La tenue de la dixième conférence statutaire de l’Union pour la République et la Démocratie (URD) sonne la renaissance du parti miné de dissensions internes. Pr Salikou Sanogo a fait éviter à la formation de feu Soumaïla Cissé l’implosion, du moins pour le moment.
Samedi 23 octobre 2021, le Palais de Culture HamadouAmpaté Bah, pleine à craquer, a vibré à l’hymne de l’URD pour la 10ème conférence statutaire ordre du jour portait sur « l’adoption du rapport d’activité du Bureau Exécutif National » et « le remembrement du Parti », suite aux engagements souscrits à l’occasion des adhésions intervenues.
Pr Salikou Sanogo, premier vice-président du parti, président par intérim, tient la manette. Devant ses camarades présidents d’honneur, vice-Présidents, membres du Bureau Exécutif National, membres de la Commission nationale de conciliation et d’arbitrage, membres de la Commission nationale de contrôle administratif et financier, délégués à la Conférence, militants et sympathisants de l’URD, le discours est à l’unisson et à l’espérance.
En effet, depuis l’enlèvement de feu Soumaïla Cissé, suivi d’une plus longue et périlleuse détention, puis son décès brutal le 25 décembre dernier, « le parti était rentré en hibernation à son corps défendant », surtout face à une crise interne causée par les manifestations d’ambitions des uns et des autres de porter le drapeau du parti aux élections présidentielles prévues pour février 2022, si la transition n’est pas prolongée. Cette conférence est « paradoxalement » pour Pr Salikou Sanogo un moment « d’espoir » de voir le parti« reprendre sa marche en avant ».
Toutefois, le Premier vice-président de l’URD n’a pas occulté le fait que la Conférence intervient en un temps d’intense bouillonnement et de très forte agitation au sein du Parti. « Si cela peut être perçu sous l’angle d’une certaine vitalité, il faut dire que cela renferme aussi un gros relent de suspicion de toutes natures qui n’épargne presque personne au sein du Parti, y compris votre humble serviteur », a déclaré Pr Salikou Sanogo. Qui prône la sérénité, la confiance des uns en les autres : « Nous devons prendre garde que le choc des ambitions, ne conduise à l’implosion de notre mythique Parti. Car, c’est dans l’union sacrée autour du candidat que le Parti choisira que nous pourrons gagner les élections présidentielles à venir. Sans oublier qu’une telle quête exige que l’on puisse mobiliser largement au-delà du Parti. »
Comme réponse du berger à la bergère, le président par intérim fera savoir à ceux qui le traitent d’être plus proche d’un prétendant candidat que les autres qu’il est « à équidistance de tous les militants du Parti ». « Mon éthique, ma dignité et mon honneur, fort malmenés depuis quelque temps, m’interdisent toute espèce de clanisme. Salikou Sanogo n’est, n’a été, et ne sera l’homme lige de qui que ce soit », a-t-il assené. D’où son invite peuple URD à ramener le ballon la balle à terre, à se retrouver autour des ambitions et des valeurs du parti.
Primaire inexistante à l’URD
Pr Salikou Sanogo a promis que tout se fera absolument dans la « transparence sous la supervision et la décision souveraine du Bureau Exécutif National du Parti. « Mais jamais, je n’ai exclu personne de la gestion du Parti. Parce que justement, je n’ai pas et n’ai jamais eu la moindre espèce d’agenda. Contrairement aux folles rumeurs qui circulent, je n’ai jamais dit que les Sections du Parti ne représentent rien. Le dire, c’est d’abord me saborder moi-même, puisque je suis le Secrétaire général d’une Section », a-t- répliqué.
Son seul péché, est peut-être, d’instruire aux Sections du parti de faire remonter au Secrétariat général les candidatures exprimées à leurs niveaux à la candidature du parti. « Malheureusement, au lieu de se conformer aux termes de ma lettre circulaire, elles se sont pour la plupart, laissées aller à organiser un semblant de primaire alors même que ce concept n’existe nulle part dans nos textes », a déploré le vice-président de l’URD.
Pour la présidentielle de février prochain, dix candidatures ont été dûment enregistrées au niveau du Secrétariat Général du parti, a informé Pr Salikou. Lequel précise qu’une commission nationale a été mise en place pour proposer un projet de critères qui seront utilisés pour départager les candidats. Il a toutefois précisé que les critères seront soumis à l’approbation du BEN avant d’être utilisés pour analyser les dossiers de candidature.
Aux nouveaux adhérant au parti, le vice-président a réitéré que l’URD est une « grande famille au sein de laquelle il ne saurait y avoir de nouveaux ou d’anciens militants ». Car « dès l’adhésion, on y a automatiquement les mêmes droits que les devanciers ».
Soutien à la Transition
Le président par intérim de l’URD a réaffirmé qu’avec force que l’URD, membre fondateur du Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD) et du Mouvement du 5 juin (M5-RFP), « se reconnait totalement dans l’orientation et la conduite des actions gouvernementales de la transition ». De ce fait, le parti ne ménagera aucun effort pour la création d’un organe unique et indépendant de gestion des élections au Mali. « J’exhorte aussi les militants du parti à tous les niveaux à une participation massive et constructive aux assises nationales pour la refondation en préparation », a-t-il conseillé.
La conférence a, après les travaux, adopté et approuvé les rapports d’activités 2020, 2021 du bureau exécutif national. Les projets des motions et des résolutions proposées ont été adoptés. Mais celle qui sollicitait l’organisation d’un congrès extraordinaire a été rejetée majoritairement par les participants.
Elle a décidé aussi de l’intégration de Mamadou Igor Diarra comme 28ème vice-président, et le secrétaire exécutif de son ancien mouvement politique comme 29ème vice-président président.
Concernant l’APR d’Oumar Ibrahim Touré, et du RTD d’Ahmed Sow, la conférence a autorisé de continuer les pourparlers. Elle a aussi instruit au BEN d’intégrer en son sein les autres nouveaux adhérents dans les secrétariats correspondants aux postes occupés désormais par chacun lors de son adhésion dans les sections respectives.
Le prochain congrès se tiendra conformément en 2024.
Cyril Adohoun
Source: L’Observatoire