L’on rappelle que notre pays a accédé à la souveraineté nationale et internationale un jour historique de 22 septembre 1960. Le Mali est né sous la haute direction du président Modibo Keïta. Pendant huit (08) ans de règne, le président Modibo a montré à la face du monde que sans une économie nationale forte, il n’y a pas d’indépendance nationale véritable. Il a aussitôt entrepris la construction d’usines de première nécessité pour faire face aux impératifs économiques d’une indépendance arrachée de haute lutte des mains du colonisateur français. Cela était un impératif catégorique quand on sait que l’industrialisation doit être le socle d’une économie indépendante nationaliste.
En 1968, on dénombrait une vingtaine d’usines nationales. Cette amorce d’industrialisation est allée de paire avec un décollage agricole courageux et nationaliste.
A ce sujet, Amadou Seydou Traoré dit Amadou Djicoroni, dans son illustre ouvrage intitulé ‘’Devoir de mémoire, Devoir de vérité’’, a écrit: «En 1960, dès la première année de notre indépendance, avec la mobilisation populaire effectuée avec amour, confiance et reconnaissance envers l’Union soudanaise RDA (US-RDA), nos paysans engagés et dynamiquement organisés, ont produit 765 000 tonnes de gros mil… En 1960, le Mali a récolté 125 000 tonnes de riz paddy, 105 000 tonnes d’arachide en coque et 128 000 tonnes en 1964, 210 000 tonnes de riz, en 1964.»
Dans le domaine de l’éducation, le Mali a entrepris une vaste réforme de son système éducatif. C’était en 1962. Cette Réforme dite de 1962 avait un caractère fondamentalement révolutionnaire et nationaliste. Elle a produit sans fausse modestie les meilleurs parmi les meilleurs cadres africains.
Dans le domaine de la santé, des hôpitaux ont été dressés dans toutes les capitales régionales du Mali pour soulager les souffrances des patients Maliens.
Dans le domaine de la défense nationale, Modibo Keïta a imposé à la sous- région ouest africaine le respect du Mali par la mise sur pied d’une armée combattive nationaliste consciente de sa mission de défense nationale, une armée de métier résolue de mourir pour que vive le Mali.
Hélas, jalouse de ce regain de ce nationalisme du Mali et surtout effarée, la France ne pouvait rester respectueuse de notre souveraineté nationale. Avec sa bénédiction et son soutien tacite, un groupe de soldats sous la direction du lieutenant Moussa Traoré a orchestré un coup de force contre le régime nationaliste de Modibo Keïta. C’était un mardi noir du 19 novembre 1968.
Après dix (10) ans de vide politique, l’aventure de Moussa Traoré a accouché d’un parti politique mort- né en l’occurrence l’Union démocratique du peuple malien (UDPM).
Pendant vingt-trois (23) ans, la deuxième République de Moussa a semé les germes de la dislocation de la conscience patriotique de notre peuple.
En lieu et place du devoir nationaliste dans la gestion des affaires du Mali, le régime Moussa a édifié la grande muraille de la gabegie, de l’affairisme, de la surfacturation, du népotisme, bref de tout ce qui ratatinera incontestablement l’avenir radieux de notre grand Mali. Mais c’était sans compter avec notre peuple combattant et résolu à se donner la parole.
Le 26 mars 1991, l’apache régime militaro-udpmiste de Moussa Traoré est chassé du trône par nos masses laborieuses dressées comme un seul homme au sein de ce qu’il convenait d’appeler le ‘’mouvement démocratique’’.
Après quatorze (14) mois de transition réussie par le lieutenant- colonel Amadou Toumani Touré (ATT), place à un président démocratiquement élu. Vite, tout se passait comme si Alpha Oumar Konaré était en mission commandée de la France coloniale dans notre pays. Il a vite fait de décevoir tous les espoirs, laissant notre peuple sur sa faim. Notre pays a été mis à la merci des grands délinquants financiers.
L’affairisme, la gabegie, les détournements de deniers publics initiés par la deuxième République se sont érigés en mode de gouvernance dans notre pays.
Rappelons que sous Alpha vingt et un (21) milliardaires maliens dont quinze (15) hauts fonctionnaires ont construit leurs beaux châteaux de fortune aux dépens de notre peuple travailleur.
En avril 1996, Alpha a entrepris de phagocyter pour longtemps notre vaillante armée. Sa ‘’flamme de la paix’’ a consacré la haute trahison de la République du Mali en faisant croire aux naïfs de la politique que le pays n’a pas besoin d’armes mais des matériels agricoles. Mais Alpha ne pouvait avoir la sagesse de reconnaître que sa conscience française disposait déjà du bouton nucléaire et d’une armée de frappe sophistiquée prête à se faire respecter sur tous les théâtres d’opération militaire ça et là.
Ayant programmé de saboter notre système de défense nationale, Alpha ne pouvait reconnaître dans ses discours trompeurs que quiconque veut la paix doit préparer la guerre.
L’ère Alpha se résume dans cette haute trahison de notre peuple au nom d’une ‘’démocratie’’ fallacieuse électoraliste foulant au pied le sacrifice ultime de femmes et d’enfants ayant accepté de mourir pour la naissance d’un Mali fort, respectable et prospère.
A la fin du deuxième mandat d’Alpha Oumar Konaré tout s’est passé comme s’il y a eu, en 1992, une convention non avouable avec ATT (le chef de la transition): ‘’tu me donnes le trône et à la fin de mon second mandat, je te le remets’’. En tout cas, Alpha a tout simplement pratiqué pendant son règne la politique de l’autruche qui consistait à phagocyter tous les secteurs sensibles de notre démocratie tout en croyant être caché.
L’armée, les partis politiques, l’enseignement et les syndicats ont été fractionnés, phagocytés pour éviter l’unanimité du retour d’ATT dans les casernes, bien entendu avec la complicité de ses politiciens criquets qui se présentent aujourd’hui au Mali comme des saints sauveurs de la République et de son peuple.
Pendant neuf ans, ATT a brillé par la félonie d’un régime conteur dont la gouvernance a conduit à l’occupation des trois régions du Nord-Mali (même si pour une certaine Assemblée nationale, ATT n’a rien fait).
Pousse-pousse s’arrêtant forcément au mur , ATT a été chassé de Koulouba par de jeunes soldats sans expérience et qui n’avaient pas mesuré à sa juste valeur la responsabilité entière de la quasi-totalité de cette classe politique pourrie qui a juré de se servir du Mali au lieu de le servir, étant entendu que le président conteur, au nom d’une gestion consensuelle a remorqué pratiquement tous ses politiciens sans le moindre souci de la nation.
La suite, on la connaît: les jeunes putschistes qui devraient mettre un terme à cette farce politicienne ont été emballés dans les filets d’un démocratisme aberrant et fallacieux. ATT est parti, voilà IBK, en 213 sur qui bien de Maliens comptaient vraiment pour relever les défis de l’insécurité, de l’occupation de notre territoire (à présent Kidal n’est pratiquement pas malien) et du mieux être économique de notre peuple.
Après cinq (05) ans de gestion catastrophique de nos affaires par le président élu, en 2013, avec 77,66% des suffrages exprimés, que d’espoirs déçus ! Les consciences nationales sérieusement infectées par le virus de l’argent parce que torturées par la misère et la désolation ont réélu le même IBK, avec 66,16% des voix, qui visiblement ne peut défendre aucun bilan réel à l’avantage du peuple malien. Hélas ! Des concertations nationales auraient mieux servi le Mali que ses élections réalisées sur fond d’achat et de corruption des consciences nationales.
Les contestations des résultats en disent long. Mais les masses ne pouvaient agir autrement en pareille circonstance parce qu’humiliées par leurs conditions de vie réelles et par l’absence de vie décente.
Le 22 septembre 2018, le Mali célèbre les cinquante-huit (58) ans de son accession à la souveraineté nationale et internationale. Aujourd’hui, force est de constater que le président IBK n’a nullement comblé les attentes des Maliens n’en déplaise à ceux qui veulent continuer à se servir de notre pays et de son peuple travailleur.
A l’entame de son second quinquennat, l’on n’attend rien de meilleur de sa gestion des affaires de la République. IBK semble (de façon rusée va-t-on dire) jumeler prestation de serment et célébration de notre indépendance nationale.
Pour autant, nous ne disons pas que ceux qui manifestent pour la victoire de Soumaïla Cissé au second tour de la présidentielle du 12 août 2018 constitue un nouvel espoir pour notre peuple. Bien au contraire !
Fodé KEITA
Inter De Bamako