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26 Mars 91 : Et… la dictature chuta !

Quelle date que le 26 mars 1991 ! Les tenants et les aboutissants de cette date historique et fatidique sont à rechercher dans le cérémonial organisé au carré des martyrs du cimetière de Niaréla et au monument des martyrs face à l’Ambassade de France, côté Est, et faisant dos au pont des martyrs avec la dame pleurant son enfant assassiné et dont le corps est sous ses yeux, elle-même agenouillée. Qui pouvait prévoir la chute du régime sanguinaire et dictatorial qui régnait sur le pays de 1968 avec le coup d’État du 19 novembre 1968 à ce mardi 26 mars 1991 où la joie populaire était à son paroxysme à l’arrivée des militaires patriotes et délivreurs du peuple à la Bourse du travail (siège de l’Union nationale des Travailleurs du Mali-Untm). Retour sur une épopée politique agitée du Mali contemporain.

Si l’histoire ne se répète pas elle est faite pour se souvenir. Le jour du souvenir du 26 mars, date fériée, chômée et payée depuis 24 ans, se passe de plus en plus sans grand engouement. C’est à se demander où sont passés tous ces acteurs militants engagés de la cause démocratique d’alors, réunis au sein du Mouvement démocratique ? Ce conglomérat de politiciens avisés, de révolutionnaires et de quelques activistes scolaires opportunistes a fini par s’entre-déchirés et dévier des idéaux de la révolution de mars 91.

24 ans après, si l’histoire ne s’est pas répétée elle a par contre bégayé. Ne serait-ce que parce que certains acteurs clés de cette longue marche vers la démocratisation ont échoué à faire de ce fait politique marquant de la fin du 20ème siècle un tournant décisif de notre part d’histoire dans le concert des nations. Pour qu’on en arrive à se poser encore la question de savoir quelle Charte, quelle loi électorale pour les Partis politiques ? Quelle nouvelle Constitution  pour un Mali Kura ? Quelle nouvelle forme de Conférence nationale ? Il a coulé beaucoup d’eau sous les ponts.

Ainsi, de l’élection du 12 avril 1992 du premier président de la République démocratiquement élu (Alpha Oumar Konaré avec 43%) à ce 22 mars 2024, l’on ne cesse de se poser la question de savoir ce qui s’est réellement passé le 26 mars 1991 à Bamako et dans tout le Mali ? Le point culminant de la contestation estudiantine est atteint le 22 mars 1991, lorsque des milliers d’étudiants, de fonctionnaire et d’ouvriers sont sortis pour manifester dans les rues à côté des sœurs, femmes et des mamans qui avaient déjà pris d’assaut le pont pour rallier le centre-ville en venant de Badalabougou. Le régime de Moussa Traoré commence à faiblir sous la pression d’une situation économique qui ne permet plus aux Maliens d’être satisfaits de la situation politique. Tel un animal blessé, le Parti unique qui tenait le gouvernail à travers l’Union démocratique du peuple malien (Udpm), jeta ses dernières forces dans la bataille en donnant l’ordre de tirer sur la foule depuis le Pco (Poste de commandement opérationnel dirigé par le Lieutenant-colonel Bakary Coulibaly). Jusqu’à ce jour, malgré les procès Crimes de sang et Crimes économiques l’on ne sait toujours pas qui a donné l’ordre de tirer, le Général Moussa Traoré, chef de l’État ayant complètement perdu le contrôle sur l’appareil de répression bien rodé qui exerçait sévèrement. En se retournant contre sa population, l’armée avait fait feu sur la foule et près de 200 morts sont tombés sous les balles. C’était le jour qu’on a qualifié de vendredi noir. Les manifestations ont culminé avec des affrontements violents et certains manifestants ont été brutalement fauchés par balle. Malgré cette répression, le peuple se tenait debout prêt à mourir jusqu’au dernier pour exiger un changement radical, prenant ainsi une sérieuse option vers le multipartisme et la démocratie. 72 heures après ce vendredi noir, dans la nuit du 25 au 26 mars 1991, un coup d’État vint mettre fin à hémorragie, car les populations martyrisées étaient cette fois-ci bien déterminées à en finir une fois pour toute.

L’entrée en scène de l’armée

Grâce au jeune officier, le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré, le Général Moussa Traoré est mis en état d’arrestation pour sa propre sécurité. Le Bourreau du peuple venait d’échapper à une mort atroce que les acteurs révolutionnaires s’apprêtaient à lui faire vivre par le Code de procédure accélérée (cpa-loi de la rue) autrement dit article 320 (300 frs de carburant et une boîte d’allumette à 20 frs). Le pouvoir n’était plus dans les mains des oligarques du parti Udpm. Les militaires l’avaient récupéré et comptaient en faire partage avec la société civile et politique malienne. D’où la naissance du CTSP (Comité de transition pour le salut public). L’avènement d’une telle instance fait suite au rejet à la bourse du travail des propositions des militaires du CNR (Conseil national de Réconciliation) par les organisations coalisées du Mouvement démocratique.

Avec la formation d’un gouvernement de consensus et de large ouverture, la Transition malienne sous ATT pouvait à présent inaugurer une nouvelle ère pour le Mali avec la fin de la concentration des pouvoirs par un seul parti et l’instauration du multipartisme intégral dans un système démocratique dit État de droit.

Ces faits se sont passés parce que les causes du mal étaient profondes et personne n’avait le courage de les remettre en question. Ce qui nous donne une idée précise  de la perception générale des Maliens sur leur révolution du 26 mars 1991 et le sens donné à la démocratie 34 ans après. L’histoire de la journée du 26 mars 1991 au Mali est donc un objet d’étude intéressant qui garde toute son importance en tant que moment d’histoire et de rupture tant au plan moral, spirituel que politique. La «journée des martyrs» est ainsi devenue le symbole des victimes et héros de la lutte héroïque du peuple malien pour la démocratie. À Bamako, le carré des martyrs se trouve dans le cimetière de Niaréla et le monument d’hommage aux martyrs de la démocratie est situé sur l’avenue Modibo Keïta face au square Patrice Lumumba. Désormais, le président Moussa Traoré et l’Union démocratique du peuple malien (UDPM), le parti unique, n’avaient plus les commandes et la vie politique au Mali pouvait prendre une nouvelle orientation démocratique.

Climat d’instabilité

Après deux décennies de règne solitaire du pouvoir, en ayant éliminé ses proches collaborateurs du groupe du CMLN (Comité militaire de libération nationale), le Général Président de la République du Mali et Secrétaire général à vie du parti constitutionnel Udpm, ne pouvait plus faire face aux injonctions de Paris et de la communauté internationale. Avec les pressions des institutions de Breton Woods, de graves problèmes économiques étaient le mot quotidien des Maliens. À la fin de l’année 1989, avec la chute du mur de Berlin et le dégel de la guerre froide entre superpuissances, la fin du dictateur roumain allait réveiller des sentiments farouches en les Maliens qui ne se sentaient plus obligés de respecter les lois de la République qui tue ses propres enfants. Le mouvement de contestation va se généraliser à tout le pays désormais contre le régime autoritaire en place. Les journaux et associations actives qui ont pu se créer accentuaient la lutte en attirant le feu de la colère à travers presse. Face à cette frénésie pour les revendications démocratiques la situation se dégradait, les aspirations au changement se faisaient entendre plus fort, le barreau malien et les travailleurs du syndicat unique ont pu entrer dans la danse. Les grèves des étudiantes, sous l’impulsion de l’AEEM (Association des élèves et étudiants du Mali) secouent le pays. Les représentants de la foi sont sollicités pour appeler au calme ou pour stopper la répression brutale. L’imam Balla Kalé et Monseigneur Luc Sangaré ne seront pas en reste. Dans ce climat d’instabilité généralisé et face à la fébrilité de l’État et du parti unique Udpm, les militaires vont prendre leurs responsabilités et s’assumer en prenant le pouvoir des mains du General Moussa Traoré. Le 26 mars 1991, le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré est proclamé Chef de l’État et Président de la Transition confiée au mini parlement dénommé Comité de transition pour le salut du peuple (Ctsp). Une fois le parti unique – l’Udpm – dissous, le gouvernement de la Transition est installé avec comme Premier Ministre un jeune incorruptible nommé Zoumana Sacko. La transition va se poursuivre sur 14 mois et 147 jours malgré un coup d’État raté, le 15 juillet 1991, qui mène entre autres à l’arrestation du ministre de l’Intérieur. Il a fallu le renversement de GMT pour qu’une première transition naisse au Mali. Le processus démocratique est désormais lancé et rien ne pourra l’arrêter jusqu’à son terme final par l’organisation du scrutin présidentiel du 12 avril 1992 qu’ont précédé les législatives du 8 mars 1992. Au terme du deuxième tour, l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (Adema Pasj) arrive en tête avec 76 des 116 sièges en jeu. Le 26 avril, le candidat de l’Adema, Alpha Oumar Konaré, remporte le second tour de la présidentielle devant Tiéoulé Mamadou Konaté de l’Union soudanaise-Rassemblement démocratique africain (Us-Rda). La participation aux législatives, comme à la présidentielle est cependant faible. Les élections sont boycottées par plusieurs catégories de personnes et le processus fait l’objet de critiques. La démocratie malienne persistera néanmoins sous Konaré qui sera réélu pour un second mandat en 1997. Tel que promis lors de la Conférence nationale de fin juillet mi-août 1991, les élections législatives et présidentielles ont été finalement tenues en 1992.

 Khaly-Moustapha LEYE

 

Source: L’Aube

 

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