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13e édition du Forum des peuples à Bamako au Mali : La forte participation des mouvements sociaux féminins atteste qu’un autre monde est possible !

Par Emilie Tamadaho Atchaca, Adama Soumare, Rémi Vilain, Broulaye Bagayoko, Merlo

À l’occasion de la tenue de la 13e édition du Forum des peuples, organisée par la CAD-Mali (Coalition des Alternatives Africaines Dette et Développement) à Bamako, du 20 au 22 décembre 2018, les mouvements sociaux du Mali et d’Afrique de l’Ouest étaient invités à prendre la parole sur les luttes qui les animent au quotidien.

Ce forum avait pour thématique centrale « Gouvernance et Développement Durable dans un contexte de Paix et de Sécurité ». Comme lors des précédentes éditions, le CADTM y a pleinement participé à travers la présentation de certains thèmes et en contribuant à la rédaction de la déclaration finale. 26 membres, dont 13 femmes, du CADTM étaient présent-e-s, 2 personnes du Bénin, 4 personnes du Sénégal, 11 personnes de la Guinée, 4 personnes du Togo, 4 du Burkina et 1 personne de Belgique. Contrairement aux éditions précédentes, cette édition n’a malheureusement pas connu une participation massive des populations.

Le CADTM était donc invité à prendre la parole sur les luttes qui lui sont chères, contre les dettes illégitimes, publiques, que les États africains ont pourtant déjà maintes et maintes fois remboursées [1], mais aussi privées, à l’image du fléau des micro-crédits qui impactent toujours plus les femmes du continent, embourbées dans la spirale d’endettement en vertu de l’application de taux d’intérêts usuraires inacceptables. Nous présentons ici un compte-rendu des activités menées à cette occasion ainsi qu’à la veille du Forum des peuples.

 

Mercredi 19 décembre : Journée avec les femmes récupératrices de déchets situés près du quartier de Lafiabougou à Bamako

La question de la récupération des déchets est centrale, tant sur le plan de la santé publique que dans les défis que nous devons relever dans le cadre du réchauffement climatique. Alors que le continent africain accueille déjà régulièrement les déchets les plus toxiques issus de la surproduction et la surconsommation capitaliste des pays du Nord, et ce, sous couvert de la Banque mondiale [2], la gestion des déchets issus de la consommation locale est également envahissante.

Suite aux plans d’ajustement structurel des institutions de Bretton Woods, que le Mali et autres pays du Sud ont dû appliquer, tous les moyens dont ils disposaient pour réguler l’économie ont été démantelés. Les structures de prévention, de contrôle et de réponse à l’urgence ont ainsi été supprimées ou mises hors d’état de fonctionner efficacement et on voit aujourd’hui des décharges publiques sauvages à ciel ouvert, émerger ici et là en pleine capitale.

 

Dans un pays où le taux de pauvreté est de 49,7 %, ce sont les femmes et leurs enfants, populations les plus appauvries et touchées par la baisse des budgets sociaux en parallèle du remboursement de la dette, qui se voient contraintes, dans des conditions d’insalubrité et d’insécurité sans pareil, de ramasser au quotidien différents déchets (plastiques, métaux, verres, etc.). Elles les revendront ensuite pour un « salaire » de misère à des intermédiaires, qui en feront de même auprès des grands industriels de la région. Ces femmes, souvent veuves, effectuent ce dur labeur en vue de pouvoir subvenir, tant bien que mal, à leurs besoins fondamentaux pour se nourrir, se loger et tenter de permettre à leur enfant d’avoir accès à l’éducation.

Ces femmes sont aujourd’hui totalement marginalisées, tant par les autorités locales et nationales que par les populations qui n’ont que peu de considération pour elles. Pourtant, ramasser les déchets est pour elles un « choix » par défaut qui reste préférable à la prostitution ou la mendicité.

Les objectifs de cette rencontre organisée par Broulaye Bagayoko, secrétaire permanent du CADTM Afrique, étaient donc multiples : les rencontrer, entendre leurs témoignages, comprendre leurs difficultés et analyser dans quelle mesure il est capable de leur apporter un soutien effectif.

Sur les 200 femmes vivant dans ces conditions dans ce quartier, environ 80 présentes. Nous avons convenu conjointement qu’il fallait qu’elles s’organisent collectivement afin d’installer le nécessaire rapport de force pour faire entendre leurs voix à tous les niveaux et ne plus être rejetées par les populations avoisinantes. Autre point fondamental, celui de vendre directement aux industriels les déchets ramassés, et se dispenser des intermédiaires qui prenaient leurs commissions, pas toujours légitimes, au passage. À l’issue de cette journée, plusieurs étapes décisives ont ainsi été franchies. Suite à un vote transparent, elles ont voté entre elles quatre représentantes pour constituer le « Bureau des récupératrices du Mali » provenant de quatre quartiers différents de Bamako (Daoudabougou, Doumanzana, Lafiabougou et Medina Coura). De même, n’étant pas encore informées de la tenue du Forum des peuples, elles ont été conviées à y participer activement, invitation qu’elles ont saisie avec entrain.

 

Comme indiqué précédemment, la récupération des déchets ne touche pas uniquement le Mali mais nombre de pays africains et de pays du Sud. Dans cette perspective, une rencontre internationale sera organisée à Dakar au premier trimestre 2019, réunissant travailleurs et travailleuses (in)formel-le-s de ce secteur, du Canada, de différents pays d’Amérique latine, d’Afrique et d’Europe. Dans ces localités, une des réponses possibles pourrait être de constituer des coopératives et ainsi tirer un salaire en rapport avec des conditions de vie dignes. Plus d’informations à venir très prochainement à l’agenda du site du CADTM.


Jeudi 20 décembre : Ouverture du 13e Forum des peuples et début des panels

Organisé par la CAD-Mali, en contre-point du sommet des riches, le G20, qui s’est tenu en décembre à Buenos Aires en Argentine [3], cette édition avait pour thème principal « Gouvernance et Développement Durable dans un contexte de Paix et de Sécurité ».

 

Dès 9h du matin, la 13e édition du Forum des peuples ouvrait ses portes à la Maison des Jeunes de Bamako. La journée débutait par la cérémonie d’ouverture accueillant notamment des chefs de quartier, la troupe théâtrale « Jigaya », le président de la CAD-Mali ainsi que des élus locaux et nationaux. S’en suivi une visite du « Marché des peuples », espace ouvert réunissant organisations et associations locales présentant leurs productions sur les stands prévus à cet effet.

Dans la seconde partie de la matinée, les deux premiers panels débutaient. Le premier avait pour thème « Gouvernance, paix et sécurité » et tentait de répondre aux questions suivantes :

  • La corruption et ses manifestations : comment l’éradiquer ?
  • La bonne gouvernance, le vivre ensemble, le développement économique et intellectuel à l’âge d’or de Tombouctou
  • Le nouveau découpage territorial : enjeux et risques. Quelle valeur ajoutée pour le Mali actuel ?
  • Le Pacte pour la paix au Mali, quel positionnement des mouvements sociaux au Mali ?

Au Mali, la corruption est pratiquée dans tous les secteurs (public et privé) et elle empêche l’accès des citoyens aux services essentiels. Les dispositifs législatifs et réglementaires adoptés pour l’éradiquer sont non seulement insuffisants mais aussi non appliqués. Il est a signalé que 20 % des prêts accordés à l’Afrique constitue des pots de vin et en conséquence des dettes illégitimes ne devant pas être remboursées par les peuples. Les rapports de contrôle indiquent que 113 milliards de franc CFA sont détournés dans les structures publiques et ne sont jamais recouvrés. Une des alternatives au système dette est aussi de lutter contre la corruption dans toutes ses formes.

Le second panel, consacré à « La dette », accueillait notamment trois membres du CADTM, Émilie Atchaka du CADD Bénin (Cercle d’Autopromotion pour le Développement Durable), Broulaye Bagayoko – secrétaire général du CADTM Afrique et Rémi Vilain du CADTM Belgique.

Après un retour sur les origines coloniales de la dette du Mali et des pays du Sud, qui a été utilisée à l’encontre des peuples du Sud au profit des IFIs (Institutions financières internationales) et des intérêts capitalistes occidentaux avec la complicité de dirigeants (que l’on a) corrompus, nous avons abordé la situation actuelle de la dette du Mali et plus largement des pays d’Afrique subsaharienne. La remontée actuelle des taux d’intérêts aux États-Unis et très prochainement en Europe, corrélée à un bas niveau du prix des matières premières, en sus d’autres indicateurs économiques en difficultés, laisse présager une nouvelle crise de la dette publique, à l’image de celle qui avait éclatée en 1980. Le FMI, présent actuellement dans plus de vingt pays dans la région, les créanciers réunis au sein du Club de Paris, ainsi que la Chine qui détient environ 20% de la dette extérieure africaine, voient là une opportunité de profiter du système-dette pour mettre en avant leurs intérêts impérialistes [4].

Dan la foulée, Émilie Atchaka a présenté la situation des femmes face aux microcrédits au Bénin et en Afrique de l’Ouest. Sa prise de parole a rencontré un fort succès devant des participantEs présentEs en nombre. Elle a mis l’accent sur les méfaits de ces microcrédits sur la vie des femmes à savoir :

Le surendettement qui entraîne l’abandon des foyers par les femmes, la prostitution, l’appauvrissement et par la suite l’emprisonnement voire, dans plusieurs cas, le suicide. Contrairement à ce que pensent les institutions du microcrédit, celui-ci n’est pas un outil d’émancipation, d’éradication de la pauvreté mais un outil pérennisant la pauvreté sous toutes ses formes. Donc l’autonomisation des femmes tant défendue par ces institutions n’est pas réelle pour ces femmes également victimes des PAS (Plans d’ajustement structurel) au Bénin. Elles se sont mobilisées pour trouver une alternative au microcrédit, autogérée par les femmes, basée sur la solidarité, la confiance et qui ne cherche pas du profit mais plutôt du social, ce qui les a amenées à créer leur propre banque d’épargne.

La thématique des micro-crédits est probablement celle qui a rencontré le plus d’intérêt auprès des participant-e-s de ce forum, tant les réactions, prises de paroles, témoignages et débats furent nombreux. Devant tant d’enthousiasme, il fut bien difficile de clôturer ce panel. Les contacts et le rendez-vous est donc pris pour les prochaines rencontres !

Au cours de l’après-midi, deux autres panels aux thèmes non moins importants étaient discutés. Celui sur la « Souveraineté alimentaire, climat et environnement » répondait aux questions suivantes :

  • Agriculture familiale : quelles stratégies pour la souveraineté alimentaire du continent ?
  • Accaparement des terres
  • Rôle et responsabilité des COFO des Comités de veille citoyenne, des Commissions domaniales et foncières et des Comités paritaires dans la gestion des ressources naturelles
  • Genre et agriculture familiale
  • Quel financement pour une agriculture familiale durable ?

L’autre panel, non moins d’actualité, traitait du sujet de « La migration » autour des questions ci-après :

  • Quelles actions des mouvements sociaux du Sud/Nord pour la justice migratoire ?
  • Adoption du Pacte mondial sur les migrations, quelle avancée ?


Vendredi 21 décembre : Deuxième journée du Forum des peuples

Cette deuxième journée poursuivait dans la lancée avec de forts thèmes au programme.

Durant la matinée, deux panels. Le premier était consacré aux « Accords de partenariats économiques, Enjeux et défis du Développement de l’Afrique ». Il traitait les sujets suivants :

  • Impact du Partenariat Chine-Afrique
  • Monnaie unique de la CEDEAO constitue-t-elle une alternative au Franc-CFA ?
  • Des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) aux Objectifs de développement durable (ODD) : pourquoi les initiatives prises par l’Organisation des Nations unies (ONU) pour combattre la pauvreté sont vouées à l’échec ?

Broulaye Bagayoko intervenait sur ces trois sujets.

Le deuxième panel, intitulé « Énergie et industrialisation de l’Afrique : enjeux et défis » faisait la part belle à l’extractivisme :

  • Industrie extractive et genre
  • Transformation des produits locaux
  • Industrie extractive : quel impact sur le développement des communautés ?
  • Transparence dans la gouvernance des revenus des industries extractives : quel rôle pour les OSC au plan national et local ?

Les recommandations majeures émises par ce groupe de travail reviennent à l’essentiel à :

  • Accompagner les femmes dans les zones minières à accroitre leurs ressources et leur autonomie
  • Lutter contre les violences et les pratiques dégradantes qu’elles subissent.
  • Dénoncer les accords/les conventions défavorisant et oppressant, à l’encontre des pays africains
  • Exiger la réforme du minier de 1991 du Mali
  • La mobilisation des mouvements sociaux du Mali et des autres pays africains pour faire face à la présence sur le continent par les forces armées d’occupation (françaises, onusienne, etc.) qui ne sont là que pour défendre les intérêts des puissances impérialistes.

Au préalable, le constat général souligne que :

  • Le développement de nos pays ne se mesure pas par rapport à la pléthore d’industries mais beaucoup plus par des industries de qualité, nécessaires mais surtout contrôlées par les africains eux-mêmes
  • Une offensive des institutions financières internationales et des multinationales capitalistes vers les secteurs stratégiques et vitaux
  • La présence des armées étrangères dans nos pays est motivée par le seul désir de protéger les intérêts des puissances impérialistes
  • La féminisation de la pauvreté et les nombreuses difficultés vécues par les femmes qui ne font que survivent dans ces zones.
  • La signature de contrats qui ne prennent pas en compte les besoins et les préoccupations réelles des pays africains avec les pays occidents du Nord, et de la Chine qui est devenue une force conquérante égoïste et d’occupation vicieuse. Situation qui atteste du pillage des ressources naturelles et qui concourt à enfoncer le continent dans la pauvreté et la dépendance.

Ce panel a demandé que le Forum des peuples fasse de ses conclusions une forte recommandation dans sa résolution finale.

Dans l’après-midi, deux autres panels se tenaient. Le premier, sur les « Services sociaux de base », abordait à la fois, hygiène et assainissement, problématiques liées aux accidents de la circulation routière en général et plus particulièrement les motos taxi : cas de la Guinée, et l’hygiène publique dans les villes. Ces sujets ont été exposés aux participantes et participants de ce forum par les intervenant-e-s de chaque sujet, et ont essayé d’analyser chaque problème en proposant des solutions pouvant aboutir à des résultats. Ensuite la prise de parole pour des multiples questions pour la compréhension des zones d’ombres des sujets évoqués. De plus nombreuses propositions ont été formulées par les participant-e-s pour une meilleure amélioration. Après cela, est venu le tour des intervenant-e-s de répondre aux diverses questions posées pour plus d’éclaircissement. En revanche, d’autres sont resté-e-s sur leur faim car d’autres sujets qui nécessitaient aussi des débats dans ce panel ont été délaissés. On peut citer entre autres (éducation qui est la base de toute chose, la santé qui est aussi primordiale, l’eau potable qui est source de vie et indispensable à l’homme, et l’emploi, un sujet que vit la plupart des jeunes aujourd’hui) Enfin la clôture, dans l’attente et espérance d’une meilleure réalisation pour les années à venir.


Samedi 22 décembre : Commémoration des vingt ans de luttes sociales de la CAD-Mali

Cette 13e édition du Forum des peuples coïncidait avec le 20e anniversaire de la création de la CAD-Mali. La troisième et dernière journée fut alors l’occasion de revenir sur les actions menées par la CAD-Mali. Après une allocution par le président de la coalition, Issa Kamissoko, un film récapitulatif suivi de témoignages occupa une bonne partie de la matinée avant de terminer sur un symposium sur les perspectives des luttes sociales de la CAD-Mali et des Mouvements sociaux. Le temps manquant, celui-ci n’a malheureusement pas pu être tenu à bien et ainsi permettre de dresser au mieux les prochains défis qui nous attendent.

La lecture de la Déclaration finale du Forum des peuples par la CAD-Mali, publiée ci-dessous, devant les participant-e-s, clôtura cette édition.


DÉCLARATION DU FORUM DES PEUPLES 2018

Déclaration des Mouvements Sociaux à la 13e Édition du Forum des Peuples du Mali, couplée à la commémoration des 20 ans de luttes sociales de la CAD-Mali

Nous, femmes, hommes, jeunes, étudiant-e-s, paysan-ne-s, commerçant-e-s, ouvrier-e-s, chercheurs, migrant-e-s, militant-e-s des mouvements sociaux, citoyen-ne-s d’Afrique, et d’Europe, mobilisé-e-s du 20 au 22 décembre 2018 à la Maison des Jeunes du District de Bamako, adoptons la présente déclaration à l’occasion de la 13e Édition du Forum des Peuples du Mali, couplée à la commémoration des 20 ans de luttes sociales de la CAD-Mali qui a porté sur le thème central : « Gouvernance et Développement Durable dans un contexte de Paix et de Sécurité ».

Cet événement inédit a réuni plus de 800 participantes et participants, venant des différentes régions du Mali, du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée Conakry, du Togo, du Sénégal, du Niger, de la République démocratique du Congo, du Cameroun, du Maroc et de l’Europe, représentant plus d’une centaine d’organisations et mouvements sociaux.

Face à la crise globale du système capitaliste et à la faillite du mode de gouvernance néolibéral dicté par les multinationales et les puissances de l’Occident, qui cherchent davantage à reconquérir notre continent, les résistances s’organisent un peu partout dans le monde pour construire des alternatives respectueuses des droits humains, de l’équité, de la justice sociale et environnementale.

Les participantes et participants au Forum des Peuples se sont indignés des politiques de répression, de stigmatisation et de racisme des États du Nord à l’encontre des populations immigrées, reflet d’un passé colonial et d’un présent néocolonial.

Considérant qu’en dépit des accords sur le droit de libre circulation des personnes et des biens dans les espaces régionaux comme la CEDEAO, les participants voient ce droit bafoué ;

Constatant que les accords commerciaux inéquitables comme ceux des APE (Accords de Partenariat Économique) et le Post-Cotonou, que l’Union européenne est en train d’imposer aux pays de l’Afrique-Caraïbes-Pacifique, constituent des instruments en faveur des grandes puissances capitalistes et des multinationales du Nord contre les peuples du Sud ;

Nous constatons que le système de microcrédit, au lieu de lutter contre la pauvreté, nous enfonce davantage dans la pauvreté, le stress, l’humiliation et la violence ;

Nous constatons de plus en plus l’infiltration des questions migratoires dans les missions assignées au G5Sahel ;

Constatant, que les interventions militaires étrangères sur le continent, et les accaparements de ressources naturelles qui s’en suivent, plongent l’Afrique dans une nouvelle phase de domination impérialiste. Les peuples africains sont pris dans le piège d’une spirale de conflits qui entrainent l’utilisation de la violence et esclavagisme sexuel des femmes et des enfants comme armes de guerre, la prolifération des armes et la présence massive et permanente des forces étrangères sur nos terres ;

Considérant que les peuples africains sont victimes des effets du dérèglement climatique causé principalement par les industries du Nord, de l’accaparement des terres agricoles, de l’agrobusiness et la destruction de l’agriculture vivrière accentuant l’appauvrissement des paysans et la dépendance alimentaire de nos pays ;

Étant donné que le système de la dette, imposé par les Institutions de Bretton-Woods, est un instrument de domination, de pillage et compromet le développement de l’Afrique et constitue une violation flagrante des droits humains ;

Considérant les limites du francs CFA qui se trouve être une monnaie de domination économique ;

Considérant que l’exode massif aggrave la crise alimentaire pour l’ensemble des populations ;

Considérant que le partenariat public-privé est une nouvelle forme d’infiltration des Entreprises étrangères dans les économies nationales ;

Considérant l’absence de volonté et l’incapacité des dirigeants du G8 et du G20 à trouver des solutions à la crise du capitalisme (crise financière, économique, sociale, migratoire et écologique) ;

Constatant les déficits constitutionnels conduisant à des dictatures politiques ou économiques de droit. La plupart des constitutions, leurs interprétations ou encore leurs modifications sans participation populaire, ne représentent pas les intérêts des peuples et sont des outils permettant aux pouvoirs despotiques de se maintenir ou d’imposer des décisions violant ainsi les droits des peuples.

Eu égard à ce qui précède nous, mouvements sociaux présents à la 13e Édition du Forum des Peuples exigeons :

  1. L’arrêt immédiat de l’accaparement des terres, du pillage des ressources naturelles et de la destruction de l’environnement du continent africain ;
  2. L’expropriation des terres sans indemnisation des multinationales qui se sont approprié des domaines des populations autochtones ;
  3. La mise en place de politiques publiques sociales et environnementales basées sur la redistribution des richesses, la production vivrière pour garantir la souveraineté alimentaire, la justice sociale et environnementale ;
  4. La sortie immédiate et sans condition du franc CFA et la création d’une monnaie unique africaine indépendante de l’euro ;
  5. La mise en place d’une Banque du Sud parallèlement à l’abolition des Institutions du Bretton Woods (FMI et Banque mondiale) ;
  6. L’arrêt de la criminalisation et de la persécution des migrant-e-s et la libre circulation des personnes et des biens ;
  7. L’arrêt des accords de réadmission, de l’utilisation des Laissez-passer européens et de l’externalisation des frontières européennes sur le continent ;
  8. La suppression des visas et la liberté de circulation des Africains dans tous les États du continent ;
  9. La sortie de tous les pays africains de la Cour pénale internationale(CPI) et la création d’une Cour pénale africaine ;
  10. Le financement souverain de l’Union africaine (par les fonds propres africains) ;
  11. La mise en place d’audit citoyen de la dette extérieure et intérieure publique des États, pour en déterminer les parts illégitimes, illégales, odieuses et insoutenables, et de procéder à leur abolition pure et simple ;
  12. Nous encourageons la transformation des tontines traditionnelles en coopérative d’épargne et de crédit autogérée à taux zéro et non clientélisme ;
  13. Nous exigeons parallèlement l’audit des Institutions de microcrédit, comme celui de la dette publique, en vue de l’annulation des dettes privées illégitimes ;
  14. Nous exigeons que toutes les femmes et les hommes, victimes du microcrédit, reçoivent des réparations pour les préjudices subis ;
  15. L’arrêt et l’annulation des contrats de concession de nos États avec les multinationales ;
  16. L’arrêt et annulation des contrats de désendettement et de développement (C2D) qui maintiennent les peuples africains sous le joug colonial ;
  17. L’arrêt de la vente des titres de dettes publiques sur les marchés financiers des pays les plus industrialisés aggravant la situation d’endettement des pays du Sud ;
  18. L’arrêt de l’émission d’euro-obligations que certains de nos États (le Cameroun, la Zambie, Côte d’Ivoire et Sénégal) sont en train d’effectuer sur le marché financier international ;
  19. L’arrêt immédiat de l’ingérence opéré par l’Union européenne au travers du G5 Sahel afin de gérer les flux migratoires en Afrique subsaharienne ;
  20. L’abolition de l’OMC et de tous les accords de libre-échange (ACP/UE…) ;
  21. La renationalisation de toutes les sociétés et services publics d’État qui ont été privatisées sous la pression du FMI et de la Banque mondiale et contre les intérêts des Africains ;
  22. Procéder à la refondation de la gouvernance au Mali avec, à la clé, une lutte acharnée contre la corruption et l’impunité ;
  23. Surseoir au projet de découpage territorial engagé par le Gouvernement du Mali qui porte en lui les germes d’une partition du pays ;
  24. Impliquer davantage la société civile et les mouvements sociaux dans toutes les réformes politiques et institutionnelles ;
  25. Réglementer le financement des campagnes électorales pour éradiquer la corruption et la fuite des capitaux.

Nous, mouvements sociaux du Sud comme du Nord, nous nous engageons à poursuivre ce combat en développant une solidarité concrète pour que toutes nos luttes légitimes constituent les piliers du monde de demain.

Vive le Forum des Peuples !
Vive le Forum Social Ouest Africain !
Vive le Forum Social Africain !
Un Autre Monde plus juste est nécessaire.

Fait à Bamako, le 22 décembre 2018

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