qui restent à pourvoir». Finalement, souligne-t-il «il a été décidé d’accorder un délai supplémentaire aux parties pour qu’elles puissent, le plus rapidement possible, trouver une solution globale et définitive à cet imbroglio».
Ainsi, en se focalisant sur cet aspect, le Comité a finalement occulté des questions très importantes, notamment celles liées au volet défense et sécurité qui sont cruciales au regard de la nécessité de sécuriser le prochain scrutin présidentiel.
En réponse aux questions des journalistes, sur les dispositions envisagées pour la sécurisation de l’élection présidentielle, M. Ahmed Boutache a tout simplement affirmé que les discussions sont en cours ; impliquant aussi bien le ministère malien de la Sécurité que les groupes armés et les partenaires, en l’occurrence la MINUSMA. «Il faut espérer que les parties maliennes fassent preuve de maturité et essayent de sortir d’un certain nombre de calculs, qui sont des calculs de clocher, pour aller vers des positions qui favorisent davantage l’intérêt du Mali et des Maliens», a fait savoir le conférencier, espérant que les acteurs parviendront à se mettre d’accord et à créer les conditions favorables à une bonne tenue du prochain scrutin.
Quant à M. Koen Davidse, représentant spécial adjoint du secrétaire général des Nations unies, chargé des Affaires politiques, il a souligné les progrès enregistrés dans la mise en place des patrouilles mixtes à Tombouctou et Kidal. Au-delà, dit-il, malgré les difficultés, les acteurs ont prouvé leur détermination à ne pas céder sur leur choix stratégique d’imposer la paix par la mise en œuvre de cet Accord. Pour lui, des résultats probants sont palpables sur le terrain, notamment en matière de défense et de sécurité. On peut citer, entre autres, la création et l’opérationnalisation du Conseil national de la réforme du secteur de la sécurité (CN-RSS) et ses cellules spécialisées, de la Commission nationale de Désarmement-Démobilisation-Réinsertion (CN-DDR) et de la Commission d’intégration (CI). Autres acquis, restent la constitution des premières unités du Mécanisme opérationnel de Coordination (MOC) et des patrouilles mixtes à Gao, Tombouctou et Kidal, la construction des sites de cantonnement pour accueillir les ex-combattants. Sur les 24 sites identifiés et validés par la MINUSMA, actuellement 8 sites de cantonnement pouvant accueillir chacun 750 ex-combattants, sont déjà utilisables. Cependant, de nombreux défis se posent. Il faut faire face à l’installation et au fonctionnement effectif des Autorités intérimaires et des Collèges transitoires au retour de l’Administration dans toutes les Régions du nord et au rétablissement des services sociaux de base. L’autre défi reste la mobilisation des financements annoncés pour réaliser les engagements souscrits par le gouvernement malien dans l’Accord.
En somme, il revient au CSA de s’assumer avec responsabilité en œuvrant dans le sens que lui confie l’Accord. Il ne doit pas, comme le disait l’Observateur Indépendant, se limiter au suivi des actions des parties au détriment de ses autres missions essentielles.
Dieudonné Tembely
Source: infosepte